Leral.net - S'informer en temps réel

Donald Trump intime le silence à l'ex-directeur du FBI

Rédigé par leral.net le Vendredi 12 Mai 2017 à 18:44 | | 0 commentaire(s)|

Donald Trump intime le silence à l'ex-directeur du FBI

Washington (AFP) - Le président des Etats-Unis Donald Trump a jeté de l'huile sur le feu vendredi et adressé une menace à peine voilée à l'ex-directeur du FBI James Comey, auquel il a publiquement intimé le silence sur les circonstances confuses de son limogeage.

Depuis qu'il a congédié brutalement le premier policier des Etats-Unis, mardi soir, le dirigeant républicain n'a rien fait pour rassurer ses critiques qui, sans encore parler de crise constitutionnelle, craignent une tentative d'intimidation ou de déstabilisation de la police fédérale et, plus généralement de la Justice, dont le FBI dépend.

"James Comey ferait bien d'espérer qu'il n'existe pas d'"enregistrements" de nos conversations avant qu'il ne commence à faire des révélations à la presse!", a tweeté M. Trump vendredi matin, un jour après avoir déclaré à NBC, qu'il avait dîné avec James Comey et eu au moins deux coups de téléphone avec lui depuis son arrivée au pouvoir.

Le tweet ressemble à une menace et a rappelé le système mis en place par le président Richard Nixon (1969-1974), qui enregistrait ses conversations téléphoniques et dans le Bureau Ovale à l'insu de ses interlocuteurs, une manie qui se retourna contre lui dans le scandale du Watergate.

"Le président doit donner tout enregistrement immédiatement au Congrès ou reconnaître, une nouvelle fois, qu'il a délibérément fait une déclaration erronée, ou dans ce cas menaçante", a réagi l'élu démocrate Adam Schiff.

Dans la presse américaine, de très nombreuses sources anonymes au sein de la Maison-Blanche et de l'administration ont décrit la confusion des derniers jours, la version officielle du limogeage ayant été contredite.

Initialement, la raison donnée était le comportement de James Comey durant la fin de l'enquête sur les emails d'Hillary Clinton en 2016. Il lui était reproché d'avoir publiquement parlé de l'affaire au lieu du silence traditionnel.

La Maison-Blanche assurait que le limogeage n'avait rien à voir avec l'enquête en cours du FBI sur une éventuelle collusion entre des membres de l'équipe de campagne de Donald Trump et la Russie.

- Comey silencieux -

Mais le milliardaire a contredit ses collaborateurs en disant à NBC, jeudi: "En fait quand je me suis décidé, je me suis dit: "Ce truc avec la Russie, Trump et la Russie, c'est une histoire inventée"".

Depuis des mois, le président républicain est furieux que son nom soit cité dans cette enquête, martèle qu'il n'y a aucune preuve de collusion, et accuse les médias d'entretenir artificiellement l'affaire au lieu de couvrir ses décisions économiques ou autres.

Il a même enfreint l'usage en demandant directement à James Comey de lui confirmer qu'il n'était pas ciblé par les investigations, ce que le haut policier lui aurait confirmé, selon lui.

Le degré de colère du 45e président américain était perceptible dans la tirade de six tweets matinaux vendredi.

"A nouveau, l'histoire de collusion entre les Russes et la campagne Trump a été inventée par les démocrates comme un prétexte pour justifier leur défaite à l'élection", a-t-il écrit.

Il a également suggéré la suppression des sacro-saints briefings quotidiens de la Maison-Blanche. Il est si actif, selon lui, qu'il n'est pas possible que ses porte-paroles, critiqués pour avoir donné des explications erronées du limogeage, s'expriment "avec une exactitude parfaite".

Dans ses prises de parole, le président républicain introduit de la confusion entre les différents volets de l'enquête. Le FBI enquête non seulement sur une éventuelle collusion, mais aussi plus généralement, sur les piratages russes.

La réalité de ces ingérences ne fait pas de doute: les six plus hauts responsables du renseignement américain ont réaffirmé jeudi, que la Russie avait bien tenté d'influencer les élections américaines.

Pour l'instant, la digue républicaine tient au Congrès, où l'opposition démocrate reste isolée dans son appel à la nomination d'un procureur spécial pour assurer l'indépendance de l'enquête.

Mais des dizaines de républicains ont fait part de leur malaise, critiqué le ton du président, défendu l'ex-directeur du FBI, voire appelé à la création d'une commission d'enquête indépendante sur la Russie. Peu défendent publiquement M. Trump.

Quant à M. Comey, il ne s'est pas exprimé publiquement depuis son éviction. Il a été invité à s'expliquer au Sénat mardi mais, s'il accepte, la rencontre aura lieu à huis-clos.