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Décès de Claude Mademba Sy, le « grognard » des tirailleurs sénégalais

Le colonel Claude Mademba Sy, ancien officier supérieur de l’armée française et grand défenseur des pensions des anciens combattants africains, est décédé mardi 8 avril à l’âge de 90 ans, dans le Tarn.


Rédigé par leral.net le Mercredi 9 Avril 2014 à 23:44 | | 0 commentaire(s)|

Décès de Claude Mademba Sy, le « grognard » des tirailleurs sénégalais
Il était grand officier de la Légion d’honneur et titulaire de la Croix de guerre 39-45 avec huit citations. Ses obsèques seront célébrées samedi 12 avril à 10 heures en l’église de Biriatexte, village tarnais où il s’était retiré.

Il était fils et petit fils de tirailleurs sénégalais. Son grand-père fut nommé officier « indigène » par Joseph Gallieni, alors gouverneur général du Soudan français (devenu Afrique occidentale française, puis Mali).

Son père fut le premier chef de bataillon (commandant) noir de l’armée française. Trois de ses oncles furent tués pendant la Grande Guerre, dans la Somme, à Verdun et au Chemin des Dames.

PUPILLE DE LA NATION
Claude Mademba Sy était né le 11 décembre 1923 à Versailles où son père Abdel Kader, commandant d’infanterie coloniale, était en stage après sa participation à la Première Guerre mondiale et sa nomination comme chef de bataillon.

Sa famille a vécu ensuite à Madagascar, au Mali puis au Sénégal, avant de revenir en France en 1931 au gré des affectations de son père. Après la mort de ce dernier d’une pneumonie en 1932, Claude Mademba Sy était devenu pupille de la Nation.

En 1943, à Tunis où sa mère s’est installée, Claude Mademba Sy a rejoint le régiment de tirailleurs sénégalais du Tchad, plus connu sous le nom de régiment de marche du Tchad. Puis il a intégré comme sous-officier la 2e DB, dont il était le seul Noir, le général Leclerc ayant dérogé à la règle de l’armée américaine interdisant les blindés aux Noirs.

Avec la célèbre division, il a débarqué à Utah Beach début août 1944, a participé à la campagne de Normandie, à la libération de Paris et de Strasbourg et à la prise du nid d’aigle d’Hitler en Allemagne, à Berchtesgaden, près de Munich.

APRÈS LA LIBÉRATION, L’INDOCHINE ET L’ALGÉRIE,
Après la guerre, il a suivi la formation de Saint-Cyr. Il est ensuite parti en Indochine où il a été blessé, puis en Algérie où il a servi comme capitaine au 6e régiment de parachutistes coloniaux.

En 1959, sa compagnie a participé à la traque d’Aït Hamouda Amirouche, chef de guerre du FLN, tué au combat en mars de cette année-là. Il a terminé sa carrière militaire peu de temps après comme commandant du 9e bataillon d’infanterie de marine.

En 1960, au moment des indépendances des pays africains de l’ancien empire colonial français, Claude Mademba Sy était retourné au Sénégal pour y former la jeune armée avec le grade de colonel. À cette époque, les régiments de tirailleurs africains étaient par ailleurs dissous.

AMBASSADEUR DU SÉNÉGAL
Il a entamé ensuite une carrière d’ambassadeur du Sénégal en Afrique (Zaïre) et dans plusieurs pays européens (Italie, Yougoslavie, Autriche). Il a enfin été diplomate à l’ONU.

De haute taille et doté d’un humour à toute épreuve, il était devenu dans les années 1990-2000 un inlassable défenseur du relèvement des pensions des anciens combattants africains.

Il avait dénoncé la « cristallisation » de ces pensions à leur niveau de 1959. Leur décristallisation, avec mise au niveau des pensions des anciens combattants français, est entrée dans les faits en 2011.

Antoine Fouchet