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Escroquerie et abus sexuels : Le faux petit-fils de Baye Niass, la banquière, les millions et le sexe

P. S. Ndiaye, faux petit-fils de Cheikh Ibrahima Niass dit "Baye", a été placé sous mandat de dépôt, hier, pour escroquerie et abus sexuels. Mohamed Ibrahima Niass avait usé de manœuvres frauduleuses pour s'approcher d'une banquière avant d'abuser d'elle et de la gruger de plusieurs millions FCfa. Retour sur une torride affaire de charlatanisme, d'escroquerie et d'abus sexuels.


Rédigé par leral.net le Mardi 30 Septembre 2014 à 12:48 | | 0 commentaire(s)|

Escroquerie et abus sexuels : Le faux petit-fils de Baye Niass, la banquière, les millions et le sexe
Dans la burlesque secte des escrocs, l'homme occuperait à coup sûr une place de gourou. Il en a l'approche, l'éloquence et le sens de la persuasion. Son flair est de chien. Ses méthodes imparables. Commerçant de 34 ans, P. S. Ndiaye est aussi un escroc notoire qui n'attend jamais un pigeon à ferrer. Et, pour réussir ses coups, quoi de plus original au Sénégal que d'être un petit-fils de marabout ? En fervent disciple de Cheikh Ibrahima Niass dit "Baye", comme il se crayonne, il a vite trouvé la conversion. Il sera le petit-fils de Cheikh Al Islam dont il connaît et maîtrise la lignée familiale. Toute la descendance. Un atout dans sa métamorphose. Sans hésiter, il renie son Ndiaye et porte l'illustre nom de famille du guide de Médina Baye. Il se fait appeler Mohamed Ibrahima Niass. Une nouvelle filiation qui lui ouvre les portes fermées des niches de riches et la tendresse naïve des filles de la haute société sénégalaise.

Seulement, pour exercer correctement ses entreprises frauduleuses, P. S. Ndiaye doit opérer loin de son quartier de Petit Mbao. Ce qui l'oblige à s'installer à Dakar. Et, le commerçant troque ses sacs de riz et autres marchandises avec un long chapelet et des exemplaires du Saint Coran. Un arsenal religieux qui lui sert de couverture pour gruger de vrais disciples de Baye Niass. Marabout (re)connu, il avait sa subtile méthode de se dégoter des clients. Il envoie des messages où il mentionne le nom d'une haute autorité du pays à des numéros pris par hasard. Souvent, ça ne marche pas. Mais parfois, l'hameçon revient avec un gros poisson à frire à la poêle religieuse. C'est le cas avec la dame Y. G., employée de la Banque Atlantique. La jeune femme est tombée, comme une débutante, dans les filets du charlatan. C'était en 2010.

Il brise le mariage de la petite sœur de la banquière

Ce matin-là, la banquière qui était à son lieu de travail reçoit un Short message service (Sms). Le texto avait la particularité d'être destiné à l'ancien ministre libéral Farba Senghor. Naïveté ou gentillesse ? En tout cas, la banquière a senti la nécessité de répondre au message du charlatan. Parce que ne voulant pas que l'expéditeur du message croit que l'ancien ministre a reçu son message. Elle compose le numéro qui s'est affiché sur le message et entre en contact avec l'escroc. Elle lui fait comprendre qu'il s'est trompé de destinataire sans jamais savoir qu'elle venait de tomber dans un engrenage. P. S. Ndiaye la remercie et lui explique qu'il est marabout et petit-fils de Cheikh Ibrahima Niass dit "Baye". C'est alors le début d'une relation débridée et torride.

La banquière, qui croit tomber sur l'oiseau rare, commet l'erreur d'introduire l'aigrefin au sein de sa famille. Les deux amis se fréquentent et se font même plaisir. Comme maraboutée, Y. G. cède à tous les caprices de son marabout chéri. Elle lui offre un droit de cuissage et lui verse plusieurs sommes d'argent. L'escroc disposait ainsi gracieusement d'argent et de sexe sans forcer les choses. Et, quand la dame Y. G. lui faisait remarquer qu'ils allaient loin, il lui rétorquait que ce sont les exigences de djinns. La dame obéit aveuglément. Et les djinns, jamais satisfaits, en réclamaient encore et encore. Mais, comme le faux marabout ne cherchait qu'à assouvir son appétit financier et sexuel, il avait fini de remarquer la petite sœur de sa banquière. Il s'est proposé de lui prodiguer des prières pour la totale réussite de son mariage. Seulement, P. S. Ndiaye avait d'autres desseins. En plus d'avoir abusé plusieurs fois de la grande sœur, il veut aussi coucher avec la jeune sœur de la banquière. Même s'il n'a pas réussi sa sale besogne, il a eu le génie de faire capoter le mariage de cette dernière. Informé de la relation entre sa femme et le marabout, le mari de la petite sœur de la banquière divorce d'avec sa femme. Ce n'est que le premier malheur de la famille de Y. G. et pas le dernier.

Les 80 millions du réveil

Puisque tout ça n'est pas assez fort pour réveiller la banquière de son hypnose profonde. Il a fallu qu'elle soit arrêtée et envoyée en prison pour qu'elle reprenne ses esprits. Y. G. est placée sous mandat de dépôt hier par le procureur de la République. Le même sort a été réservé au faux petit-fils de Baye Niass qui dort actuellement à la Maison d'arrêt et correction de Rebeuss. Pour cette histoire qui a conduit le couple en prison, la banquière a reçu la visite d'un de ses client (M. Gaye) qui sollicitait un prêt de 80 millions FCfa pour monter une entreprise. Devant le refus de la banque de débloquer une telle somme, la dame, qui pense que son marabout est un faiseur de miracle, l'oriente vers celui-ci.

En escroc rompu à la tâche, P. S. Ndiaye accepte de débloquer les 80 millions FCfa. Sans intérêt. Cependant, il réclame une caution de 5 millions FCfa au demandeur. Ce que M. Gaye a consenti à dégager pour bénéficier des 80 millions FCfa. Comme c'est la banquière qui l'a mis en relation avec le marabout, il remet les 5 millions à Y. G. qui les remat à son tour à P. S. Ndiaye. Il fixe un rendez-vous à M. Gaye pour lui remettre les 80 millions FCfa. Mais, au lieu de respecter ses engagements, le faux petit-fils de Baye Niass préfère solliciter d'autres sommes d'argent pour des sacrifices. Comme possédé par les djinns, M. Gaye satisfaisait, sans réfléchir, les demandes de P. S. Ndiaye. Avec un appétit insatiable, il pousse les choses jusqu'au bout. L'aigrefin s'est permis même de solliciter de M. Gaye une somme d'argent pour laver des billets noirs afin de pouvoir lui remettre, cette fois, les 80 millions FCfa. Une pilule qui a le mérite de réveiller M. Gaye de sa rémanence. Sachant qu'il a affaire à un escroc, il porte plainte et saisi le commandant Cheikh Sarr de la Section de recherches de Colobane. L'enquêteur n'a pas eu beaucoup de difficultés à piéger et arrêter P. S. Ndiaye. Sa banquière n'a pas été épargnée non plus. Même si elle a déposé une plainte contre son marabout chéri pour abus sexuels et escroquerie, tous les deux ont été déférés et placés sous mandat de dépôt hier. Ils seront jugés demain mercredi 1er octobre 2014 par le tribunal des flagrants délits de Dakar.

L'Observateur