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Décryptage Leral Présidentielle 2019: A défaut d’Idrissa Seck, de Karim Wade, Abdoul Mbaye… ?


Rédigé par leral.net le Dimanche 29 Janvier 2017 à 13:32 | | 0 commentaire(s)|


 
Après Abdou Diouf et Macky Sall, Abdoul Mbaye, l’ex-PM veut être président. Si Manko Wattu Sénégal était un parti politique consacré, Abdoul Mbaye participerait volontiers aux Primaires en vue d’être un candidat à la présidentielle 2019. Seul Idrissa Seck (ou Karim Wade) semble lui faire de l’ombre en termes de popularité… et de légitimité technique. « Alea jacta est». Abdoul Mbaye est venu dans l’arène politique avec ses atouts et ses faiblesses, mais, peut-il vaincre ?
 
Déboulonner Macky Sall serait la grande ambition d’Abdoul Mbaye à court terme avec une alliance en 2019, mais, être Président serait « l’extase » suprême qui couronnerait un activisme naissant et un parcours technocratique impressionnant. Abdoul Mbaye, l’ancien PM de Macky est entré dans le "Maquis". Il a multiplié les sorties contradictoires contre son ancien boss. C’est la "Chronique d’un désamour" transformé en un duel à distance sur un air de « je t’aime moi non plus ». Mais, Abdoul Mbaye surveille certainement Idrissa Seck et Karim Wade par-dessus l'épaule.
 
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Maintenant, c’est sûr, Abdoul Mbaye a l’ambition d’être plus qu’un député pour les prochaines législatives de 2017. Le fils de Kéba Mbaye a aussi la bouteille d’un potentiel candidat qui veut se faire une place au soleil en 2019...ou 2024.
 
« La politique contemporaine présente plus que jamais l'apparence du désordre et de l'incohérence, parce qu'elle ne peut présenter que son apparence » disait Jean-Patrick Manchette. Et Abdoul Mbaye veut apporter sa pierre à l’édifice en réinventant la politique sénégalaise. Hormis Abdoulaye Wade, ministre d’Etat sous le règne socialiste, aussi bien Abdou Diouf que Macky Sall ont été premier ministres avant d’être président de la république. De là à dire qu'être PM est la voie royale qui mène à la Présidence il y a un pas ...que franchit allègrement aujourd’hui, Abdoul Mbaye tout comme Idrissa Seck en son temps.

Toutefois, il partage avec Karim Wade une filiation «transcendante » communément appelée du nom de fils de... Bref, beaucoup de similitudes et de différences existent entre ces hommes politiques sénégalais qui permettent peu ou prou à l'électeur de s'y retrouver.
 
Toutefois, sur le plan de de la prospective, Idrissa Seck est certainement entré dans un trou noir politique où il doit coûte que coûte s’extirper afin de prouver aux Sénégalais que la confiance peut encore lui être donnée comme un chèque à blanc.
 
En effet, avec son revirement à 360 degrés pour un retour chez son père Wade en espérant devenir encore le « jardinier de ses rêves », Idrissa Seck a fait craquer la solide cuirasse de celui qui était jadis pressenti comme le dauphin le plus affirmé d’Abdoulaye Wade. Ce n’est pas une gageure de dire qu’Idrissa Seck a un problème de crédibilité politique, même si techniquement, il reste l’une des personnalités les plus « intelligentes » du landernau politique sénégalais.
 
Pour Karim Wade, c’est toujours une candidature encore virtuelle et une communication politique Bluetooth bien trop éloignée des réalités du Sénégal. Alors à défaut d’Idrissa Seck, de Karim Wade pourquoi pas Abdoul Mbaye ?
 
Premier ministre chic pour ses costards et choc pour sa stature académique et intellectuelle de Macky Sall, Abdoul Mbaye a troqué ses habits de technocrate réservé et décalé pour se lancer dans la « mare aux crocodiles », pour ne pas dire de la politique sunugalienne. En entrant dans le "maquis", Abdoul Mbaye s’est rebellé et espère ainsi faire vaciller le régime de son Macky Sall et il se prépare à l’abordage. Mais Abdoul Mbaye a-t-il les moyens de ses ambitions ?
 

Quel Abdoul Mbaye pour 2017, 2019 et 2024 ?
 
 A défaut de sortir des cuisses de Jupiter, comme Karim Wade qui n’a eu que la chance d’être le fils d’Abdoulaye Wade pour mériter des portefeuilles ministériels, Abdoul Mbaye a un passé technocratique exceptionnel. Et une chose reste sûre au Sénégal comme l’a toujours déclaré Abdou Latif Coulibaly, aucun candidat ne peut gagner l’élection présidentielle au premier tour. Par empirisme, le candidat qui arrivera deuxième a toujours les chances de battre le président sortant avec les autres alliances. Ce fut le cas avec Macky Sall en 2012. Et Abdoul Mbaye, en franchissant le Rubicon et en se jetant à l’eau, espère quelque chose en 2017, en 2019…et en 2026.
 
Abandonnant l'idée d'organiser une grand-messe solennelle peut-être dans un stade s'il devait se présenter à la Présidentielle, Abdoul Mbaye est entré en campagne à petits pas presque par effraction.
 
«Je suis sorti de la Primature en septembre 2013. Je suis resté longtemps sans mettre sur les fonts baptismaux un parti politique. Mais, nous étions avec des sommités intellectuelles, des amis et bonnes volontés, en train de réfléchir sur tous les problèmes du Sénégal afin d’accompagner l’Etat sénégalais et trouver des solutions. Finalement, je me suis rendu compte que ce à quoi on appelait comme sacerdoce en 2011, n’était plus d’actualité. Mais, ce qui a fait déborder le vase, c’est le référendum avec le wax waxet, car le mandat de cinq ans c’était l’un des grands engagements du président Macky Sall. Il était élu pour sept ans, mais, pour une meilleure respiration démocratique, il avait proposé 5 ans. Après il s’est dédit en mettant en avant ses consultations avec le Conseil constitutionnel. Autre facteur de mon engagement politique est que mon compagnonnage avec Macky Sall avait aussi un soubassement moral avec notamment la gestion sobre et vertueuse et la reddition des comptes. Mais, j’ai remarqué autre chose avec des scandales. Le concept « la patrie avant le parti a aussi disparu à mes yeux avec les problèmes avec l’OFNAC. Et c’est là je me suis dit que mon entrée à politique était arrivée à point nommé », a raconté Abdoul Mbaye dans l’émission « Cartes sur tables ».
 
La mère d’Abdoul Mbaye réticente à la politique
 
« C’était vraiment pas facile, car, même ma mère s’est plainte de ça, mais, je suis convaincu que je ne devais plus être un spectateur. Au-delà de la déception, je me disais qu’il y avait deux façons de faire la politique. Et malheureusement, la première c’est de se servir de l’Etat pour ses propres intérêts. Et c’est ce qu’on voit le plus souvent au Sénégal. Et l’autre façon de faire la politique dont a besoin le Sénégal, c’est celle qui met en avant le bien-être des populations dans tous les domaines. C’est ainsi que me suis lancé avec des personnes qui, pour la plupart, n’ont jamais fait de politique. Mais, on est convaincu que le temps de l’action et du changement avait sonné. Certes, on avait pensé qu’un mouvement citoyen pouvait faire l’affaire, mais, on se devait d’agir, car pour nous, c’est la bonne politique qui va nous permettre de nous départir de la mauvaise politique. », a-t-il ajouté. Les actes de défiance ont été déjà posés.
 
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Au nom du père Kéba Mbaye
 
En posant l’acte de naissance de son parti Alliance pour la Citoyenneté et le Travail (ACt), Abdoul Mbaye pour être l’aise, s’est même départi de sa casquette de président de la Fondation Kéba Mbaye.
 
Le président du parti ACT avait ainsi pris acte, tout en se remémorant les paroles de son père qui résonnent encore dans sa tête : «dans la lettre qu’il m’adressa le 28 août 1982 et dans son dernier paragraphe, il avait prévu cette nouvelle étape de ma vie d’homme. Après l’avoir repoussée le plus tard possible, je m’y engage désormais, certain qu’il avait vu juste et qu’il m’avait préparé aux épreuves que je vais vivre avec pour seul dessein celui de servir mon pays au-delà de tout ce que j’ai déjà pu faire. « … Un jour viendra…», avait-il écrit. Il est désormais l’heure !».
 
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Divorce instrumentalisé ?
 
Et l’heure est finalement arrivée. Et Abdoul Mbaye a essuyé des piques dès son entrée en politique avec « l’instrumentalisation de son divorce ».
 
L’ancien PM avait été inculpé par le Doyen des juges pour les infractions de faux et usage de faux en écriture publique et tentative d’escroquerie. Le président de ACT avait été prié de déposer son passeport au premier cabinet du Tribunal de grande instance de Dakar.
 
Cette histoire de mariage datant de 1982 sur fond de régime de la monogamie et de la communauté des biens… et / ou  de séparation des biens.
 
Le fils de Kéba Mbaye a crié la semaine dernière dans l’émission cartes sur tables à l’acharnement et au musèlement d’un atout potentiel de taille de l’opposition sénégalaise.
 
Mais, cet imbroglio judiciaire n'a été le premier écueil auquel Abdoul Mbaye a buté dès sa rentrée politique.
 
Le deuxième écueil a été placé devant lui, lors de la marche réprimée de Manko Wattu Sénégal du 14 octobre dernier. Habitué aux salons feutrés et à la clim, Abdoul Mbaye avait vécu un vendredi difficile.
 
Comme dans une « guerre atomique » annoncée, le leader de l'Alliance pour la Citoyenneté et le Travail y a laissé des plumes en étant évacué à bord d'un taxi. Il suffit de regarder la photo (voir) pour savoir que la route pour le Palais sera vraiment dure. Certains politiciens du dimanche spécialisés dans les slogans l’ont même surnommé "Taxi arrête".
 
Mais, Abdoul Mbaye ne s’est pas arrêté et chose inouïe il est en train de visiter les maisons religieuses et les villages les plus reculés avec presque la même stratégie de communication que Macky Sall avec des photos à la sortie des cases visitées.
 
La femme de Donald Trump n’a-t-elle pas été accusée de plagiat d’un discours de Michelle Obama. Mais à quelles fins communicationnelles ? On ne sait pas. On ne change pas une méthode qui gagne.
 
Dans les faits, Abdoul Mbaye se veut un César dans une conquête. Un tirailleur sénégalais qui a dans sa ligne de mire, Macky Sall. Tel un sniper qui ne s’est pas totalement dévoilé, Abdoul Mbaye a déjà son cœur de cible, comme il le déclarait en marge de la cérémonie de lancement de son parti politique ACT.
 
« Le Macky Sall de 2013, est le même que celui de 2012, 2013, et qui était peut-être celui de 2014. Mais, très sincèrement, je ne reconnais plus mon Macky Sall. Moi, on va vers le même objectif, mais si vous tournez à gauche, je continue mon chemin. Je suis persuadé que les Sénégalais sont en majorité des patriotes, mais, nombre d’entre eux ont été trompés. Nous sommes là pour ouvrir les yeux à nos concitoyens, attirer leur attention sur ce qu’ils doivent accepter et ce qu’ils ne doivent pas accepter. » .
 
Décrite par sa sœur Aida Mbaye Talla comme extrêmement sage, très sérieux , Abdoul Mbaye a tout pour briller. Cependant, la politique au Sénégal n’est pas un long fleuve tranquille et l’électorat reste versatile et insondable. Il suffit de voir le parcours raté de Idrissa Seck ou l’avènement surprise de Macky Sall à la magistrature suprême pour s'en convaincre. Advienne que pourra !
 
Massène DIOP Leral.net