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Dossier - L’Arabie Saoudite, la Mecque de l’esclavage moderne

Toutes proportions gardées, l’Humanité pourrait être répartie en deux grands groupes : ceux qui se permettent tout parce qu’ils détiennent de puissants leviers matériels et financiers, et ceux qui sont prêts à tout tenter parce qu’étant habités par la conviction qu’ils doivent se projeter hors de la promiscuité dans laquelle le Destin cruel les a enchaînés. Une étude des conséquences dramatiques de la ruée des femmes sénégalaises vers l’Arabie Saoudite permet de voir que toutes ces deux tendances sont d’une abominable impertinence. Dakarposte.com, fidèle à sa ligne d'investigations a enquêté.


Rédigé par leral.net le Jeudi 4 Août 2016 à 18:56 | | 0 commentaire(s)|

Dossier - L’Arabie Saoudite, la Mecque de l’esclavage moderne
Les faits sont assez graves pour mériter qu’on porte à la connaissance du public leurs abjects soubassements. Depuis maintenant des décennies, des quantités impressionnantes de jeunes sénégalaises sont convoyées vers l’Arabie Saoudite pour servir de domestiques dans de grandes familles du Saint Royaume. Mais en vérité, le terme «domestique» est tout à fait inapproprié au regard du traitement inhumain et abominable infligé à ces innocentes qui, pour la plupart en tout cas, ne se rendent compte des vrais contours de leur aventure saoudienne qu’une fois arrivées et installées au cœur du vrai faux eldorado.

Attrape-nigauds et promesses mirobolantes au point de départ…
«L’exportation» de ménagères vers le royaume saoudien s’est trop tôt révélée comme une activité particulièrement lucrative, d’une rentabilité insoupçonnée. Et l’on comprend aisément alors pourquoi des escrocs sont aujourd’hui de plus en plus nombreux à s’en servir comme filon pour aller vers les sommets de la fortune.
En effet, aux manettes de la «machine infernale», on trouve aussi bien des Saoudiens que des Sénégalais, qui organisent conjointement les affreux convois en faisant miroiter monts et merveilles à leurs victimes. D’après nos investigations, cette insidieuse forme d’esclavage moderne porte la signature d’une bande bien organisée composée de commanditaires saoudiens et de recruteurs sénégalais. Il revient à dakarposte.com que ces derniers, une fois le travail d’épatement réalisé, sont chargés d’organiser l’aventureux voyage des domestiques avant de passer à la caisse pour être grassement rémunérés.

Révélations sur le profil des victimes
L’abominable réseau qui fait tourner cette machine à domestiques, pour avoir bien étudié la sociologie sénégalaise, sait toujours où aller pour trouver la marchandise dont il a besoin. Le «bon coin» c’est la grande banlieue Dakaroise, berceau de la pauvreté, de la promiscuité, du désert financier, de l’inflation des besoins primaires qu’on n’arrive jamais à satisfaire. On y trouve quantité de jeunes filles désœuvrées, sans emploi (ou exerçant une activité peu rentable et très précaire), des divorcées qui tirent le diable par la queue, toutes catégories qui ont un dénominateur commun : elles sont des soutiens de familles.

Ces femmes sont aux aguets, à la quête permanente d’une lueur d’espoir pour se sortir de la galère. Et qui donc, de ce fait, deviennent des proies faciles, tragiquement exposées à l’appât du gain que leur font miroiter les «recruteurs».

Quid du modus operandi

Dakarposte tient que c’est par presse interposée que les agents recruteurs entrent souvent en contact avec leurs futures victimes. Sous forme d’insertions publicitaires, ils proposent des offres d’emplois rémunérés mensuellement à hauteur de 60 à 80 000 frs, et prennent le soin de préciser que la préférence de la boîte (fictive) va vers les femmes. Une fois recrutées par ce biais, les futures victimes sont utilisées pendant un temps comme agents commerciaux avant de se voir signifier que la boîte est en difficulté, qu’elle va irrésistiblement vers la faillite, mais qu’une autre possibilité (bien meilleure) s’offre à elles : un saut vers l’eldorado financier qu’est l’Arabie Saoudite, où elles pourraient faire fortune en peu de temps en servant comme domestiques. Elles mordent alors d’autant plus facilement à l’hameçon que les cyniques recruteurs leur font miroiter un contrat de deux ans avec un salaire mensuel pouvant aller jusqu’à 600 000 frs Cfa.


La triste vérité au contact de la terre d’accueil

Les conditions dans lesquelles ces soi-disant domestiques sont convoyées sont absolument nébuleuses. Et l’on comprend dès lors pourquoi les convoyeurs (qui, soit dit en passant, sont pour la plupart des émigrés interdits de séjour en Arabie Saoudite ou dans les autres pays du Golfe) prennent toujours le soin d’exiger de leurs victimes qu’elles se gardent de révéler à qui que ce soit le projet de leur futur voyage. Leur départ donc est entouré de la plus totale discrétion, ce qui fait que leurs proches ne sont informés qu’une fois qu’elles arrivent à destination.


Le calvaire des nouvelles esclaves : la preuve par les anecdotes
Pour parler de cet épineux problème, dakarposte s'est donné les moyens d’aller aux bonnes sources. En effet, nos informatrices sont dans le lot même des victimes ; ce sont des femmes établies au royaume saoudien. Ce sont donc des sources plus que dignes de foi, et c’est important que nul n’en n’ignore.

Il nous revient de leurs confidences que celles qui arrivent sont tout simplement vendues ! Evidemment, elles ne peuvent guère s’imaginer porter un tel statut, mais dès le premier contact avec la réalité de leur nouvelle vie de domestiques, elles comprennent qu’il n’y aucune possibilité de bénéficier d’un traitement humain de la part de leurs employeurs. En effet, à partir du moment où ces derniers vivent avec la certitude d’avoir acheté une esclave, ils n’hésitent guère à les traiter comme une marchandise. Elles travaillent jusqu’à des heures indues, mangent mal, passent la nuit dans les endroits les moins cléments de la vaste demeure et ne doivent se permettre de refuser aucun service.

D’après nos sources, une fille a eu la surprise de sa vie en se voyant, dès les premières heures de son débarquement, confier le linge intime du couple acquéreur.
Une autre raconte qu’elle est tombée entre les mains d’une lesbienne, qui l’a obligée, à force de menaces, à s’offrir à elle dans des rapports contre nature. Elle précise que sa lesbienne de patronne, cynique comme pas une, lui a d’emblée signifié que si elle refusait de se soumettre, elle allait aussitôt l’accuser de vol, et elle allait avoir la main coupée, conformément à la Charia. N’ayant guère le pouvoir de se rebiffer, elle s’est résignée, et finalement, pour avoir vu que la qualité de son traitement était liée à son consentement, elle y a pris goût, et aujourd’hui, elle est devenue elle-même recruteuse pour le compte de sa patronne et d’autres femmes de son acabit.
Toujours dans le registre des anecdotes très saoudiennes, il nous revient que si les fausses ménagères et vraies esclaves ont les mains liées et sont incapables de réagir, c’est parce que dès leur arrivée, leurs familles d’accueil leur enlèvent tout ce qui est titre de voyage (passeport, visa, carte de séjour…) qu’elles ne leur remettront qu’à l’approche de la fin de l’échéance contractuelle, c’est-à-dire au bout de deux ans.

L’affaire Mbayang Diop : l’arbre qui cache la forêt
Le cas Mbayang Diop n’est en vérité que la partie émergée d’un véritable îlot de drames individuels. Des drames qui, d’après nos sources, sont bien connus des autorités sénégalaises, qui n’ont hélas pas encore eu les réactions appropriées pour juguler cette nauséabonde tragédie.
Malgré tout, des exceptions à la règle existent. En effet, il y a des filles qui ont eu la chance de tomber sur des familles d’accueil très hospitalières et généreuses, qui les traitent avec le maximum d’humanité.
Pourquoi aussi ne pas le dire ? Certaines filles aujourd’hui bien établies en Arabie savaient bien ce qu’elles étaient censées faire sur place pour tirer leur épingle du jeu. Elles s’y sont ainsi rendues de leur propre gré et se livrent tout bonnement à la prostitution, qui y est plus que rentable.
L’autre triste vérité, et qui est cependant encore très mal connue, est qu’il y a de jeunes gaillards sénégalais qui se sont installés en Arabie Saoudite et y mènent tranquillement une activité de… «gays».

Mamadou Ndiaye
Dirpub www.dakarposte.com
Mail: njaydakarposte@gmail.com