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Drame au stade Demba Diop: Les derniers adieux des victimes

La ville de Mbour continue de porter le deuil, en attendant d'enterrer ses morts dont le nombre reste encore indéterminé, malgré la sortie du procureur.


Rédigé par leral.net le Mardi 18 Juillet 2017 à 14:33 | | 0 commentaire(s)|

Drame au stade Demba Diop: Les derniers adieux des victimes
Drame au stade Demba Diop: Les derniers adieux des victimes
La tristesse a gagné la ville de Mbour. Les familles sont en deuil depuis samedi. Dans chaque maison, des tentes sont érigées pour recevoir les parents et les voisins venus partager la peine avec les familles éplorées. Les visages sont crispés et les commentaires vont bon train. Mbour pleure ses morts. Partout, c'est la même ambiance. Pourtant, rien ne présageait qu'il y aurait un drame. Les victimes, ayant cru jusqu'à la dernière seconde, qu'ils reviendront avec la coupe, avaient commencé la fête avant de faire le voyage sans retour.

Wouly Fall et le film des adieux

Chez Wouly Fall, c'est l'émoi et la consternation. Sa mère Adji Penda Ba est inconsolable. Sa fille aînée s'en est allée pour toujours sans lui dire au revoir. Pourtant bien qu'étant fan du Stade de Mbour, Wouly, 31 ans, ne se rendait pratiquement pas au stade. Elle préférait rester chez elle et appeler au téléphone pour connaître les résultats, renseigne son oncle. Seulement, le jour de la finale, elle était très motivée pour aller au stade Demba Diop, supporter son club de cœur.

Avant de partir, elle s'est filmée avec le téléphone de sa sœur tout en taquinant sa mère dans la vidéo. Elle a pris la route de Dakar accompagnée de ses sœurs Astou Sène, Fama, Maman Khady et son frère Ibrahima. Après que le drame est survenu, ses proches ont appelé son frère qui étudie à l'université, pour la rechercher dans la foule puisqu'elle était injoignable car elle avait perdu son téléphone, la veille.

Après avoir reçu des informations sur la couleur de ses vêtements, Famara a pu reconnaître sa sœur grâce à ses habits, car elle était complètement défigurée. La triste nouvelle s'est répandue comme une traînée de poudre, mais son oncle cache le drame à sa mère Adji Penda. Cette aide-soignante qui laisse derrière elle une fille de 11 ans, est l’aînée de la famille Fall.

Boubou Seydou Diouf "Ma tante prie pour nous, car nous devons revenir avec la coupe"

Au quartier Château d'Eau, la famille Diouf est endeuillée par la disparition de l’aîné qui en était le responsable. En plus de causer la mort de "Jordan" comme on l'appelle affectueusement, ses assassins ont provoqué un drame social. "Il a arrêté très tôt les études et pris à 11 ans, la relève de son défunt papa. Il travaillait à la Somone et donnait la dépense quotidienne", témoigne sa tante Awa Ndour.

Boubacar Seydou était un exemple pour les jeunes de son quartier, il prenait en charge la dépense familiale et soutenait ses 3 sœurs et ses 2 frères et subvenait à leurs besoins. Hélas la grande fâcheuse l'a frappé. Pourtant, ce samedi fatidique, Jordan s'est réveillé très gai. Il s’était payé de beaux habits neufs pour aller au stade.

A sa tante qui lui demandait pourquoi il s'était paré de ses plus beaux atours, il avait répondu: "je vais au stade ma tante, prie pour nous, car nous devons revenir avec la coupe à Mbour. C'est pourquoi, j'ai acheté de beaux habits pour célébrer la coupe", avait dit Jordan à sa tante. Malheureusement, ce passionné du football ignorait qu'il avait rendez-vous avec la mort. Il laisse derrière lui des sœurs et des frères complètement désemparés.

Khalifa Mbaye "Pa, nous allons revenir avec la coupe"

Le destin est vraiment cruel pour ce jeune qui est très connu dans le quartier Château d'Eau. Pourtant sa mère avait le pressentiment que son fils ne reviendra jamais, c'est pourquoi, elle lui avait interdit d'aller assister au match à Dakar. Mais comme ses camarades et lui avaient programmé d'y aller pour suivre le match, Khalifa est parti demander l'autorisation à son père qui est son complice. "Je lui avais promis de lui donner un billet et je l'ai fait", dit Baye Sidi Mbaye dit Rock, le père de Khalifa.

Devant la maison, une large tente est installée. Mais le vieux qui a perdu un fils et un ami s'en remet en Dieu. C'est lui qui console tous ceux qui pleurent. "C'est Dieu qui l'a voulu ainsi, mon fils était mon ami", dit-il. Après l'annonce de la mauvaise nouvelle par les médias, la famille Mbaye a tenté de joindre Khalifa, mais c'est son ami qui avait le portable. "Khalifa était allé se désaltérer. Avant de revenir, les échauffourées ont éclaté", confie son ami. Angoissée, la famille prend d'assaut le stade municipal et guette l'arrivée de tous les bus. Tous les membres de la famille ont fait le pied de grue pendant de longues heures pour voir le jeune Khalifa qui n’apparaîtra jamais.

Après avoir fait le tour des hôpitaux, son grand-frère Cheikh René Mbaye Niang donne la nouvelle. Il l'a identifié à la morgue. "C'est comme si le monde s'est écroulé sous mes pieds", raconte Baye Mor, l’aîné de la famille. Aujourd'hui Rock se souvient des derniers mots de son fils. "Il m'a dit : Pa, nous allons revenir avec la coupe, mais avant de partir, prie pour moi d'abord. Après avoir formulé les prières, je lui ai demandé de me revenir sain et sauf. Malheureusement, c'est sa dépouille qu'on va m'amener".


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La rédaction