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Exposition : Soly Cissé, citoyen du monde et artiste engagé

Star montante de l’art contemporain, le plasticien sénégalais expose une vingtaine de ses œuvres au musée Dapper à Paris.


Rédigé par leral.net le Jeudi 18 Mai 2017 à 11:27 | | 0 commentaire(s)|

Acteur majeur de la scène artistique sénégalaise, l'artiste pluridisciplinaire Soly Cissé est à l'honneur dans l'exposition parisienne « Mutants » jusqu'au 14 juin prochain.

Un dialogue fructueux s'établit avec certaines sculptures de l'autre exposition « Chefs-d’œuvre d’Afrique » puisées dans les collections du musée Dapper.

Né à Dakar en 1969, il dessine depuis son enfance et finit même par retoucher les radiographies que son père, médecin, rapportait au domicile. Sorti major de sa promotion de l’École des Beaux-arts de Dakar en 1996, Soly Cissé a remporté plusieurs prix qui lui ont permis de partir étudier et exposer en Belgique et en France.

Dès 1998, il est sélectionné aux Biennales de Dakar, de São Paulo, puis de La Havane en 2000. Présent aux quatre coins du monde, dans toutes les grandes foires et expositions d’art contemporain, il participe à l'inoubliable « Africa Remix, l'art contemporain d'un continent » au musée Pompidou en 2006. Soly Cissé développe une œuvre centrée sur une mythologie toute personnelle liant le totémisme à l’art brut ainsi qu’à l'expressionnisme, comme il l'explique : « Ma peinture tend à dévoiler les choses, à révéler ce que les gens cachent, ce qui est là et pas toujours très beau à voir. L’animalité, la sexualité, etc. L’autocensure nous en empêche souvent. La peinture permet de concilier toutes les pulsions. »

Miraculé, Soly Cissé a été victime d'une infection nosocomiale contractée à Dakar qui aurait pu lui être fatale : il a dû être amputé d'une jambe en urgence en France. La longue période d'hospitalisation qui a suivi, l'année dernière, a été prolifique en dessins et collages avec toujours comme fil directeur, son bestiaire hybride, fait de silhouettes sénoufos, pictogrammes, graffitis et animaux.

« Je travaille sur les formes animales et humaines mélangées. L’être humain n’est pas supérieur, il est complice, précise-t-il. La bête, l’animal en nous, ce côté dangereux nous rappelle qu’on est imparfaits et incontrôlables, capables parfois du pire. » Il les appelle les Soso, contraction de Soly et de Socé, du nom du peuple apparenté aux Mandingues auquel appartient son père.

Dans ses œuvres, les clins d’œil à l’histoire africaine ne manquent pas, mais il fait partie de cette génération d’artistes, de l'Anglo-Nigérian Yinka Shonibare au Camerounais Barthélémy Toguo, qui refusent l’étiquette « d'artistes africains », avec tous les présupposés folkloriques, pour s’inscrire dans l'universalité de l’art en mixant leur culture au monde actuel.

Ainsi, Soly Cissé s'interroge sur les injustices, les réalités sociales et économiques qui entravent le développement de l’Afrique. « J’ai toujours reflété dans mes œuvres, la domination, les rapports de force dans notre société. »

Afrique.lepoint