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Des Sénégalais sous le choc du départ des troupes françaises de Dakar

Dans son échoppe, Sidy Tounkara époussette ses hippopotames, gazelles et autres statuettes en bois. « S’ils partent, c’est la mort », lance le jeune homme de 23 ans. L’annonce de la réduction drastique des effectifs a eu l’effet d’une douche froide sur des milliers de Sénégalais qui vivent directement ou non de la présence militaire française au Sénégal. Sur 1 200 hommes actuellement déployés, 300 vont rester. Selon un rapport établi par les Forces françaises du Cap-Vert (FFCV), d’il y a deux ans, l’investissement direct et indirect de l’armée française est établi à 25 millions d’euros par an.


Rédigé par leral.net le Dimanche 7 Mars 2010 à 23:42 | | 1 commentaire(s)|

Des Sénégalais sous le choc du départ des troupes françaises de Dakar
Sidy a commencé à travailler à 13 ans dans ce magasin d’art situé devant la base de Bel-Air, une base qui doit être restituée aux Sénégalais. Son avenir l’inquiète, beaucoup d’antiquaires comme lui ont quitté les bancs de l'école très tôt. « On gagne notre vie ici, on travaille pour la famille, ça me fait mal ». Même constat pour le doyen Alassane qui ne décolère pas : « Comment on va faire ? ». Il n’arrête pas de répéter cette phrase à qui veut l’entendre tout en montrant son haut de survêtement, un cadeau de la marine. « On a grandi ici, si la base part demain, on va aller où ? », demande-t-il. « Il n’y a pas de boulot, on ne va pas devenir des agresseurs, on ne va pas non plus retourner à Sandaga (grand marché situé en plein centre-ville), c’est bourré de monde. Qu’on nous laisse travailler », poursuit-il. Près de lui, Ass, la quarantaine, travaille une assiette en bois tout en se plaignant de la perte économique.

Tous affirment gagner correctement, un seul ose avancer un chiffre : 450 000 cfa par mois en moyenne. Ass, tout en continuant de polir, s’inquiète aussi pour sa sécurité. Lors de grands feux, notamment d’immeubles, les pompiers sénégalais appellent parfois les militaires français à la rescousse. Ass se dit aussi que sa situation n’est pas la pire : « Ceux qui vont plus le ressentir sont les boîtes de nuit, les hôtels et les sociétés qui travaillent avec la base ». A deux pas de là, une petite gargote accueillante. Chez Nabou, le marsouin, les murs sont la preuve vivante de la relation entre la famille propriétaire et les militaires. Un portrait du grand-père tirailleur sénégalais côtoie les drapeaux français et sénégalais, un képi bleu marine et les multiples photos.

La propriétaire des lieux, qui ne veut pas dévoiler son nom, raconte cette histoire de famille : c’est sa grand-mère qui a ouvert le petit restaurant puis l’a transmis à sa mère qui lui a donné. « A chaque cérémonie, ils nous invitent, on a de bons contacts avec eux. On souhaiterait qu’il reste avec nous car ça fait très longtemps qu’on travaille avec eux », explique-t-elle. Ses principaux clients sont évidemment des militaires français. Ce qui n’est pas le cas de Daouda Ndaw, gérant d’un bar à quelques mètres. « La fermeture de la base n’aura pas d’impact sur mon commerce. Mais je compatis, je comprends leur colère, ce sont des pères de famille qui risquent de perdre leur emploi. Si les Sénégalais se trouvent dans le besoin de récupérer un terrain que la France occupe, ils sont dans leur droit maintenant il faut trouver un compromis entre les deux pays », analyse le gérant.

« Ce ne sont pas des clients que je perds mais des amis intimes »

Amadou Ndiaye, dit Max, 20 ans de bons et loyaux services en tant que taximan devant la base 160 de Ouakam, un quartier dakarois, ne l’entend pas ainsi. Les clients de la base sont un peu toute sa vie. A tel point qu’il affiche sur le devant de sa R21 jaune et noire les inscriptions MAX, BA 160. A l’intérieur, des photos de clients militaires sur le tableau de bord et dans la boîte à gants, ses albums photos. « Là, c’est devant la base, j’avais la 504, c’était à l’époque », raconte-t-il un brin nostalgique en montrant des photos d’il y a 15 ans. « Ce ne sont pas des clients que je perds mais des amis intimes. Ils venaient manger chez moi le poulet yassa, faire des barbecues, on était en famille. J’ai pu acheter la voiture grâce à un militaire, ils m’ont beaucoup aidé », poursuit-il. « Quand j’ai entendu la nouvelle, ça m’a beaucoup touché ».

Max continue de feuilleter ses albums se remémorant ce bon temps qu’il évoque déjà quasi qu’au passé, les grandes balades dans le pays, les parties de pêche... « tout le monde est triste mais c’est la vie », se raccroche le chauffeur aux lunettes fumées sur le nez. Max pense aux autres, au personnel de la base. Trois mille personnes travaillent avec les FFCV : 400 employés directs payés par eux, 1 200 rétribués par les familles et le reste, des emplois indirects comme des entreprises.

Omar Mbodji affiche 32 ans de service au compteur. Chef menuisier, il est à un an de la retraite. Mais ce membre du Synpas, le syndicat national des armées, des services de sécurité public, privé et assimilés, se fait du souci pour les jeunes employés des bases, « ce sera une catastrophe, nous allons nous préparer en conséquence. Je pense aux jeunes qui ont leur avenir devant eux, qui ont eu à contracter des prêts, qui se sont mariés, qui ont misé tout leur espoir dans les FFCV ».

Parmi les autres secteurs qui risquent aussi d’être perturbés : le tourisme. L’armée française fréquente beaucoup la station balnéaire de Saly. « S’inquiéter ne servirait pas à grand-chose », lance Boubacar Sabaly, directeur général de l’hôtel Les Bougainvillers de Saly et président du syndicat d’initiative de la région de Thiès qui accueille 150 000 touristes par an. « Sur ce chiffre d’affaires, 5 à 8% est constitué par la clientèle locale et l’armée française représente plus de 50% », explique-t-il.
« C’est triste mais c’est la vie », conclut Max, qui, comme quasiment tous les autres, s’en remet finalement à Dieu.


Marie-Laure Josselin

Source : RFI

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1.Posté par dddd le 08/03/2010 15:04 | Alerter
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Il faut foutre le camp bande de connards vous ne servez à rien si ce n'est baiser les putes de dakar .

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