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Faim honteuse - Par Mamadou Sy Tounkara

Rédigé par leral.net le Lundi 18 Août 2014 à 08:24 | | 2 commentaire(s)|

La faim qui sévit dans le monde rural sénégalais est totalement anormale. Un pays comme le Sénégal devrait être exportateur net de tout ce que nous produisons, céréales, fruits et légumes, viandes et laitages. La bonne alimentation et l’autosuffisance alimentaire devraient être nos lots quotidiens car nous avons tout ce qu’il faut pour cela.


Faim honteuse - Par Mamadou Sy Tounkara
Le Sénégal est doté, en effet, d’atouts naturels enviables. Nous avons trois fleuves (Sénégal, Casamance et Gambie), quatorze lacs, 720 km de côtes riches de 300 espèces de poissons différentes, près de 200.000 km2 de terres cultivables, d’innombrables têtes de bétail et de volailles, du soleil en permanence, des bras valides, des techniciens bien formés en tout. Compte non tenu de nos abondantes ressources minières (or, fer, gaz, phosphate, zircon, pétrole, etc.).

Comment un peuple disposant de tout cela peut-il avoir faim ?

La réponse se trouve dans l’absence de systèmes endogènes efficaces et notre rapport au travail.
Nous n’avons jamais réussi à mettre en place des principes, des mécanismes et des finalités pensés par et pour nous afin de valoriser ces atouts pour notre bien-être et notre mieux-être. Les modes de production ancestraux archaïques (culture unique en saison des pluies ; houe, daba, kajendo comme outils) et la monoculture léguée par le colonisateur sont inopérants et contre-productifs. Il est temps de déployer un système agricole digne de ce nom qui passe par ces impératifs : normalisation du foncier rural, maîtrise de l’eau pour des cultures en toutes saisons, formation des producteurs aux techniques modernes de production, stockage et vente, garantie de prix incitatifs, accès au financement, transformation industrielle des produits et exportation.

Ceci est une tâche sérieuse qui nécessite du courage et du travail. Pouvons-nous le faire ? Bien-sûr que oui, mais pas dans les réalités actuelles de notre rapport au travail. Notre faible productivité ayant conduit à cette situation de faim honteuse nous renvoie l’image de nous-mêmes : nous avons un rapport au travail très faible. Nous parlons, faisons de beaux discours, écrivons de jolis rapports qui ne sont matérialisés par aucune application pratique. Si nous ne sommes pas tout simplement malhonnêtes et tricheurs. A tous les niveaux et dans tous les domaines et secteurs.

Si nous avons faim malgré toutes nos richesses naturelles, nous ne devrions nous en prendre qu’à nous-mêmes. La solution ? Il nous faut nous dépêcher de mettre en place un vrai système agricole endogène et nous mettre sérieusement au travail.

Mamadou Sy Tounkara