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Émergence économique : quand les mots en disent long…


Rédigé par leral.net le Dimanche 24 Mai 2015 à 11:32 | | 0 commentaire(s)|

Émergence économique : quand les mots en disent long…
Rétrospectivement, les peuples africains ressassent les mots agressifs du Président Français Nicolas Sarkozy : ‘’Le drame avec l’Afrique est que l’homme Africain n’est pas rentré dans l’histoire’’, le 26 juillet 2007 à Dakar.

Pour mémoire, la France, sous l’occupation allemande pendant quatre (4) années, a été libérée en 1944 par les combattants Français et leurs alliés parmi lesquels les tirailleurs africains. Historiquement, et avec stoïcisme, ces chairs à canon ont tristement libéré la France avant d’être, en récompense, exterminés, massacrés comme ce fut le cas à Thiaroye.

Et que dire des travaux du Professeur Cheikh Anta Diop qui soutint : ‘’L’occident découvre que c’est l’Egypte, l’Egypte noire qui a apporté tous les éléments de la civilisation à l’Europe’’.

Le premier des Français, en terre africaine, après un demi-siècle, avait oublié cette page de l’histoire du Nord qui a conduit à une redéfinition de la géostratégie et de la géopolitique occidentales nonobstant le fait que les occidentaux ont toujours été réfractaires à l’idée d’une promotion historique de l’Afrique et de l’homme Africain.

Le faciès Dalton (Sarkozy rappelle Joe Dalton de la BD Lucky Luke), dans une posture ostentatoire, profère sans sourciller : ’’Le paysan Africain qui, depuis des millénaires, vit avec les saisons, et dont l’idéal de vie est d’être en harmonie avec la nature, ne connait que l’éternel recommencement du temps rythmé par la répétition sans cesse des mêmes gestes et des mêmes paroles’’.

Autant dans la première assertion de Sarkozy, mensonge ne peut être plus ubuesque, autant paroles ne sauraient être plus conformes à la vérité dans la seconde. Pendant plusieurs décennies, à travers ses politiques économiques, l’Afrique, à l’image de son paysan, s’est sans cesse délectée de mots creux reléguant au second plan les véritables défis de son développement.

Ajustement Structurel

Depuis le début des années 80, le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale ont multiplié leurs interventions dans les pays Africains. Les deux institutions ont défendu l’idée que les politiques qu'elles réclament en échange de leurs financements servent "l'ajustement dans la croissance", c'est-à-dire un assainissement porteur à terme d'une relance durable de l'activité. Un assainissement qui s’est traduit par un affaiblissement général de l’action publique, de la fonction publique et aux bradages, sous prétexte de privatisations, de nos patrimoines nationaux. Une déstructuration des tissus sociaux des pays Africains.

L’ancien chef d’Etat sénégalais Monsieur Abdou Diouf en fait le constat suivant : ‘’A partir de 1990, l’idée a commencé à circuler, dans nos pays, après toutes ces années, que l’ajustement économique, structurel n’avait pas produit les résultats attendus et qu’il fallait passer à l’ajustement Monétaire’’.

Ajustement Monétaire

La prise de conscience de la nécessite d'une dévaluation s'est faite fin des années 80, mais n'a pu être engagée qu'en janvier 1994, du fait de débats et controverses portant sur son utilité. Le pari de cette dévaluation est simple : réussir à relancer l’économie des pays de la zone franc et en particulier leur commerce extérieur, là où des années de politiques d'ajustement structurel n'ont pas réussi.

Une vingtaine d’années après cette dévaluation nos économies ne sont toujours pas compétitives et les balances commerciales des pays de la zone franc sont empêtrées dans un déficit chronique.

Plans émergents

Du Sénégal au Kenya, de l’Ethiopie au Gabon, de la Côte-d’Ivoire à la Tunisie, la nouvelle trouvaille fait le bonheur des cabinets de conseil et d’audit internationaux, concepteurs des plans stratégiques clés de l’émergence de nos pays. Le mot du jour, horizon 2020 pour certains pays, 2035 pour d’autres, fleurit un peu partout laissant derrière des bourgeons d’espoir à nos pays après plusieurs années d’illusions. La pseudo-course vers une croissance économique à deux chiffres est ouverte.

Quels seront les prochains Mots, la future nouveauté, dans une vingtaine d’années quand les pays de la zone franc et leurs chefs d’Etat se seraient rendu compte qu’ils avaient encore une fois tout fait sauf l’essentiel ? Je donne ma langue aux chats.

Messieurs les chefs d’Etats,

Vous savez tous, mise à part votre couardise intellectuelle, que le développement de nos pays passe par l’utilisation d’une monnaie autre que le Franc de la communauté des colonies d’Afrique (CFA). Ceci pour diverses raisons, entre autres : (1)- Notre souveraineté passe par la reconnaissance des attributs de nos nations, et la monnaie en est un. (2)- Une monnaie commune de nos Etats nous permettra de revaloriser nos matières premières et d’imprimer des échanges égaux en toute souveraineté. (3)- Nos Etats vont arrêter de travailler à la grandeur de la France mais pour la leur.

A la question de savoir l’impact de l’arrimage du Franc CFA à l’euro sur les économies africaines, Marine Le Pen déroule: ’’C’est un drame pour les économies africaines, elles sont asphyxiées. Le Franc CFA tue économiquement l’Afrique’’.
Messieurs, je vous inviterais à inscrire dans vos agendas nos mirifiques défenses nationales et diplomaties qui renvoient à la nécessité d’aller inéluctablement vers une intégration économique, politique et sociale régionale.

Arrêtez de faire les pitres lors des sommets des pays Africains (UEMOA, CEDEAO etc.) et allez vers l’essentiel, nos maux et non vos mots.

En attendant vive l’émergence.

Mamadou BADIANE
Expert en ingénierie de développement local
Responsable AFP, Commune de Djiddah Thiaroye Kao