Le Procureur spécial de la Cour de répression de l’enrichissement illicite a dévoilé une liste de personnalités de l’ancien régime qui doivent être poursuivies dans le cadre de la traque des biens mal acquis. Qu’est-ce que vous en pensez ?
La sortie d’Alioune Ndao est une catastrophe. Le Procureur spécial liste des personnes qui sont des dignitaires de l’ancien régime. Cela veut dire que ne sont visés que ceux du régime de Wade. Mais, si on parle d’anciens du régime de Wade qu’il faille convoquer devant la Cour de répression de l’enrichissement illicite, le premier qui devait être convoqué est l’actuel président de la République, Macky Sall.
Pourquoi convoquer Macky Sall ?
Parce que Macky Sall est venu dans la production en 1998 avec un salaire de 600 mille FCFA. Dans sa déclaration de patrimoine, il nous exhibe, sans montrer ce qui est caché, cinq à six milliards de FCFA. Voilà la vraie personne qu’il fallait convoquer. Si certains de ceux qui ont eu à être dans des postes de responsabilité montrent des signes d’enrichissement illicite, il faut les convoquer, tous sans exception. Macky Sall qui a été directeur général d’une société en 2000 et qui a quitté l’Assemblée en 2008 nous dit qu’il a plus de cinq milliards. C’est extrêmement grave.
Pourtant Macky Sall a expliqué l’origine de sa fortune. Il dit que certains de ses biens lui ont été offerts par des amis…
Mais ça n’empêche pas au Procureur de le convoquer. Les autres convoqués vont donner la même réponse que Macky Sall. Je leur conseille de dire que c’est leurs amis qui leur ont offert certains de leurs biens. Et le problème est réglé.
Vous pensez que Macky Sall a sous-évalué son patrimoine ?
Oui !
Vous estimez sa fortune à combien ?
Je ne sais pas. C’est à lui de le dire. Mais je sais que Macky a commencé à travailler en 1998 et il habitait dans une petite maison, chambre à coucher et salon en même temps. En 2012, il fait sa déclaration de patrimoine et les Sénégalais découvrent qu’il est à la tête d’une fortune de plus de cinq milliards. Il s’est même permis d’acheter un immeuble aux Etats-Unis. C’est tout simplement scandaleux. Moi, j’ai commencé à travailler en 1968. En 1998, je gagnais deux salaires. Un salaire de 600 mille FCFA à l’Assemblée nationale, un autre de 1 million à la Sncdf. Et pourtant, je n’ai pas ce patrimoine. C’est parce que Macky a fait des choses que je n’ai pas faites. Il s’est enrichi de manière illicite. Il faut le convoquer si on ne veut pas d’une justice sélective.
Mais pour un nouveau pouvoir qui vient de s’installer, n’est-il pas normal de faire l’état des lieux ?
Je suis d’accord pour l’état des lieux. Tous les soirs, il faut que le commerçant fasse l’inventaire de sa boutique pour connaître sa situation patrimoniale. C’est une obligation de gestion dans toute entreprise qui se respecte. L’Etat aussi doit le faire surtout s’il y a de nouveaux dirigeants qui viennent de s’installer. Ne pas le faire serait une faute. Mais, on ne veut d’une justice sélective. On ne peut pas soustraire Macky Sall des dignitaires de l’ancien régime. Il était avec nous au pouvoir de 2000 à 2008.
Votre gestion à la tête du pays a été décriée par beaucoup de Sénégalais. Est-ce que certains d’entre vous ne risquent pas d’avoir des problèmes avec la justice ?
Là n’est pas mon problème mais celui de la justice. Mon problème, moi, en tant qu’homme politique, et mon parti, c’est que cette justice ne soit pas sélective. Ceux qui avaient une petite parcelle avant 2000 et qui se retrouvent aujourd’hui avec des immeubles doivent aussi répondre devant la justice.
Les libéraux demandent la démission du Premier ministre. Pourquoi le Pds réclame la tête d’Abdoul Mbaye ?
C’est le Président de la République lui-même qui nous a donné des indications qu'Abdoul Mbaye était un blanchisseur d’argent. Quand Macky Sall est sorti de la mosquée, après la prière de la Tabaski, il a dit : « ceux qui aiment l’argent facile et qui s’enrichissent de manière illicite, ceux qui font des trafics d’influence et qui sont dans mon entourage ». Derrière lui, je voyais son Premier ministre et son ministre de l’Intérieur de l’époque.
Et vous, vous avez pensé qu’il faisait allusion à son Premier ministre ?
Mais oui ! Abdoul Mbaye nous a dit qu’il a pris de Hissein Habré l’argent provenant des caisses du Tchad et qu’il l’a blanchi. Aujourd’hui, les employés de la Bceao (Ndlr : Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest) se soulèvent pour contredire le PM. Cette indication, c’est Macky Sall qui nous l’a donnée. Peut-être, il se prépare à limoger son Premier ministre et on va l’aider.
Mais Abdoul Mbaye a dit qu’il avait pris l’argent de Habré avec l’assentiment des autorités de l’époque…
C’est trop facile ! Abdou Diouf (Ndlr : ancien président de la République du Sénégal), son ex Premier ministre Habib Thiam, son ex ministre des Affaires étrangères, Moustapha Niasse et son ex ministre de l’Economie et des Finances doivent se prononcer sur ce qu’a dit Abdoul Mbaye. Ils étaient les tenants du pouvoir à l’époque où Habré débarquait au Sénégal. Ils ont donc l’obligation de nous dire comment et pourquoi ils ont donné cette autorisation de blanchir cet argent. Et Abdoul Mbaye doit nous apporter des preuves de l’autorisation qu’il a eue. Si le PM a eu l’assentiment des autorités de l’époque, ces dernières sont donc complices du détournement de l'argent des Tchadiens. D’ailleurs quand on demande une autorisation, cela veut dire qu’il y a une interdiction. Abdoul Mbaye a donc avoué qu’il était interdit de recevoir l’argent e Habré.
Voulez-vous dire que Macky Sall veut donc se séparer de son Premier ministre ?
C’est tout comme ! Macky Sall a choisi un jour solennel, la Tabaski et après avoir prié en direction de Dieu, il a donné une information de taille. Il dit : « Dans mon entourage, certains de mes proches ont eu à commettre des actes de blanchiment d’argent et font du trafic d’influence ». Quand j’ai regardé derrière le Président, j’ai pensé tout de suite à Abdoul Mbaye, Mbaye Ndiaye et peut-être ceux qui n’étaient pas venus prier avec lui à la mosquée. C’est une indication très claire donnée par le président de la République.
Macky Sall a remanié son gouvernement. Quelle lecture faites-vous de la nouvelle équipe du président de la République ?
Le gouvernement a été remanié pour plus d’efficacité et plus d’efficience selon le Premier ministre. Cela veut dire que ceux qui sont sortis ne sont ni efficaces ni efficients.
Comment analysez-vous les départs du gouvernement de Mbaye Ndiaye et d’Alioune Badara Cissé, deux des premiers compagnons de Macky Sall ?
Ceux qui sont sortis ne sont ni efficaces ni efficients d’après le Premier ministre. Et Mbaye Ndiaye et Mbaye Ndiaye qui ont été virés du gouvernement sont les premiers collaborateurs du président de la République au plan politique. Je reprends les termes de Youssou Touré : « L’Alliance pour la République (Ndlr : le parti au pouvoir) est dans un mécontentement général et généralisé ». Si ces gens ont été virés, c’est parce qu’ils sont dans les griefs qui sont portés sur le gouvernement à savoir argent sale, drogue et trafic d’influence.
En limogeant deux de ses plus proches collaborateurs, Macky Sall n’a-t-il pas placé le la Patrie avant le Parti, comme le veulent les Sénégalais ?
Je ne pense pas que la Patrie soit devant le Parti. Macky Sall a sorti deux (ministres) et il a engagé d’autres responsables de son parti. Dans ce nouveau gouvernement, l’effectif des ministres Apéristes est plus important. Il ne faut pas se leurrer. Ceux qui sont sortis devaient quitter le gouvernement. C’est le cas de l’Allemand.
Vous faites allusion à Abdou Lô ?
Mais oui ! On a sorti l’Allemand mais il reste le Français et le Burkinabé.
Qui sont-ils ?
Vous le saurez.
Vous pensez que Macky a bien fait de limoger Abdou Lô ?
C’est une excellente chose ! Si on était en guerre avec l’Allemagne, Abdou Lô prendrait une bombe et la jetterait dans la salle du Conseil des ministres. Parce qu’il a choisi de renier à sa nationalité. Ce que le député Abdoulaye Makhtar Diop, représentant du peuple, appelle renégat. Abdou Lô s’est réveillé un bon jour pour dire : « je ne veux plus être Sénégalais mais Allemand ». Il n’a pas le droit d’occuper des fonctions nationales. Je vais même aller plus loin. Ceux qui ont pensé, à un certain moment de leur vie, qu’il fallait que leurs épouses accouchent aux Etats-Unis pour avoir un bébé américain ne méritent de notre pays. Je suis désolé.
Mais, il y avait des responsables qui avaient une double-nationalité dans les gouvernements de Wade...
(Il coupe) Vous me parlez de double-nationalité. Vous pouvez aller en vacances en France avec votre épouse. Quand cette dernière accouche, naturellement le bébé a la nationalité du sol. Mais, ce n’est pas le cas d’Abdou Lô qui a grandi chez nous et est allé à l’école avec nos impôts. Il a est devenu quelque chose et après il a dit : « la nationalité sénégalaise ne me colle plus. Je n’aime plus le Sénégal, je vais devenir Allemand ». Il a pris un acte écrit pour renier à sa nationalité. Et les gens comme lui ne devraient même pas être acceptés sur notre territoire parce qu’il s’agit ici d’un acte volontaire. Ils n’ont pas le droit d’occuper une fonction politique ou étatique.
Quel bilan tirez-vous des sept premiers mois de Macky Sall à la tête du pays ? Répond-il aux attentes des Sénégalais ?
Du tout ! Macky Sall est en train de rassembler tous les agrégats d’un soulèvement social. Il y a eu le « 23 juin » qui est la conséquence des attitudes de l’ancien régime. Aujourd’hui, nous sommes en train de préparer plusieurs « 23 juin ».
Le bilan de Macky est-il si mauvais que ça ?
Le service de sécurité est démobilisé. Les policiers et les gendarmes qui ont eu des accidents dans l’exercice de leurs fonctions et dans le commandement sont mis en prison. Alors vous pensez que ces hommes de tenue vont faire ce que Harouna Sy pour faire face à des manifestants ? C’est ce qui s’est passé avec la manifestation du 22 octobre dernier. Ce n’était pas les Thiantacounes qui ont mis Dakar sens dessus, sens dessous ce jour-là. Nous avons vu ce qui s’est passé à Foundiougne. Il y avait là-bas des membres des partis politiques, de la société civile prenant le micro pour plaider la cause des populations ? Non ! Les populations ont compris aujourd’hui qu’elles ont le droit de manifester. Nous, opposants, n’allons jamais manifester avec des Thiantacounes à la Place de l’Obélisque parce que ce n’est pas notre rôle. Mais, il faut que Macky Sall et ses alliés sachent qu’ils vont récolter ce qu’ils ont semé.
Où sont les imams qui dénonçaient les coupures de courant ? Où est la société civile par rapport au dossier Béthio Thioune à qui on accuse de complicité de meurtre ? Et par rapport à Barthélémy Dias qui a dit publiquement qu’il a tué et qui se retrouve aujourd’hui député à l’Assemblée nationale ? Et Moustapha Niasse, qui disait lors de la campagne de l’élection présidentielle passée qu’on a la possibilité de réduire de 65% le prix du carburant ? Qu’est-ce que M. Niasse attend pour faire une proposition à Macky Sall pour que le litre d’essence qui coûte 700 FCFA soit vendu à 300 FCFA ? Où est la diminution des denrées de première nécessité ?
Le gouvernement avait annoncé une baisse sur le prix des denrées de première nécessité…
Quelle baisse ? Les prix sont supérieurs à ceux d’avant 2012. Macky Sall a pris la décision d’augmenter 150 mille FCFA sur le salaire des députés. Où est la diminution ? Comment peut-on récupérer six cents véhicules « volés », les garer et aller acheter sans appel d’offres de nouveaux véhicules ? Ces gens ont été élus pour faire mieux que nous mais aujourd’hui mais ils sont en train de rassembler des agrégats d’un soulèvement populaire.
Est-ce qu’un nouveau régime peut régler tous les problèmes en sept mois seulement ?
Sept mois, c’est peu ! Mais Macky devait prendre la bonne direction. Notre avion, en décollant de l’aéroport, devait prendre le chemin de la diminution des prix. Mais, il a pris la voie de la hausse des prix, de la suppression d’emplois et d’une justice inéquitable. Si la tour de contrôle que nous sommes ne demande pas au pilote de revenir prendre une autre direction alors, nous allons le forcer.
A suivre...
Entretien réalisé par la rédaction de Leral
La sortie d’Alioune Ndao est une catastrophe. Le Procureur spécial liste des personnes qui sont des dignitaires de l’ancien régime. Cela veut dire que ne sont visés que ceux du régime de Wade. Mais, si on parle d’anciens du régime de Wade qu’il faille convoquer devant la Cour de répression de l’enrichissement illicite, le premier qui devait être convoqué est l’actuel président de la République, Macky Sall.
Pourquoi convoquer Macky Sall ?
Parce que Macky Sall est venu dans la production en 1998 avec un salaire de 600 mille FCFA. Dans sa déclaration de patrimoine, il nous exhibe, sans montrer ce qui est caché, cinq à six milliards de FCFA. Voilà la vraie personne qu’il fallait convoquer. Si certains de ceux qui ont eu à être dans des postes de responsabilité montrent des signes d’enrichissement illicite, il faut les convoquer, tous sans exception. Macky Sall qui a été directeur général d’une société en 2000 et qui a quitté l’Assemblée en 2008 nous dit qu’il a plus de cinq milliards. C’est extrêmement grave.
Pourtant Macky Sall a expliqué l’origine de sa fortune. Il dit que certains de ses biens lui ont été offerts par des amis…
Mais ça n’empêche pas au Procureur de le convoquer. Les autres convoqués vont donner la même réponse que Macky Sall. Je leur conseille de dire que c’est leurs amis qui leur ont offert certains de leurs biens. Et le problème est réglé.
Vous pensez que Macky Sall a sous-évalué son patrimoine ?
Oui !
Vous estimez sa fortune à combien ?
Je ne sais pas. C’est à lui de le dire. Mais je sais que Macky a commencé à travailler en 1998 et il habitait dans une petite maison, chambre à coucher et salon en même temps. En 2012, il fait sa déclaration de patrimoine et les Sénégalais découvrent qu’il est à la tête d’une fortune de plus de cinq milliards. Il s’est même permis d’acheter un immeuble aux Etats-Unis. C’est tout simplement scandaleux. Moi, j’ai commencé à travailler en 1968. En 1998, je gagnais deux salaires. Un salaire de 600 mille FCFA à l’Assemblée nationale, un autre de 1 million à la Sncdf. Et pourtant, je n’ai pas ce patrimoine. C’est parce que Macky a fait des choses que je n’ai pas faites. Il s’est enrichi de manière illicite. Il faut le convoquer si on ne veut pas d’une justice sélective.
Mais pour un nouveau pouvoir qui vient de s’installer, n’est-il pas normal de faire l’état des lieux ?
Je suis d’accord pour l’état des lieux. Tous les soirs, il faut que le commerçant fasse l’inventaire de sa boutique pour connaître sa situation patrimoniale. C’est une obligation de gestion dans toute entreprise qui se respecte. L’Etat aussi doit le faire surtout s’il y a de nouveaux dirigeants qui viennent de s’installer. Ne pas le faire serait une faute. Mais, on ne veut d’une justice sélective. On ne peut pas soustraire Macky Sall des dignitaires de l’ancien régime. Il était avec nous au pouvoir de 2000 à 2008.
Votre gestion à la tête du pays a été décriée par beaucoup de Sénégalais. Est-ce que certains d’entre vous ne risquent pas d’avoir des problèmes avec la justice ?
Là n’est pas mon problème mais celui de la justice. Mon problème, moi, en tant qu’homme politique, et mon parti, c’est que cette justice ne soit pas sélective. Ceux qui avaient une petite parcelle avant 2000 et qui se retrouvent aujourd’hui avec des immeubles doivent aussi répondre devant la justice.
Les libéraux demandent la démission du Premier ministre. Pourquoi le Pds réclame la tête d’Abdoul Mbaye ?
C’est le Président de la République lui-même qui nous a donné des indications qu'Abdoul Mbaye était un blanchisseur d’argent. Quand Macky Sall est sorti de la mosquée, après la prière de la Tabaski, il a dit : « ceux qui aiment l’argent facile et qui s’enrichissent de manière illicite, ceux qui font des trafics d’influence et qui sont dans mon entourage ». Derrière lui, je voyais son Premier ministre et son ministre de l’Intérieur de l’époque.
Et vous, vous avez pensé qu’il faisait allusion à son Premier ministre ?
Mais oui ! Abdoul Mbaye nous a dit qu’il a pris de Hissein Habré l’argent provenant des caisses du Tchad et qu’il l’a blanchi. Aujourd’hui, les employés de la Bceao (Ndlr : Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest) se soulèvent pour contredire le PM. Cette indication, c’est Macky Sall qui nous l’a donnée. Peut-être, il se prépare à limoger son Premier ministre et on va l’aider.
Mais Abdoul Mbaye a dit qu’il avait pris l’argent de Habré avec l’assentiment des autorités de l’époque…
C’est trop facile ! Abdou Diouf (Ndlr : ancien président de la République du Sénégal), son ex Premier ministre Habib Thiam, son ex ministre des Affaires étrangères, Moustapha Niasse et son ex ministre de l’Economie et des Finances doivent se prononcer sur ce qu’a dit Abdoul Mbaye. Ils étaient les tenants du pouvoir à l’époque où Habré débarquait au Sénégal. Ils ont donc l’obligation de nous dire comment et pourquoi ils ont donné cette autorisation de blanchir cet argent. Et Abdoul Mbaye doit nous apporter des preuves de l’autorisation qu’il a eue. Si le PM a eu l’assentiment des autorités de l’époque, ces dernières sont donc complices du détournement de l'argent des Tchadiens. D’ailleurs quand on demande une autorisation, cela veut dire qu’il y a une interdiction. Abdoul Mbaye a donc avoué qu’il était interdit de recevoir l’argent e Habré.
Voulez-vous dire que Macky Sall veut donc se séparer de son Premier ministre ?
C’est tout comme ! Macky Sall a choisi un jour solennel, la Tabaski et après avoir prié en direction de Dieu, il a donné une information de taille. Il dit : « Dans mon entourage, certains de mes proches ont eu à commettre des actes de blanchiment d’argent et font du trafic d’influence ». Quand j’ai regardé derrière le Président, j’ai pensé tout de suite à Abdoul Mbaye, Mbaye Ndiaye et peut-être ceux qui n’étaient pas venus prier avec lui à la mosquée. C’est une indication très claire donnée par le président de la République.
Macky Sall a remanié son gouvernement. Quelle lecture faites-vous de la nouvelle équipe du président de la République ?
Le gouvernement a été remanié pour plus d’efficacité et plus d’efficience selon le Premier ministre. Cela veut dire que ceux qui sont sortis ne sont ni efficaces ni efficients.
Comment analysez-vous les départs du gouvernement de Mbaye Ndiaye et d’Alioune Badara Cissé, deux des premiers compagnons de Macky Sall ?
Ceux qui sont sortis ne sont ni efficaces ni efficients d’après le Premier ministre. Et Mbaye Ndiaye et Mbaye Ndiaye qui ont été virés du gouvernement sont les premiers collaborateurs du président de la République au plan politique. Je reprends les termes de Youssou Touré : « L’Alliance pour la République (Ndlr : le parti au pouvoir) est dans un mécontentement général et généralisé ». Si ces gens ont été virés, c’est parce qu’ils sont dans les griefs qui sont portés sur le gouvernement à savoir argent sale, drogue et trafic d’influence.
En limogeant deux de ses plus proches collaborateurs, Macky Sall n’a-t-il pas placé le la Patrie avant le Parti, comme le veulent les Sénégalais ?
Je ne pense pas que la Patrie soit devant le Parti. Macky Sall a sorti deux (ministres) et il a engagé d’autres responsables de son parti. Dans ce nouveau gouvernement, l’effectif des ministres Apéristes est plus important. Il ne faut pas se leurrer. Ceux qui sont sortis devaient quitter le gouvernement. C’est le cas de l’Allemand.
Vous faites allusion à Abdou Lô ?
Mais oui ! On a sorti l’Allemand mais il reste le Français et le Burkinabé.
Qui sont-ils ?
Vous le saurez.
Vous pensez que Macky a bien fait de limoger Abdou Lô ?
C’est une excellente chose ! Si on était en guerre avec l’Allemagne, Abdou Lô prendrait une bombe et la jetterait dans la salle du Conseil des ministres. Parce qu’il a choisi de renier à sa nationalité. Ce que le député Abdoulaye Makhtar Diop, représentant du peuple, appelle renégat. Abdou Lô s’est réveillé un bon jour pour dire : « je ne veux plus être Sénégalais mais Allemand ». Il n’a pas le droit d’occuper des fonctions nationales. Je vais même aller plus loin. Ceux qui ont pensé, à un certain moment de leur vie, qu’il fallait que leurs épouses accouchent aux Etats-Unis pour avoir un bébé américain ne méritent de notre pays. Je suis désolé.
Mais, il y avait des responsables qui avaient une double-nationalité dans les gouvernements de Wade...
(Il coupe) Vous me parlez de double-nationalité. Vous pouvez aller en vacances en France avec votre épouse. Quand cette dernière accouche, naturellement le bébé a la nationalité du sol. Mais, ce n’est pas le cas d’Abdou Lô qui a grandi chez nous et est allé à l’école avec nos impôts. Il a est devenu quelque chose et après il a dit : « la nationalité sénégalaise ne me colle plus. Je n’aime plus le Sénégal, je vais devenir Allemand ». Il a pris un acte écrit pour renier à sa nationalité. Et les gens comme lui ne devraient même pas être acceptés sur notre territoire parce qu’il s’agit ici d’un acte volontaire. Ils n’ont pas le droit d’occuper une fonction politique ou étatique.
Quel bilan tirez-vous des sept premiers mois de Macky Sall à la tête du pays ? Répond-il aux attentes des Sénégalais ?
Du tout ! Macky Sall est en train de rassembler tous les agrégats d’un soulèvement social. Il y a eu le « 23 juin » qui est la conséquence des attitudes de l’ancien régime. Aujourd’hui, nous sommes en train de préparer plusieurs « 23 juin ».
Le bilan de Macky est-il si mauvais que ça ?
Le service de sécurité est démobilisé. Les policiers et les gendarmes qui ont eu des accidents dans l’exercice de leurs fonctions et dans le commandement sont mis en prison. Alors vous pensez que ces hommes de tenue vont faire ce que Harouna Sy pour faire face à des manifestants ? C’est ce qui s’est passé avec la manifestation du 22 octobre dernier. Ce n’était pas les Thiantacounes qui ont mis Dakar sens dessus, sens dessous ce jour-là. Nous avons vu ce qui s’est passé à Foundiougne. Il y avait là-bas des membres des partis politiques, de la société civile prenant le micro pour plaider la cause des populations ? Non ! Les populations ont compris aujourd’hui qu’elles ont le droit de manifester. Nous, opposants, n’allons jamais manifester avec des Thiantacounes à la Place de l’Obélisque parce que ce n’est pas notre rôle. Mais, il faut que Macky Sall et ses alliés sachent qu’ils vont récolter ce qu’ils ont semé.
Où sont les imams qui dénonçaient les coupures de courant ? Où est la société civile par rapport au dossier Béthio Thioune à qui on accuse de complicité de meurtre ? Et par rapport à Barthélémy Dias qui a dit publiquement qu’il a tué et qui se retrouve aujourd’hui député à l’Assemblée nationale ? Et Moustapha Niasse, qui disait lors de la campagne de l’élection présidentielle passée qu’on a la possibilité de réduire de 65% le prix du carburant ? Qu’est-ce que M. Niasse attend pour faire une proposition à Macky Sall pour que le litre d’essence qui coûte 700 FCFA soit vendu à 300 FCFA ? Où est la diminution des denrées de première nécessité ?
Le gouvernement avait annoncé une baisse sur le prix des denrées de première nécessité…
Quelle baisse ? Les prix sont supérieurs à ceux d’avant 2012. Macky Sall a pris la décision d’augmenter 150 mille FCFA sur le salaire des députés. Où est la diminution ? Comment peut-on récupérer six cents véhicules « volés », les garer et aller acheter sans appel d’offres de nouveaux véhicules ? Ces gens ont été élus pour faire mieux que nous mais aujourd’hui mais ils sont en train de rassembler des agrégats d’un soulèvement populaire.
Est-ce qu’un nouveau régime peut régler tous les problèmes en sept mois seulement ?
Sept mois, c’est peu ! Mais Macky devait prendre la bonne direction. Notre avion, en décollant de l’aéroport, devait prendre le chemin de la diminution des prix. Mais, il a pris la voie de la hausse des prix, de la suppression d’emplois et d’une justice inéquitable. Si la tour de contrôle que nous sommes ne demande pas au pilote de revenir prendre une autre direction alors, nous allons le forcer.
A suivre...
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