leral.net | S'informer en temps réel

Déficit pluviométrique à Tamba : Les paysans bradent leurs semences

La situation pluviométrique de cette présente campagne inquiète plus d’un. Jusqu’à ce mois d’août, une quantité de graines n’est pas encore semée. Les paysans ne sachant plus à quel saint se vouer, du fait d’un hivernage chaotique et incertain, bradent leurs semences dans les marchés, à défaut de pouvoir les semer, pour pouvoir subvenir à leurs besoins.


Rédigé par leral.net le Mercredi 6 Août 2014 à 15:00 | | 1 commentaire(s)|

Déficit pluviométrique à Tamba : Les paysans bradent leurs semences
Le spectacle qui s’offrait hier au louma de Kothiary, l’un des plus grands marchés hebdomadaires de la région de Tambacounda, était vraiment désolant. Désemparés par le déficit pluiviométrique, les paysans se livraient à un bradage du reste de leurs semences. Au moment où tout le monde est concentré sur le procès de Karim Wade hyper médiatisé, le pays, voire la sous-région, est très inquiète du fait du manque de pluies. Et pourtant, jusque-là, aucune mesure idoine et urgente n’a été prise pour venir en aide aux paysans plus que meurtris, se désole ce cultivateur de Kothiary. Dans ce patelin, situé dans le département de Goudiry, à moins d’une trentaine de kilomètres de Tamba, c’est un spectacle sans précédent qui y a été noté. Des paysans se livraient à la vente de leurs semences, parce que n’ayant pas vu la pluie pour semer. Interrogés, ils soutiennent déboussolés : «Nous avons peur et craignons qu’il n’y ait pas d’hivernage, vu la situation actuelle.» En plus, affirme Mamadou Dian Diallo, cultivateur de son état : «Nous ne pouvons plus subvenir à nos besoins, raison pour laquelle nous voulons nous débarrasser du reste de nos graines.» Selon toujours M. Diallo, de mémoire, il ne se rappelle pas avoir vécu une situation aussi inquiétante. «Aujourd’hui, nous avons des graines que nous ne pouvons pas semer et qui risquent de se détériorer, si toutefois la situation continue. Et c’est pourquoi nous avons voulu nous en débarrasser pour ne serait-ce subvenir à quel­ques-uns de nos besoins, en attendant de voir la partie enfouie pousser comme il se doit», assène ahuri le jeune cultivateur.

Les graines d’arachide inondent les marchés

Mamadou Dian poursuit : «Actu­el­le­ment, les graines d’arachide constituent le décor des marchés hebdomadaires de la région. Ils sont les produits les plus présents dans les marchés. Devant presque chaque étal foisonnent les graines d’arachide. Tous les paysans viennent avec le reste de leurs semences pour les vendre dans les loumas. En attestent les nombreux sacs présents dans le marché de Kothiary.» En effet, explique M. Diallo, les paysans ne veulent pas perdre doublement. Ils ont enfoui une partie actuellement, qui est en agonie sous la terre, garder l’autre partie qui pourrait être attaquée par les insectes serait trop risqué. Par conséquent, le prix de l’arachide a connu une baisse sur le marché. Il y a de cela quelques semaines, le petit pot de tomate se vendait à 400 francs Cfa. Aujourd’hui, le prix est passé du double au simple, sans pour autant trouver de preneur. Cela montre encore combien les temps sont durs dans le monde rural, confie Diallo qui en appelle à un secours urgent de l’Etat. «Il faut qu’un plan de secours d’urgence soit mis en place pour aider les populations rurales qui sont aujourd’hui dans la tourmente», lance Mamadou Diallo, qui confie avoir prévu plus d’une quarantaine de boîtes. Mais jusqu’ici, il n’a pu semer que moins d’une dizaine.

Le bétail aussi affamé

Le bétail est aussi dans une insécurité alimentaire. La brousse qui en cette période leur procurait nourriture et eau est vide. Le tapis herbacé est dégarni, les points d’eau secs. M. Diallo indique que les animaux n’ont rien à manger et leurs propriétaires sont inquiets. Et malgré cet état de fait, l’Etat reste insensible. Cette situation aura une répercussion sur la fête du mouton si des aliments de bétail ne sont pas distribués dans le monde rural en toute urgence. La brousse, qui jadis à cette période était toute verte d’herbe, peine à recouvrer sa verdure d’antan du fait d’une situation pluviométrique en dents de scie. Le sac d’aliment de bétail qui coûtait 6 000 francs est ainsi passé à 7 500 francs, sans pour autant être accessible même à Tamba commune.

Le Quotidien