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Discours du ministre du Tourisme et des Loisirs aux rencontres économiques d’Aix-en-Provence

Le ministre du Tourisme et des Loisirs a pris part aux rencontres économiques d’Aix-en-Provence les 5,6 et 7 juillet dernier. voici en intégralité le discours de Youssou Ndour.


Rédigé par leral.net le Mardi 9 Juillet 2013 à 12:43 | | 0 commentaire(s)|

Discours du ministre du Tourisme et des Loisirs aux rencontres économiques d’Aix-en-Provence
Chers concitoyens du monde,
Mesdames, Messieurs
Je voudrais, à l’entame de mon propos, remercier très sincèrement les organisateurs des Rencontres Economiques d’Aix-en-Provence de m’avoir associé à ce banquet où la pensée est mise au service de l’action. Le thème de ces assises, « Le choc des temps : L’économie mondiale, entre urgence et long terme », est un thème porteur. Dans le cadre de notre panel, qui porte sur « le monde face au choc des temps », je voudrais, d’emblée, vous dire mon point de vue que voici : l’Afrique est une solution pour le Monde nouveau !
Mesdames, Messieurs
Nous voici interpelés par une crise globale qui nous invite à réfléchir davantage sur nos choix politiques, économiques et sociaux. Elle nous invite aussi à nous unir, en vue de préserver l’humanité, grâce à la concorde, la justice, la paix et la démocratisation de la consommation mondiale.
A mon sens, le stade des questions et des débats d’école est dépassé. L’heure est aux réponses. Nous sommes tenus non seulement de trouver les solutions globales mais encore de les appliquer, dans les meilleurs délais, au profit de nos enfants.
Il y a près de 30 ans, Jean-Jacques SERVAN SCHREIBER sonnait l’alerte dans « Le défi mondial ». Il n’avait pas seulement décrit la mutation profonde de notre société. Il avait également averti sur ses conséquences. Hélas pour nous autres, les principaux décideurs ont été aveuglés par l’indifférence, la consommation de masse effrénée des pays riches, les agressions systématiques contre notre planète, la guerre du pétrole, les endémies et autres fléaux. Ils ont ainsi oublié de faire prendre les mesures qui s’imposaient, en prévision de l’inévitable globalisation.
Mesdames, Messieurs,
Cette globalisation allait ouvrir – a déjà ouvert – une ère nouvelle marquée par le changement de rythme, l’accélération de la vitesse, l’installation d’un paradigme mondial.
Et l’ordre mondial a eu tort de croire que ces changements seraient réversibles, et que le modèle économique se reproduirait à la suite de l’application des business models.
A la vérité, il doit admettre que les schémas de la société industrielle ne sont pas le modèle approprié de la société informatisée et numérisée. Un nouvel ordre est en train de s’installer fort d’un paradigme nouveau ! C’est dans ce contexte que doivent être analysés les chocs que nous vivons et qui sont bien plus importants et graves que la crise de 1929.
Nous voici donc placés devant nos responsabilités. La question est de savoir si nous sommes prêts à assumer nos vraies responsabilités. Autrement dit : Sommes-nous aptes à l’universalité ?
Entendons-nous bien ! Tout n’est pas mauvais dans Monde nouveau qui s’impose à nous. Il y a du bon et des opportunités d’aller vers une vie globale plus juste. Le Monde nouveau met à notre disposition, à l’image d’Internet, des autoroutes et des carrefours de l’information. Il favorise le partage accéléré de la connaissance ; il offre des chances à la systématisation et la globalisation du travail; il booste la consommation mondiale.
Il montre la voie du réseau universel. Ce monde nouveau se comprend et repose fondamentalement sur le progrès, parce qu’il offre la possibilité d’une appropriation humaniste des préoccupations globales.
Aujourd’hui, l’humanité a les moyens d’assurer les termes de la liquidation de l’indifférence des plus riches. Il lui suffira, pour cela, de constituer un réseau et de mettre à profit l’intelligence artificielle qui assurera la démocratisation de la connaissance et l’accès aux ressources.
A la généralisation des modèles, qui a montré ses limites, doivent être préférées l’innovation et l’audace. Nous devons aller au-delà de nos frontières, aider les pays pauvres à se doter de cadres macroéconomiques stables et fiables, investir davantage dans l’agriculture, la santé, l’éducation, les infrastructures, les services, les énergies renouvelables, etc. Et pour y arriver, je crois qu’il faut accélérer le processus du partage, combattre les inégalités, les endémies et autres fléaux ; il faut circonscrire les conflits, réduire les fractures entre le Nord et le Sud, créer les conditions propices et indispensables au monde nouveau qui vient.
Ces prescriptions visent davantage à donner confiance et espoir à la jeunesse. Cette jeunesse, qui naturellement constitue à la fois la majorité et l’avenir, ne supporte pas les écarts discriminatoires et les injustices. Elle veut vivre et elle vit au rythme d’un monde sans frontières. Elle prend la parole ; elle alerte à haute voix, par tous les canaux, sur les responsabilités à assumer. Et sa perception du monde, qui est le reflet du futur mais qui n’exclut pas la diversité, doit nous préoccuper et nous servir de balises. C’est une question de survie !
Voilà les registres sur lesquels sont attendues les Organisations internationales et régionales. Elles doivent être plus ambitieuses et surtout plus justes, pour répondre aux attentes des nations et des peuples. Les organisations internationales doivent s’inventer une conformité aux exigences des temps modernes et trouver des réponses appropriées aux chocs présents et à venir.
Mesdames, Messieurs,
C’est dire combien il est important d’anticiper sur les manifestations et transformations de l’économie mondiale. Mais surtout, anticiper, s’ouvrir à l’Afrique ! Anticiper et devenir le partenaire de cette Afrique qui bouge et dont certains pays affichent des statistiques sans pareil dans le reste du monde.
Comme le monde nouveau qui vient en ces temps de crise et de questionnements, l’Afrique se dresse, avec des atouts réels : sa démographie galopante, ses terres vierges, ses nombreux cours d’eau naturels, ses énergies innombrables, ses énormes promesses. J’y ajouterai, comme c’est le cas dans mon pays, son option résolue pour la bonne gouvernance.
Avec son approche win-win et sa volonté affirmée d’assumer son leadership, l’Afrique se présente comme une solution du 3e millénaire. Et c’est dans cette posture qu’elle attend ses partenaires.