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Éric Philibert, Monsieur Lamantin Beach

De la plus haute de ses cinq étoiles, le Lamantin Beach est incontournable sur la petite côte. Eric Philibert son directeur, l’est tout autant. Tant et si bien que dans l’imaginaire commun, les deux noms ont fini par se confondre, quoique l’intéressé s’en défende. Entretien.


Rédigé par leral.net le Mardi 25 Octobre 2016 à 13:54 | | 0 commentaire(s)|

Éric Philibert, Monsieur Lamantin Beach

Simple et affable, Eric Philibert met le succès de la structure sur le compte de toute son équipe. Exigeant, il ne considère pas le Sénégal comme une free zoneoù normes d’excellence et sens du travail devraient être revus à la baisse au prétexte que « c’est l’Afrique ». Mais comme un pays d’opportunités, de térangaeffective, une place où il fait bon travailler et vivre, où il fait bon vivre et travailler. Ce, malgré divers désagréments qui ont émaillé son parcours professionnel et personnel. Entretien avec un optimiste dont le métier s’esquisse bien plus qu’une simple profession : une passion, portée par une vision sans horizons.


Bonjour, pouvez-vous vous présenter ?

Je suis Eric Philibert, directeur et associé de l’hôtel Lamantin Beach de Saly.

Depuis combien de temps occupez- vous cette station ?

Depuis le 14 février 2005, juste après le diner de Saint valentin qui était déjà très bon à l’époque !

Qu’est ce qui explique votre longévité ?

Le fait que le pays me plaise, surtout les capacités de la population, jamais je n’ai eu d’aussi bons résultats sur un hôtel qu’au Sénégal et une aussi grande satisfaction, Le Lamantin, c’est une formule 1 qui est très agréable à piloter et j’y suis associé !

Pouvez-vous nous brosser l’historique du Lamantin ?

Le groupe Touly, promoteur depuis 35 ans en France est une entreprise familiale. Il y quelques années, Monsieur Touly a décidé d’étendre ses investissements à l’étranger, et plus particulièrement au Sénégal depuis 1997. En effet, après 10 années de vacances (principalement pour la pêche au gros et la chasse) il est tombé amoureux de la destination. Plus de 600 villas ont été réalisées en para hôtellerie.

Dans le cadre d’une diversification d’activités, le groupe a construit à Saly sur la Petite Côte, le Lamantin Beach Hôtel ; un établissement 5 étoiles de 146 chambres, le premier centre de balnéothérapie du Sénégal et le plus important centre de pêche sportive d’Afrique de l’Ouest.

Le Lamantin Beach Hôtel a été inauguré le 19 juin 2004 en présence du ministre du tourisme et des transports du Sénégal Monsieur Ousmane Masseck Ndiaye et de nombreuses personnalités

Après quelques années passées au sein du groupe, Bertrand Touly, 30 ans, le fils du promoteur, prend la direction de la société de gestion hôtelière. « Eric Philibert est le directeur depuis mars 2005. Diplômé de l’école hôtelière de Lausanne, issu d’une formation de management chez McDonalds, d’une grande expérience des bateaux de croisière de Luxe aux Etats Unis, il a participé depuis ces huit dernières années à de nombreuses ouvertures d’hôtels aux Caraïbes en passant par un séjour à Eurodisney, il quitte la Guadeloupe et la direction d’un hôtel de charme l’Eden Palm pour prendre la direction du Lamantin Beach Hôtel, l’un des fleurons de l’hôtellerie sénégalaise ».

Pouvez-vous revenir sur l’incendie qui s’y est déclaré et nous relater comment le personnel et vous avez vécu les choses de l’intérieur ?

Incendie le 17 janvier 2011, nous étions en pleine croissance. L’enquête a révélé que l’origine de l’incendie provenait de la maison de Maître Wade (ancien président du Sénégal Ndlr ) voisine de l’hôtel. Madame Viviane Wade selon l’enquête de gendarmerie aurait ordonné à ses jardiniers de brûler des herbes sèches et c’est ainsi que 60 maisons et l’hôtel Lamantin sont partis en fumée.

Nous avons décidé de conserver notre équipe et de continuer à rémunérer les gens. Nous avions pour occuper nos équipes ouvert trois commerces devant l’hôtel : une boulangerie-pâtisserie, une boutique et un centre d’esthétique. Nous avons été très rapides à reconstruire et avons pu, comme prévu ouvrir dans la même année un Lamantin plus grand, plus beau, plus fort et plus sécuritaire.

Nous étions donc tous très motivés pour rouvrir notre bijou et à le faire marcher comme jamais pour, le plus vite possible, reprendre notre place de Leader sur notre segment : l’hôtellerie de loisirs.

La reprise des activités au sein de l’hôtel fut-elle tâche ardue ? A quelle date eut-elle lieu ?

Officiellement le 4 décembre mais dés le 1er décembre 2011, nous recevions déjà un Eductour de professionnels envoyés par notre partenaire historique Thomas Cook. Non, cela fut un plaisir pour tous, un moment de joie inoubliable surtout le 31/12 lorsque nous avons avec toute l’équipe remercié Jean et Bertrand Touly sur la scène et devant les nombreux clients présents pour avoir eu le courage de refinancer l’hôtel.

Avez-vous retrouvé un taux d’occupation des chambres similaire à l’époque d’avant incendie ?

Oui le taux d’occupation est le même mais il est calculé sur plus de chambres, ce qui fait plus de chambres vendues qu’auparavant.

Vous avez été blanchi quant aux graves accusations que certains organes de presse avaient proférées à votre égard. Et votre opposite, condamné à vous verser la somme de 2.000.000 Cfa. Le tribunal a d’autre part ordonné la de publication dudit jugement dans divers organes de presse. Pour rappel, vous étiez accusé de trafic de drogue, de délit de fuite : un scenario digne de James Bond. Ces calomnies vous ont-elles étonné et durement affecté à l’époque ?

Oui mais c’est chose oubliée, mais rien ne pourra effacer cette diffamation. La justice a fait son travail, le montant des indemnités sera versé à l’association AAE de Joal (scolarisation d’enfants démunis) dont je suis le trésorier.

Pour le caucasien à peau pâle que vous êtes, quel effet cela fait-il d’être blanchi ? Cela décape-t-il ?

Quand on n’a rien fait, on ne s’étonne pas d’être blanchi !

Ces accusations avaient pour toile de fond le Lamantin Beach. Selon vous, pourquoi suscite t’il tant de fantasmes qui pour la plupart, se révèlent fausses ?

Je ne me suis jamais posé la question mais sans doute parce qu’on existe et que ça se sait !

En tant que responsable des lieux, comment vivez-vous les attaques ad personam ?

Les chiens aboient et la caravane passe. Nos équipes et nous-mêmes travaillons dur afin de toujours nous positionner à un niveau international, nous n’avons pas le temps d’écouter le bruit de la rue et même si, nous n’y trouverions aucun intérêt !

Voyez-vous cela comme une tentative de déstabilisation orchestrée contre vous personnellement ou contre l’hôtel ?

Je pense plutôt qu’il y a eu une tentative d’escroquerie à travers une association de malfaiteurs avec la complicité de certains journalistes qui se sont rendus coupables de diffamation, aujourd’hui la justice a été rendue et aussi bien les escrocs que les journalistes ont été condamnés. Le Sénégal a une véritable justice et elle a fait son travail.

Des supputations quant aux motivations des instigateurs ?

Gagner de l’argent sans travailler alors qu’il est si facile de travailler et de transpirer son argent.

A l’heure d’aujourd’hui, comment s’augure l’avenir du Lamantin Beach ?

Nous allons encore progresser, nous sommes en pleine démarche de mise à niveau avec un nouveau chef exécutif de cuisine, Philippe Trichard qui vient travailler aux côtés de notre chef Aminata Baro, avec la rénovation en cours de nos chambres les plus vieilles et avec un petit matériel hébergement et restauration tout neuf et surtout à la mode ! Nous mettons actuellement aussi en place un système de qualité avec une auto contrôle et avons embauché une spécialiste en la matière pour nous y aider Fabienne David.

Des personnes spécialisées dans l’environnement accusent la digue du Lamantin du désensablement de la baie. Que répondez-vous à cela ?

Le Lamantin n’a rien à voir avec le désensablement des plages pour plusieurs raisons.
D’abord, le phénomène se trouve sur toute la côte africaine. Qui donc est responsable de le quasi disparition du village de Djifer, de l’érosion à Rufisque, à Palmarin ? Ensuite, il y a maintenant 14 ans, des promoteurs de résidences hôtelières ont constaté un début d’érosion et pour protéger leurs constructions ont construit des digues en toute légalité car à l’époque, personne ne s’y intéressait et ne personne venait en aide comme va de le faire la Banque Mondiale avec ce gigantesque projet de ré ensablement.

Le port devant le Lamantin – qui n’est pas le port du Lamantin – a été creusé sur terre et non pas réalisé sur la mer : il n’a donc pas causé ce phénomène. Une étude d’impact environnemental avait été faite en son temps – bien avant la construction du Lamantin Beach – et les autorisations avaient été données.

Le Lamantin est un hôtel qui n’a rien strictement à voir avec les résidences ou avec les digues. Le Lamantin n’a jamais construit de digues. Tous les ouvrages réalisés par les promoteurs de l’époque ont été dûment autorisés et les études ont été faites. Les ouvrages devant notre hôtel ne se sont pas faites en une nuit, et encore moins à l’insu des autorités compétentes puisque ces ouvrages ont duré plusieurs années ! Je n’étais pas encore au Sénégal à l’époque, je ne vous rapporte que ce qui m’a été expliqué.

Votre avis sur la disparition des plages enregistrée à Saly ?

C’est dramatique mais la Banque mondiale et l’APIX nous ont présenté un très beau projet et sous deux années, Saly devrait retrouver ses plages.

La diminution des espaces plages n’aura-t-elle pas d’incidence sur l’attrait et par conséquent le taux de fréquentation de la zone donc, sur toute structure hôtelière y opérant ?

Oui les conséquences se sentent déjà chez mes collègues mais cela ne sera qu’un mauvais souvenir bientôt.

Que représente le Sénégal à vos yeux de résident ?

Un merveilleux pays. Une population formidable. Un pays laïque où il fait bon vivre, où musulmans et catholiques cohabitent dans des relations fraternelles, un exemple de démocratie, de laïcité, de stabilité pour toute l’Afrique.

Un dernier mot ?

Les malheurs que nous avons traversés ont fait de nous une grande famille, une équipe soudée et unie autour du même objectif : satisfaire le client par un professionnalisme absolu. Nous sommes reconnaissants et très fiers de nos équipes. Nous les remercions d’avoir eu confiance en nous.

Le tourisme au Sénégal passe des moments difficiles, mais personne ne doit baisser les bras, les professionnels doivent s’unir pour aller chercher de nouveaux marchés émetteurs et pour accompagner l’Etat dans cette démarche. Nous avons une formidable population, accueillante, serviable, volontaire et devons absolument lui faire bénéficier d’une industrie touristique forte.

 

Irène Idrisse  http://au-senegal.com/

 


Ndèye Fatou Kébé