Leral.net - S'informer en temps réel

Empêtrée dans une affaire d'emploi fictif, Marine Le Pen nie en bloc et contre-attaque

Rédigé par leral.net le Samedi 18 Février 2017 à 12:16 | | 0 commentaire(s)|

Accusée d'emploi fictif, Marine Le Pen entend bien contre-attaquer. Après la publication d'un rapport confidentiel de l'organisme européen anti-fraude (OLAF), "Marianne" et "Mediapart" révèlent que la candidate du Front national à l'élection présidentielle aurait admis avoir salarié fictivement son garde du corps comme assistant parlementaire.


Remis à la justice en juillet, ce rapport révèle que Thierry Léger, alors en charge de la protection rapprochée de Marine Le Pen, aurait touché 7.237 euros net par mois pour un poste d'assistant parlementaire occupé à temps partiel sur différents contrats en 2009 et 2011. C'est "l'équivalent de '9.649 euros net à temps plein', précisent les enquêteurs de l'Olaf, qui ont tiqué sur cette rémunération qualifiée d'extrêmement élevée", écrit Marianne.

L'OLAF considère également que Marine Le Pen a produit un faux bulletin de salaire, ainsi qu'un contrat de travail dont la véracité est remise en cause. "Marine Le Pen a reconnu d'une part que les bulletins de salaire établis sur la période d'octobre à décembre 2011 […] n'ont jamais été payés et que d'autre part elle n'avait pas employé M. Légier pendant ces trois mois", estime le rapport.

En France, le parquet a ouvert une information judiciaire à la mi-décembre, sur foi du rapport de l'organisme anti-fraude.

340.000 euros d'impayés

L'OLAF épingle également un deuxième cas de salaire injustifié, celui de Catherine Griset, collaboratrice parlementaire de Marine Le Pen accréditée au Parlement européen entre 2010 et 2016, alors qu'elle est aussi son assistante depuis plusieurs années au siège du Front national, à Nanterre.

Elle n'a fourni "en réalité pas d'assistance directe dans les locaux du Parlement européen à sa députée comme requis par les règles en vigueur, mais vivait dans les environs de Paris et exerçait une activité auprès du parti", pointe du doigt l'organisme anti-fraude.

Suite aux doutes entourant ces deux postes d'assistants parlementaires,le Parlement réclame près de 340 000 euros à la présidente du FN, une somme correspondant aux salaires versés entre 2010 et 2016 à Thierry Léger et Catherine Griset. Marine Le Pen, qui a refusé de restituer ce montant, le voit depuis, déduit de ses indemnités parlementaires.

Le Front national réplique

La candidate à l'élection présidentielle a contre-attaqué en Belgique, déposant le 24 janvier dernier une plainte pour "faux" et "usage de faux" à l'encontre du secrétaire général du Parlement et du directeur de l'OLAF. Dans cette plainte, les avocats de Marine Le Pen dénoncent une "volonté de nuire à des fins politiciennes" à son action, ainsi que certaines irrégularités dans la procédure.

Concernant l'accusation d'emploi fictif de son garde du corps, Marine Le Pen a nié en bloc vendredi. "Je n'ai jamais rencontré les enquêteurs de l'OLAF. Mon garde du corps a été pendant un certain nombre de mois, pour quelques heures, mon assistant parlementaire. Le parlement européen savait très bien qu'il était présent", a-t-elle déclaré lors d'une visite dans le Jura.

Au Front national, les cadres du parti jugent eux aussi que leur présidente n'a rien à se reprocher. "Tout cela s'est fait en transparence", a déclaré Florian Philippot sur RTL, dénonçant "une affaire qui ne repose strictement sur rien". Un point de vue partagé par Nicolas Bay, qui pense que c'est "une démarche politique organisée par le Parlement européen contre les députés du Front national et Marine Le Pen".

Sur BFMTV, Louis Aliot s'est lui dit "serein". "Les Français le savent, il y a une enquête, nous répondrons à cette enquête. Je connais le dossier, je sais très bien ce qu'ont réalisé nos attachés parlementaires, il n'y a rien de fictif là-dedans", a-t-il assuré.