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Denis Diderot : vulgariser la connaissance, même contre vents et marrées.

Rédigé par leral.net le Lundi 11 Février 2013 à 09:18 | | 1 commentaire(s)|

Je vous présentant quelqu'un que j'aime beaucoup et qui m'a largement influencé : c'est le penseur Denis Diderot (1713-1784)


Denis Diderot : vulgariser la connaissance, même contre vents et marrées.
Il est né le 5 Octobre 1713 à Langres, département français de la Haute-Marne et dans la région Champagne-Ardenne.

Diderot est un homme hors norme. Il est choqué par l'exploitation que le clergé fait de la manipulation des pauvres de son époque avec la marchandise "dieu".

Il écrit en 1746 son tout premier livre avec un ensemble de pensées critiques sur la religion, qui n'a pas d'auteur et même le titre est ambigu : « Piscis hic non est omnium » c'est-à-dire : "ce poisson-là n’est pas pour tout le monde". Ce qui deviendra : « Pensées Philosophiques ». Critiquer Dieu dans un livre en 1746 en Europe relevait d'une tentative de suicide en direct. Et ce titre aussi provocateur et mystique va faire que le livre, qui se distribue en toute clandestinité, va remporter le plus grand succès des livres de l'époque.

Même son éditeur qui était de mèche avec lui, va mettre une adresse fictive sur le livre : La Haye. Et lorsque les autorités vont se réveiller, le mal est fait ; le livre s'arrache comme des petits pains. Il sera comme prévu, condamné à être brulé au feu par le parlement de Paris le 7 juillet 1746.

Mais Diderot passe à l'histoire pour un autre évènement tout aussi ingénieux que le premier : c'est celui qui est à l’origine du premier dictionnaire français (après l’Empire Britannique), intitulé: « L’Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers », édité de 1751 à 1772. Durant l'époque des Lumières, il y avait une profusion de textes, d'écrits divers sur tous les sujets de la littérature à la science en passant par l'art et les techniques. Diderot est choisi par un éditeur indexer tout cela dans un ouvrage afin de faciliter l'accès de la masse populaire à l'ensemble des œuvres. L’encyclopédie française est né.

A cause de nombreuses tracasseries de l'Eglise catholique, cette encyclopédie a failli ne jamais voir le jour. Lorsqu'on publie les deux premiers des 17 volumes, les prêtres catholiques, pour la précision, les Jésuites saisissent le Conseil d'Etat pour faire condamner Diderot et obtenir l'interruption des publications suivantes. Comme il était prévisible, ils obtiennent gain de cause et l'œuvre est interrompue. Pour l'Eglise catholique, Diderot dans son difficile travail de synthèse et de vulgarisation des connaissances, pouvait toucher à tous les domaines, mais pas à la religion, pas à Dieu. Ainsi, la sentence interdisait de vendre, d'acheter ou de tenir à la maison une seule copie des deux premiers volumes; et ce sera grâce au Magistrat (et botaniste) chargé de la censure, un certain Chrétien-Guillaume de Lamoignon plus connu sous le nom de « Malesherbes » que l'œuvre pourra continuer. Mais pas pour très longtemps. Lorsque le tome 7 est publié en 1759, c'est le pape Clément XIII en personne qui monte au créneau et stoppe définitivement l'œuvre condamnée à être brûlée avec tous les manuscrits en 24 heures. Et c'est encore notre ami Malesherbes qui non seulement va avertir secrètement Diderot, tout affolé de cette décision, mais va trouver une solution des plus incroyables. Comme nous l'explique François Guizot, à la page 269 du livre "L’Histoire de France depuis les temps les plus reculés jusqu’en 1789", Malesherbes lui dira : "Envoie les tous chez-moi, puisque c'est la dernière place où on irait les chercher". Ce qu’il fit. Et c'est toujours grâce à lui que l'œuvre va continuer dans la clandestinité jusqu'à sa conclusion au volume 17 en 1765 et publiée avec une fausse adresse prétendument à l'étranger, jusqu'en 1772. Tout semblait si bien terminé. Mais lorsqu'on touche aux intérêts du système dominant à toutes les époques, il faut s'attendre à tout moment d'en subir les foudres. C'est ainsi que pendant 9 ans de 1769 à 1778 Diderot dut se défendre au tribunal pour escroquerie. Certains souscripteurs qui avaient anticipé l'argent pour permettre le financement de l'œuvre, étaient fâchés du prix final de l’encyclopédie, qui avait grimpé à cause de toutes les tracasseries subies et retardé la sortie de l’œuvre.

Diderot va mourir à Paris le 31 Juillet 1784, avec le sentiment d’avoir accompli sa noble mission sur terre, celle de permettre à des millions de personnes d’accéder à la connaissance.

Voici quelques-unes de ses plus célèbres citations qui ont porté à la condamnation de ses œuvres par les autorités proches du clergé :

1- "Parce qu'un homme a tort de ne pas croire en Dieu, avons-nous raison de l'acculer ? On n'a recours à ces pressions que quand on manque de preuves." (Pensées philosophiques)

2- "Tous les peuples ont des légendes, qui, pour être merveilleuses, doivent être présentées comme vraies ; avec lesquels on démontre tout, mais qu'on ne prouve point ; qu'on n'ose nier sans être mécréant, et qu'on ne peut croire sans être imbécile." (Pensées philosophiques)

3- "Ce qui caractérise le penseur et le distingue du vulgaire, c'est qu'il n'admet rien sans preuve, il n'adhère jamais à des notions trompeuses, mais il pose exactement les limites du certain, du probable et du douteux." (Lettre à Sophie Volland - écrite le 26 septembre 1762)

QUELLE LECONS POUR L’AFRIQUE ?

A peine on touche le thème de dieu en Afrique, on a la surprise de constater que c'est tout le monde qui entre en ébullition. Il faut être complètement crédule de croire que nous aurons notre véritable indépendance mentale sans au préalable entrer dans la peau de nos anciens maîtres pour connaitre ce qu’ils ont enduré eux-mêmes pour leur émancipation, et comprendre leur propre parcours, afin de mesurer notre faiblesse dans la pensée et détecter les pièges internes et externes qui nous empêchent d'amorcer le tant attendu virage de notre affranchissement.

Avant de devenir suffisamment forts pour venir chez nous être nos maitres, nos prédateurs se sont d'abord libérés chez eux de beaucoup de choses, dont le piège religieux. Et le sacrifice des hommes comme Diderot a fait le reste en faisant de manière que la science et la technique soient pu être facilement vulgarisées, afin d'offrir à l'homme la chance de prendre son destin en main et de refuser la fatalité déiste, d’un superman qui serait capable de résoudre tous les problème en échange d’une petite prière.

Au moment où dans de nombreux temples et mosquées en Afrique des prêtres, imams et pasteurs promettent le miracle pour sortir les gens de la misère, c'est un devoir pour nous tous de ne pas abandonner à leur sort ces citoyens les plus faibles, quand bien même ils nous couvriront d'insultes ou de menaces. Parce qu'ils ne savent pas ce qu'ils font.

Le courage d'un Diderot est à louer et à s'en inspirer pour penser, créer, inventer, innover toujours et toujours pour être certain de contribuer à faire avancer notre humanité, en commençant par notre premier cercle d'amis de familiers, de nationaux.





Douala le 10/02/2013
Jean-Paul Pougala



1.Posté par E. Vanzieleghem le 11/02/2013 21:10 | Alerter
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Bonjour,

Je découvre ce soir votre bel hommage à Diderot.

Comme vous le savez, 2013 est l'année du Tricentenaire de Diderot.

Si l'écrivain et son oeuvre très vaste vous intéresse, vous trouverez sur ce site (https://sites.google.com/site/diderot2013/) un aperçu des nombreuses activités scientifiques et grand public qui marqueront cet anniversaire - rien en Afrique à ma connaissance, mais il n'est pas trop tard !

Il existe aussi en France une Société Diderot qui publie une revue passionnante : les Recherches sur Diderot et sur l'Encyclopédie (http://rde.revues.org/)

Pour ma part, je serai ravi d'apprendre comment Diderot est connu et perçu en Afrique.

Cordialement,

Éric Vanzieleghem.

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