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Donald Trump prépare un budget axé sur la sécurité nationale et la défense

Rédigé par leral.net le Mardi 28 Février 2017 à 14:13 | | 0 commentaire(s)|

La hausse du budget de la défense sera compensée par des baisses massives d’autres budgets, comme celui du département d’Etat ou de l’Agence de protection de l’environnement.
 
Le premier budget de Donald Trump n’en est encore qu’à l’état de projet, mais le Président a avancé un premier chiffre, lundi 27 février, à l’occasion d’une rencontre avec les gouverneurs des Etats américains et à la veille de son premier discours devant le Congrès.

Alors que la prochaine année fiscale débutera le 1er octobre, M. Trump a suggéré une forte hausse des dépenses de défense, de l’ordre de 54 milliards de dollars (51 milliards d’euros), conforme à ses promesses de campagne. Ce budget est déjà le premier au monde.
 
Cette hausse, si elle est adoptée par le Congrès, portera les dépenses militaires américaines à plus de 600 milliards de dollars – contre 583 milliards en 2017 –, sans compter les sommes consacrées aux opérations extérieures. Elle a pour objectif de moderniser un outil dont M. Trump n’a cessé de déplorer l’obsolescence supposée, qu’il s’agisse des armes conventionnelles ou nucléaires. Les Etats-Unis consacrent à leur défense plus que l’ensemble des sept pays qui viennent après eux en matière de dépenses militaires.
 
Mick Mulvaney, le directeur du Budget, venu s’exprimer très brièvement devant la presse, lundi, au cours du briefing quotidien de la Maison-Blanche, a souligné que la nouvelle administration n’en était qu’au tout début du processus de cadrage. Il a assuré, comme l’avait évoqué quelques heures plus tôt M. Trump, que cette hausse serait compensée par des coupes dans d’autres secteurs, évoquant notamment la baisse de l’aide internationale des Etats-Unis.
 
Réactions contrastées
 
Selon la presse américaine, les budgets des agences fédérales jugées non prioritaires, en premier lieu celle chargée de la protection de l’Environnement, pourraient être mis à contribution. M. Trump s’est engagé par ailleurs à ne pas réduire les dépenses consacrées à la protection sociale, en dépit de leur poids croissant sur les finances fédérales.

Le chiffre avancé par M. Trump a provoqué des réactions contrastées. Le président de la Commission des forces armées du Sénat, John McCain, partisan d’une politique étrangère interventionniste, a jugé cet effort insuffisant, dans un communiqué. Selon la chaîne d’information CNN, d’anciens responsables de l’armée américaine ont demandé de leur côté au Président de ne pas réduire les moyens du soft power américain.
 
L’actuel secrétaire à la Défense, James Mattis, a fait valoir publiquement par le passé que les dépenses du département d’Etat équivalaient à des économies pour le Pentagone. D’anciens militaires, dont David Petraeus, ancien général et ancien directeur de l’Agence centrale de renseignement (CIA), et James Stavridis, ancien commandant suprême des forces de l’OTAN, ont assuré dans un courrier envoyé à la Maison-Blanche comme au Congrès que l’aide au développement, désormais ciblée, est cruciale « pour prévenir les conflits et mettre en danger le moins possible nos hommes et femmes en uniforme ». Ces choix, en l’état, auraient pour conséquence de maintenir le déficit budgétaire à un niveau que les républicains du Congrès jugeaient insupportable lorsque Barack Obama était à la Maison-Blanche.
 
Ces orientations s’inspirent du slogan « America first » (« L’Amérique d’abord »), rappelé lors de la prestation de serment, le 20 janvier. M. Trump a décliné pendant ses premières semaines passées à la Maison-Blanche le thème d’un pays forteresse : remise en cause du libre-échange, engagement à construire un mur sur la frontière avec le Mexique, interdiction (bloquée par la justice) de l’immigration en provenance de sept pays d’Afrique et du Moyen-Orient…

Ces priorités s’ajoutent à celles défendues traditionnellement par le Parti républicain, qu’il s’agisse d’une réforme fiscale qui réduise le poids des impôts, de la dérégulation du secteur bancaire, de la révision du système de santé ou de la suppression des réglementations environnementales, réclamée par le secteur de l’énergie.
 
« Ennemi du peuple »
 
M. Trump devait préciser ses intentions mardi 28 février lors d’un discours au Congrès, incontournable sur les questions budgétaires. Ce sera aussi l’occasion pour lui de recentrer son message. Ses dernières interventions, lors d’une conférence de presse le 16 février, ou devant la Conservative Political Action Conference, le grand rassemblement annuel des conservateurs américains, le 24 février, ont été brouillées par ses accusations répétées contre la presse, désormais présentée comme « l’ennemi du peuple ». M. Trump a également vivement attaqué la justice, après la décision d’un juge fédéral et d’une Cour d’appel, de bloquer son décret anti-immigration.
 
La démission de son conseiller à la Sécurité nationale, Michael Flynn, moins d’un mois après son arrivée à la Maison-Blanche, et le retrait de trois personnalités pressenties pour jouer un rôle dans la nouvelle administration, ont alimenté une impression d’improvisation, démentie avec force par le Président qui a vanté au contraire « une machine bien huilée ».

Le regard de George W. Bush sur Donald Trump
 
L’ancien président américain George W. Bush a critiqué, lundi 27 février, les attaques de Donald Trump contre la presse. Sur NBC, le 43e président des Etats-Unis – qui n’a pas été épargné par les médias pendant ses huit ans à la Maison Blanche – a dit ne pas partager le point de vue de son successeur qui voit dans la presse « un ennemi du peuple américain ».

« J’estime que les médias sont indispensables à la démocratie. Les médias sont indispensables pour que des gens comme moi aient à rendre des comptes. »

Il a également estimé que les critiques systématiques visant les médias américains minaient les efforts des Etats-Unis de promotion de la démocratie et d’une presse libre à l’étranger.

A la question de savoir s’il soutenait le décret présidentiel interdisant temporairement l’accès du territoire américain aux ressortissants de sept pays musulmans, l’ex-Président a répondu qu’il était « favorable à une politique d’immigration accueillante et conforme à la loi ». Après l'attentat du 11-Septembre,  revendiqué par Al-Qaida, George W. Bush avait affiché son soutien aux musulmans et fait l’éloge des enseignements pacifiques de l’islam.
 
Gilles Paris (Washington, correspondant)
Journaliste au Monde