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Exclusif : Baba Maal et le Ndandé Leniol vont mettre en place un groupe de Presse au Fouta

Rédigé par leral.net le Samedi 18 Avril 2015 à 23:17 | | 0 commentaire(s)|

En tournée dans son Fouta natal, le roi du Yéla, Baba Maal, a accordé un entretien exclusif au journal en ligne www.lvs.sn, basé à Ourossogui (Matam), avec le site LeFoutanke.com et le journal Le Quotidien. Baba Maal parle de son combat pour la lutte contre pauvreté, ses relations avec la famille Tidiane Anne, de son fils Omar Mall et des projets que le Dandé Leniol a en perspective dans le cadre du mouvement « NAN K », notamment la création d’un organe de presse au Fouta. Entretien.


Exclusif : Baba Maal et le Ndandé Leniol vont mettre en place un groupe de Presse au Fouta
Bonsoir El Hadji Baaba Mall, vous êtes à Ourossogui depuis Mardi soir peut-on savoir l’objet de votre visite ?
Je suis dans la région de Matam pour une série de concerts, deux prestations au village de Hombo et deux autres à Diéla.
Pour le village de Diéla dans le « dandé mayo », c’est une tradition depuis plus d’une dizaine d’années, un partenariat très fructueux noué avec l’association pour le développement du village, avec un groupe de personnes qui vient chaque fois apporter son soutien aux Blues du fleuve, mais également avec qui nous avons des liens de parenté très solides. D’où l’organisation des concerts pour le développement.
Quand à Hombo, nous cherchions un village pour pousser ce qu’on avait commencé au village de MBélone.
En 1982, durant les années de la menace de la sécheresse, il y avait une insécurité alimentaire. On avait choisi, avec Oxfam et des journalistes, de visiter des sites au Sénégal et en Mauritanie. Notre choix s’était porté sur Mbelone, un village que nous avions trouvé dans d’énormes difficultés. il y’avait un manque d’eau récurrent, les puits étaient asséchés, pas de possibilités pour les femmes d’avoir des jardins potagers et y avait pas d’écoles.
Ainsi, sensible à leur problème, je suis reparti à Dakar pour récolter des fonds en organisant un concert avec des VIP au King Fahad Palace.
Avec Oxfam, on est revenu pour les soutenir à revaloriser leurs puits pour avoir accès à l’eau potable. Grace à cette collaboration, ils ont réussi à régler beaucoup de problèmes. Et pour Hombo, je suis venu tester le terrain pour voir s’il serait possible de faire la même chose qu’on avait fait à MBélone, surtout que nous célébrons les trente (30) ans de Dandé Léniol, il faudrait qu’on remette sur pied ces collaborations sur le plan humanitaire.

Depuis le début de votre carrière vous multipliez des concerts dont les recettes sont reversées aux organisateurs. Qu’est-ce cela représente pour vous ?
Nous le faisons vraiment exprès maintenant, c’est le rôle qui nous a été assigné par les populations. Ce sont ces associations de développement qui nous ont demandé de jouer au stade Amadou Barry ou au théâtre national Daniel Sorano. Ce ne sont pas des promoteurs, l’argent gagné a toujours été utilisé pour subvenir aux besoins des populations. A Doué, par exemple, pour construire le mur de clôture des cimetières, dans d’autres localités des sales de classes, entre autres… Et c’est comme ça que le système des Nations unis a compris qu’il pouvait mettre la culture au service du développement et le « Dandé Leniol » et les foutanke pouvaient rester comme un exemple qu’il fallait mettre en exergue pour que d’autres artistes à travers le monde et dans leur domaine puissent collaborer avec leur communauté et faire comme nous.
Vous avez également crée le mouvement Nan K, c’est quoi exactement ?
Nan K est un mouvement pour le développement dont l’idée de la création m’est venue à Londres dans une campagne de sensibilisation pour la lutte contre la pauvreté dans le continent africain qui regorge de toutes les potentielles.
Avec Oxfam, nous avions visité le Gorgol (Région en Mauritanie), nous avons vu des femmes qui travaillaient sur la terre, des champs de maÏs qui étaient asséchés par manque d’accompagnement et de modernisation.
Au sommet du G8, nous avons dit aux Présidents que nous attendons des actes forts puisqu’on parle de l’Afrique. Pour moi, le développement c’est l’agriculture, l’élevage et la pêche, avec la culture au centre, mais également la technologie.
C’est ainsi qu’avec ces cinq leviers, nous y avons retrouvé NAN K, qui dans notre langage courant (Poular).

Dans ce sens, on peut dire que votre idée rejoint celle du Président Macky Sall avec son fameux Plan Sénégal émergent (PSE).

Oui, toutes les bonnes idées se croisent sans que l’on se concerte. Si Macky Sall a de la bonne volonté, que celle-ci m’anime et qu’on a tous les deux les mêmes projets pour le Sénégal et pour le Fouta, je pense qu’on doit avoir les mêmes ambitions pour les populations.
Dans tous les cas, je me retrouve dans le PSE tel qu’il est expliqué.

Ce 14 Avril, ça fait quatorze (14) ans déjà que nous quittait votre ami Tidiane Anne, comment l’avez-vous vécu ?
Je suis très concerné par l’héritage que Tidiane Anne a laissé, son engagement pour la promotion de la culture poular, de la langue poular elle même et aussi du développement. Comme moi, on a toujours pensé que le développement ne pouvait se faire sans la culture. Je suis toujours lié à sa famille, presque toutes les semaines je reçois surtout son fils ainé Mamoudou, qui est venu d’ailleurs me faire part de la célébration à Gamadji.
Les enfants de Tidiane me considèrent comme leur papa, ils me demandent la permission pour avoir mes bénédictions sur tout ce qu’ils entreprennent. On s’interpelle sur leur question d’éducation, mais aussi des associations créées à l’honneur de Tidiane Anne.
Je reste convaincu que l’œuvre de Tidiane ne mourra jamais, sa voie est celle de Mame Abdou Aziz, de Nelson Mandela. C’est à nous autres qu’il incombe de jouer notre partition dans la vie sur terre.

Vous avez récemment perdu votre fils Omar, beaucoup craignaient que Baba Mall marque une pause ou arrête, où est-ce que vous avez puisé cette force pour revenir aussitôt sur scène ?

On est des êtres humains. J’ai, durant ma carrière, rencontré pas mal de difficultés que je suis parvenu à surmonter. Il y a des exemples concrets qui sont là. Par exemple, El hadji Seydou Nourou Tall et Mame Abdou Aziz qui ont vécu des drames avec leur fils qui ont disparu, mais cela ne leur a pas empêché de continuer.
Plusieurs jeunes se retrouvent à moi comme leur père et je n’ai pas le droit de les sacrifier, si j’en avais deux ou trois dans ma famille, la perte de l’un d’entre eux ne m’empêcherait pas de continuer à travailler pour les autres. C’est aussi un signal aux autres pour leur faire comprendre que l’homme est toujours plus fort quand il est au dessus de ses problèmes. En plus, je ne devais pas sacrifier tout un ensemble ,le « Dandé Leniol » ; c’est des pères de Familles qui ont même demandé qu’on s’arrête, mais que j’ai refusé.

Parlons des Blues du fleuve, où est-ce qu’on en est ? Matam était pressenti pour recevoir ce grand rendez-vous culturel, qu’en est-il exactement ?

Je voulais qu’on le fasse cette année à Matam. Mais par la force des choses, nous célébrons les dix (10) ans des Blues du Fleuve et ça avait commencé à Podor, nous nous sommes dit qu’il va falloir qu’on le fasse à Podor. Surtout si l’on sait qu’on n’a pas déroulé l’année dernière à cause d’ébola, mais également des problème politique que la ville a connus. Ainsi, on ne pouvait pas organiser le festival sans la Guinée dont les frontières avec le Sénégal étaient fermées.
Mais, l’année prochaine ou l’année d’après, je pense qu’on reviendra à Matam, car nos partenaires et moi-même avions bien aimé l’étape de la onzième (11ème) région.

Nous avons également entendu dire que vous envisagez de mettre en place un groupe de presse à Ndioum, qu’en est-il réellement ?

Je ne sais pas comment cela va se constituer, mais je dois vous dire que oui, nous envisageons de créer un groupe de presse. On en avait fait avec Diamano Fm, c’est tombé à l’eau. Cette fois, on veut revenir avec quelque chose de beaucoup plus solide et plus efficace. Même avec nos partenaires, nous savons que c’est un devoir pour nous de l’avoir, le mouvement Nan K également a besoin de support de communication pour le développement.

Le Président Macky Sall vous appelle pour vous proposer le ministère de la culture, vous dites quoi ?
(Eclat de rires!)
Attendons de voir, qu’il m’appelle, je verrai ma position.

Votre mot de fin
Je salue cette démarche de monter des sites en ligne pour promouvoir l’information locale. Je vous félicite, car des locaux comme vous connaissent mieux le terrain et la réalité du milieu pour pouvoir interroger sur l’essentiel.
Je vous encourage et vous souhaite bonne chance.