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Dix-sept journalistes visitent les zones minières de Kédougou

Rédigé par leral.net le Mardi 22 Mai 2012 à 20:00 | | 0 commentaire(s)|

Dix-sept journalistes visitent les zones minières de Kédougou
recherche, environnement et presse (GREP) a bouclé lundi une visite de presse de deux jours mobilisant 17 journalistes, dans les zones aurifères de Kédougou (sud-est), pour mettre en exergue les impacts sociaux et environnementaux des activités d’exploration et d’exploitation du métal précieux dans les sites où elles s’exercent.

Quelque 28 personnes, dont 17 hommes de médiats d’organes publics et privés ont visité, en deux jours, divers sites et ont pu avoir une vue panoramique de l’activité minière, allant de l’exploration à l’exploitation traditionnelle, tout comme moderne, ainsi que des différentes actions sociales des compagnies minières.

Cette visite avait pour objectif, selon Abdoulaye Barry, président du GREP, de ‘’permettre aux journalistes intéressés aux questions environnementales, d’avoir les moyens’’ de les traiter. ‘’Beaucoup d’organes de presse n’ont pas les moyens d’envoyer des journalistes pour trois jours sur place, pour faire des reportages. Nous avons trouvé des moyens pour le faire’’, a-t-il dit.

Pour M. Barry, ces questions sont d’autant plus importantes que d’autres compagnies pourraient s’implanter dans la zone dans l’avenir. D’où la nécessité de permettre au public de ‘’jouir de son droit à l’information’’ sur des questions de cette importance.

Pour la journée du dimanche, la délégation de 28 personnes, parmi lesquels des responsables du WWF, du GREP et l’adjoint au chef du service régional de l’environnement, se sont rendus sur le site de Massawa, à plus d’une soixantaine de kilomètres de Kédougou où l’entreprise anglaise Randgold fait de l’exploration.

Le directeur général de Randgold Sénégal, Mouhamed David Mbaye, a au terme d’un tour sur les 5 km carrés sur lesquels son équipe a mis en évidence un potentiel de 63 tonnes d’or, fait constater aux visiteurs que par rapport à l’exploitation, la phase d’exploitation cause de dégâts ‘’très minimes’’.

Cette randonnée pédestre a permis de constater une nature restée intacte, avec un paysage verdoyant, n’ayant connu comme toute modification visible que les trous effectués dans le sol et les remontées de tuyaux, pour les besoins de sondage et une piste aménagée par la société pour le déplacement des géologues sur le site.

M. Mbaye a toutefois relevé qu’avec l’exploitation qui pourrait intervenir, si les conditions sont réunies dans un futur proche, tout ce paysage sera rasé pour les besoins de l’extraction du minerai aurifère.

Sur le site d’orpaillage de Tinkoto inclus dans les 1.200 mètres carrés concédés par l’Etat à Randgold, à travers un permis d’exploration, la problématique la plus en vue, reste l’utilisation du mercure par les orpailleurs venus essentiellement du Mali et de la Guinée. Ce produit toxique employé par ces orpailleurs dans la séparation du sable et de la pépite d’or, risque de contaminer la nappe phréatique, d’autant qu’elle n’est pas biodégradable. Les orpailleurs en usent dans des conditions minimales de sécurité, et si certains chercheurs d’or disent la réutiliser en boucle, d’autres avouent la déverser sur le sol après usage.

Les participants à cette visite se sont aussi rendus dans le village de Tinkoto (communauté rurale de Tomboronkoto), situé à sept kilomètres du gisement de Massawa pour s’imprégner des actions sociales réalisées par la compagnie anglaise, au profit des habitants. Il s’agit, entre autres, de deux puits hydrauliques à pompe manuelle, de deux salles de classes, de bureaux et logements d’enseignants, d’une infirmerie et d’une dotation de médicaments d’une valeur de 3 millions, a indiqué Mouhamed Mbaye.

Le chef du village Bambo Cissokho a indiqué que la société minière est un ‘’bon partenaire’’, dans la mesure où elle a contribué à fixer les populations qui s’apprêtaient à quitter la localité.

La journée du lundi a permis aux journalistes de visiter la pépinière que la compagnie minière canadienne encore en exploration, OROMIN, a implantée dans le village de Mamakhono dans la communauté rurale de Khossanto, afin de réhabiliter les espaces qui ont été dégradés du fait de l’exploitation.

D’une superficie de 2,5 ha, elle a coûté environ 34 millions de francs CFA, et emploie une vingtaine de jeunes du village, selon Dan Hicks, directeur des opérations de la compagnie. Il s’agit de variétés de plantes locales, parmi lesquelles des plantes médicinales, des arbres fruitiers qui seront, en priorité, replantés dans les zones dévastées, et subsidiairement dans les maisons et les champs , a dit Ousmane Mabo Sidibé, chargé de l’environnement dans cette société.

M. Hicks a indiqué que sa compagnie compte reproduire une telle pépinière dans les ‘’10 à 11 villages’’ de la zone gravitant autour, et a déjà importé le matériau pour ce faire.

Les journalistes se sont également rendus dans les abords de la mine à ciel ouvert de Sabodala (125 km de kédougou), où Christian Macé, chargé de l’environnement de la compagnie Teranga Gold Operations, qui a racheté les parts de la société australienne MDL dans l’exploitation de la mine de Sabodala, a donné des assurances quant au respect par l’usine des normes environnementales.

Tout un ensemble de mesures sont mises en œuvre pour éviter que la cyanure utilisée ne contamine le bétail des villageois de Sabodala. Celle-ci est détruite par les rayons ultraviolets en un temps assez court, a-t-il expliqué.

Côté social, il a noté que la société a dépensé 680.000 dollars au titre du Fonds social minier destiné à faire profiter les populations locales des retombées de l’or par des infrastructures et d’autres actions. L’entreprise a récemment engagé, en la personne de Christian Macé, un agent pour appuyer le seul qui s’occupait aussi bien des questions environnementales que sociales.

Resté perplexe à la fin de la visite, Arona Soumaré le directeur de la conservation du WWF Afrique de l’Ouest, a relevé qu’il faut ‘’s’assurer que toutes ces études d’impact (réalisées par les compagnies) ne sont pas des études alibis’’. Il faut, a-t-il également noté, s’assurer que les impacts négatifs sont évités si possible et ‘’font l’objet d’un suivi impartial’’, mais aussi que les populations reçoivent des dividendes conséquentes au regard de la richesse extraite de leur terroir.

Tout en se gardant de suggérer des proportions à ce propos, il a souligné que l’essentiel est que les intérêts de ces populations soient pris en compte. L’Etat doit exercer son rôle de contrôle tout comme les ONG, celui de veille.

‘’Ce n’est pas suffisant de construire une école ça et là’’, a-t-il dit, ajoutant que le social ne doit pas se limiter à du ‘’saupoudrage’’.



SOURCE:Piccmi.com