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Eloge de la femme cocue !


Rédigé par leral.net le Mercredi 11 Mars 2015 à 16:05 | | 12 commentaire(s)|

Eloge de la femme cocue !
Le mot est féminin depuis peu. L’Académie le consacre en 1986. Rare conséquence heureuse de la féminisation des mots. Longtemps femme cocue était une tautologie à proscrire. Nous seuls, les hommes, pouvions l’être, cocus en herbe ou en gerbe. Cela nous valait de la compassion et quelque ridicule. Parfois nous en tirions orgueil, émerveillés d’être les maris d’une femme violemment convoitée par d’autres. Parfois penauds que l’on sût alentours de quoi nous nous contentions. Certains même ont puisé dans leur infortune leur gloire: tel Monsieur de Montespan, qui défiait l’autorité du Roi-Soleil en se promenant dans Paris dans un carrosse qu’il avait muni de cornes majestueuses.
La femme, elle, était trompée ou bafouée, mots qui ne rendent pas justice à l’intérêt de son état.
On ne peut se réjouir des effets sans saluer la cause. Célébrer les vertus de la femme cocue, c’est donc naturellement rendre grâces à l’homme adultère. Sa dépense… psychique permet à la femme de donner la mesure de son attachement. Nos cavalcades l’exhaussent, bienfaitrices.
L’adultère de l’homme, non de la femme. Celui-ci a toujours été un grand désordre. Il n’est que justice que le 7e Commandement (« Tu ne commettras point d’adultère ! ») l’interdise, car ne doutez pas, à la lecture des exégètes les plus autorisés, que c’est la femme, et elle seule, que Dieu met en garde. Et pour cause, ses dérades sèment le trouble dans les filiations et les lignées. Des statisticiens nous apprennent qu’au XIXe siècle encore, 30% de nos enfants n’étaient pas de nous. Sous réserve d’apparence qui désignait trop cruellement notre meilleur ami, nous nous résignions par élégance. Ainsi, Madame de Staël eut cinq enfants dont un seul – et le fait n’est même pas certain – de son mari, ambassadeur de Suède qui l’avait trouvée belle, vue de dot.
Il est des hommes fidèles, paraît-il. Ils le sont par manque d’imagination, par manque de ressources, par manque d’audace. Le ressort de la fidélité masculine, s’il n’est une morale triste, est donc d’abord un manque. L’homme fidèle… parce qu’insuffisant.
On sait que le temps du désir est fugace. D’abord épopée, puis conversation, il glisse dans le bavardage et s’éteint dans le silence. Ceux qui se maintiennent dans les rets d’une seule étreinte se violentent et blessent leur vitalité. Un homme fidèle est un homme qui se renie; un homme univoque est un homme mutilé.
Quel plaisir possible à ce spectacle désolé? Comment, Femmes, être légères de nous voir mourir de notre vivant?
Hommage donc à celles – non les féministes égalitaires et aigres, castratrices à la couche désertée – qui heureusement ont encore le sens cultuel de l’homme et qui savent aimer. Elles comprennent que l’amour n’est que générosité et non appropriation. L’épanouissement de l’être aimé leur importe au premier chef. Hommage à ces grandes amoureuses qui traversent la vie conjugale comme il sied, c’est-à-dire les yeux mi-clos.
Le Prince de Ligne, rentrant de voyage, interrogé par sa femme inquiète, de lui répondre «rassurez-vous, Madame, je vous fus souvent fidèle». Ce «souvent» est divin. Il dit que la fidélité n’est pas une obligation mais un choix, un soleil avec ses éclipses. Il est des femmes dans notre vie, mais une seule cardinale. Elle est notre verticalité. C’est vers elle que nous revenons… après nos escapades libidinales. Après Circé, après Nausicaa, toujours Pénélope. Constance de l’homme volage qui signe un amour éclairé.
Voilà un article qui ne comporte que des réflexions abstraites. Il n’est ni aveu, ni incitation. Mais il a une dédicataire: R.B.Y

EL HADJI MALICK SALL ELIMANE DONAYE
milkspe@yahoo.fr