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Encore une année de perdue !

On avait naïvement crû que le naufrage du Joola, en 2002, allait servir de déclic pour les Sénégalais, en premier lieu pour les autorités, afin de faire leur introspection sur les drames que ne cessent de causer leurs actes d’indiscipline. Cette année encore, c’est peine perdue. Surtout que les autorités ont assez à faire depuis qu’un juge français a lancé des mandats d’arrêt à l’endroit de neuf responsables de l’administration sénégalaise dont un ancien Premier ministre.



Rédigé par leral.net le Vendredi 26 Septembre 2008 à 21:52 | | 0 commentaire(s)|

Encore une année de perdue !
Le sixième anniversaire du naufrage du Joola, ce vendredi, intervient dans un contexte bien particulier. Alors que le temps semblait étioler les revendications des associations de défense des familles des victimes, entre autres, la poursuite de l’enquête sur les raisons du drame, l’assistance des orphelins, le renflouement de l’épave du bateau…, le mandat d’arrêt lancé par le juge d’instruction du Tribunal de Grande instance d’Evry, Jean Wilfried Noël, apparaît comme un cheveu dans la soupe des autorités sénégalaises.

La réaction du chef de l’Etat du Sénégal démontre combien l’initiative du "petit juge" français a fait mal. Le Président Wade qui a constitué deux pools d’avocats chargés de défendre les mis en cause mais aussi de régler son compte à Jean Wilfried Noël, avant de dénoncer, à New York, cette propension des juges français à s’en prendre aux autorités africaines, ne néglige pas les derniers rebondissements intervenus dans cette affaire.

C’est d’ailleurs faire preuve de naïveté de penser que la plus grande catastrophe maritime de l’histoire du monde pouvait, en seulement six années, être rangée dans les tiroirs. Comme c’est souvent le cas au pays de la Téranga.

Il faut le dire, dans cette affaire, la justice sénégalaise n’est pas allée jusqu’au bout des choses. Aucune sanction pénale n’a été retenue à l’encontre de personnalités dont la responsabilité et peut être même la culpabilité ne font l’ombre d’aucun doute dans la mort de près de 2000 personnes.

L’indemnisation des familles des victimes était une étape certes nécessaire dans la gestion de cette affaire par l’Etat du Sénégal, mais beaucoup trop insuffisante pour sécher les larmes ou même assurer une prise en charge scolaire à la progéniture de ceux ou celles qui ont perdu leur vie dans le Joola.

C’est en ce sens que les revendications du Comité d’initiative pour le mémorial Musée/Le Joola qui regroupe la plupart des associations des familles des victimes, sont pertinentes. Et c’est certainement faute d’avoir un soutien solide auprès des autorités de leur pays que ce comité a décidé de soutenir "sans réserve" la décision de réouverture du dossier par un juge d’instruction français. La nouvelle tournure politico-judiciaire, dont l’issue est connue d’avance, prise par la gestion de cette affaire n’est pas forcément à l’avantage des familles des victimes.

A défaut d’avoir pu empêcher le naufrage du Joola, on attendait de la part des autorités qu’elles fassent preuve de plus de tendresse en faveur des orphelins et que la sentence tombe sur les responsables de cette bavure.

C’est seulement ainsi que les dirigeants sénégalais peuvent lancer un signal fort à l’endroit de l’ensemble des populations qui n’ont, hélas ! pas mis du temps à oublier les contrecoups de leurs actes d’indiscipline suicidaire. Chaque annniversaire devrait au moins servir à mener une sensibilisation autour de ces questions. C’est encore une occasion de ratée. Pour la sixième fois.
source africanglobalnews




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