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Faire partir le vieux président par les urnes, c’est bien possible ! Par Mody Niang

Rédigé par leral.net le Mardi 14 Février 2012 à 15:21 | | 1 commentaire(s)|

Le vieux candidat s’est lancé dans la campagne électorale. Il y était déjà d’ailleurs depuis de nombreuses années. C’est, naturellement, par la ville de Mbacké, à 7 kilomètres de la ville sainte de Touba qu’il l’a démarrée. Avant le meeting, il rend une visite au khalife général des mourides. Flanqué de sa télévision dite nationale qui filme ses moindres faits et gestes, il se débarrasse de ses chaussures et de son bonnet, rampe vers le marabout et se prosterne. Après quelques minutes d’échanges, il reçoit religieusement – du moins en apparence –, les prières du khalife. C’est ce film qui a occupé ses deux premiers temps d’antenne à la télévision dite nationale.


Faire partir le vieux président par les urnes, c’est bien possible ! Par Mody Niang
Le vieux candidat ne trompe évidemment plus personne. N’ayant pas pu arracher un ndigël (consigne de vote) explicite au khalife malgré toutes ses simagrées, il s’emploie, aidé de ses hommes-liges de Touba, à faire croire à un ndigël implicite. Comme arguments, ils brandissent, à côté de la prière filmée, le discours du porte-parole du khalife lors de la cérémonie officielle clôturant le dernier Magal de Touba, assimilant son invite à « se conformer à la décision du Conseil constitutionnel », à un appel à voter pour le vieux candidat. Évidemment, il n’a rien été de tout cela : le khalife de Touba est resté égal à lui-même et n’a donné aucun ndigël, de quelque façon que ce fût.

Donnant la fausse impression d’être requinqué par sa visite de Touba, le vieux candidat continue sa randonnée à travers le pays et bénéficie, ça et là, de quelques maigres ndigël, qui n’auront sûrement aucune influence significative sur le vote des Sénégalais. Ces ndigël, trois au plus, ne surprennent d’ailleurs personne. Quand on accède à un khalifat sans avoir jamais tenu entre ses mains la somme d’un million de francs Cfa, on perd facilement la tête devant les mallettes bourrées de fric et les 4x4 rutilantes du vieux politicien. On se laisse aller en particulier si on a comme porte-parole un homme dont la vie sociale n’a pas été un modèle de réussite et qui découvre, qu’avec l’avènement de l’alternance, il peut rattraper le long temps perdu. Et Dieu sait que, en douze ans, il s’est bien rattrapé.

Est aussi dérisoire et inefficace cet autre ndigël subordonné seulement à l’augmentation du nombre de billets pour la Mecque offerts à la famille, et au recrutement des fils de la même famille qui ont leurs diplômes, dès sa réélection. Ce donneur de ndigël s’engage alors à ne soutenir aucun autre candidat de l’opposition. Á la grande satisfaction du vieux candidat qui poursuit allègrement sa quête piteuse de ndigël en oubliant que, lors de l’élection présidentielle de février 2000, 99 % des consignes de vote données par les chefs religieux l’étaient au bénéfice de son principal rival. Pourtant, il l’a battu à plate couture au second tour de scrutin, le 19 mars 2000.

L’homme s’accroche donc de toutes ses forces aux ndigël des chefs religieux car, malgré des apparences bavardes et trompeuses, il est convaincu qu’il se fera difficilement réélire. Son principal adversaire, c’est incontestablement son âge. Il sait parfaitement, qu’à 88 ans bien sonnés, il a son avenir bien derrière lui. Il y a ensuite que l’argument qu’il avance pour justifier sa candidature est très vulnérable et ne convainc personne. « Je veux terminer mes chantiers », clame-t-il sur tous les toits. D’abord, il a cette fâcheuse habitude de parler des chantiers de l’État comme de ses chantiers propres, qu’il finance de sa propre poche et qui s’arrêteront net dès qu’il aura quitté le pouvoir. Aucun chef d’État au monde, aucun chef de gouvernement n’a jamais terminé ses chantiers. Un programme est un projet, un ensemble d’objectifs qu’on se propose de réaliser pendant un mandat. On en réalise ce qu’on peut et, une fois réélu, on les poursuit. Quand l’heure de quitter le pouvoir arrive, il reste encore forcément des chantiers, des objectifs à réaliser. Le successeur et son équipe mettent en œuvre leur programme, tout en poursuivant les chantiers trouvés sur place, s’ils les jugent pertinents. C’est ainsi que lui, Abdoulaye Wade, a trouvé sur place et achevé des infrastructures en chantier : palais de Justice de Lat Dior, tribunaux départementaux, routes, centres de santé, lycées, collèges, etc. Ainsi va la continuité de l’État. Il est vrai que lui, ne sait pas ce que c’est et confond sa vie et son histoire avec celles de l’État.

En outre, même si on lui accordait un troisième et un quatrième mandat, peut-être même un cinquième, il ne terminerait jamais « ses » chantiers dignes des travaux d’Hercule. Même pour 50 ans encore, il ne construirait pas « ses » centrales nucléaires et solaires (dans le désert du Sahara), « ses » trains à grand écartement (Dakar-Bamako, Dakar-Ziguinchor-Tambacounda), « ses » Tgv, « ses » usines de construction d’avions et de camions gros porteurs, « sa » part de la Grande Muraille verte, etc. Que le vieux politicien cherche donc un autre argument pour justifier sa très controversée candidature !

Son bilan est aussi vulnérable que l’argument qu’il utilise pour justifier sa candidature. Je ne m’attarde pas d’ailleurs sur ce bilan très mitigé. « Ses » fameuses routes de dernière génération, de loin les plus chères du monde, le monstrueux montage financier du monument dit de la Renaissance africaine, le très inutile et très coûteux Festival mondial des Arts nègres, les centaines de milliards engloutis dans l’agriculture et qui sont rarement arrivés aux paysans, « ses » collèges, lycées, pseudo universités construits à la hâte, sans enseignants et sans équipements, etc, ne constituent vraiment pas un motif de satisfaction. D’ailleurs, lui-même ne s’attarde pas le moins du monde sur ce bilan et consacre le plus clair de son temps à son jeu favori : inonder les pauvres populations de promesses, pratiquement les mêmes depuis 1974, des promesses démagogiques qui ne retiennent plus l’attention. Comme cette allocation mensuelle de 12000 francs Cfa aux personnes âgées de 60 ans et plus et aux paysans ! Comme ces projets d’emplois aux jeunes, après douze ans de magistère, après surtout qu’il a avoué publiquement son échec lamentable dans ce domaine ! Comme cette promesse indécente faite aux habitants de Louga que s’ils votent pour lui, il leur réservera un membre dans le gouvernement qu’il formera ! Quelle insulte !

Il se moque finalement de tout le monde d’ailleurs. C’est le cas quand il promet à Bignona une université alors que, à quelques encablures, celle de Ziguinchor, a encore l’allure d’un lycée. Et cette autre promesse d’ériger le Département de Vélingara en région et d’y construire une université, alors que la demande des populations pour un lycée n’est pas encore satisfaite ? Les habitants de Kédougou et de Matam ont eu aussi leurs parts des promesses sans lendemain du vieux politiciens : la construction, pour bientôt, d’un aéroport international pour chacune des deux régions.

Cette campagne électorale nous fait surtout découvrir davantage l’homme. Nous étions déjà familiers avec ses fausses promesses – nous venons d’en donner quelques illustrations –, ses contrevérités, ses vérités contraires, pour paraphraser l’hebdomadaire « Nouvel Horizon ». Il manque manifestement de grandeur. Á la limite, c’est un imposteur. Il est aussi égoïste, orgueilleux, méchant et jaloux. Comment, en effet, un homme de son âge, de surcroît président de la République (malheureusement), peut-il regarder les Thiessois les yeux dans les yeux et leur dire sans état d’âme, qu’à cause de son différend (financier) avec Idrissa Seck, il a arrêté les chantiers de Thiès et qu’il les reprendrait s’ils le réélisent au premier tour de l’élection présidentielle et lui font gagner la commune et les législatives ? Quel chantage mesquin ! L’homme surprend et indigne également le pays tout entier quand il fait un autre aveu, celui-là vraiment de taille : c’est lui qui a arrêté le procès d’Idriisa Seck, traduit devant la Commission d’Instruction de la Haute Cour de Justice. Il est vrai qu’avec le « Protocole de Reubeuss », les gens avaient déjà le pressentiment d’un deal entre le « père » et le « fils ». J’ai été en tout cas des premiers à émettre de sérieux doutes, quant au non-lieu prononcé au bénéfice du « fils ». Par cet aveu, notre vieux politicien nous administre la preuve de ce que nous savions déjà : il a la haute main sur la Justice. Ce qui nous conforte dans note contestation légitime de la validation de sa candidature à un troisième mandat.

L’homme nous administre aussi la preuve de sa jalousie et de sa méchanceté, quand il ne rate aucune occasion pour traiter le président Amadou Mahtar Mbow de chef de l’opposition. Tout le monde sait qu’il raconte des histoires. Le président Mbow est équidistant des chapelles politiques comme de tous les candidats à l’élection présidentielle, même de ceux d’entre eux qui se réclament des Assises nationales. Ce qui est en réalité insoutenable au vieux politicien Wade, c’est le prestige du président Mbow qui dépasse largement nos frontières. Sa longue carrière nationale et internationale prestigieuse explique le respect dont il bénéficie au Sénégal, en Afrique et dans tout le reste du monde. Ce vécu lui vaut d’être convié à nombre de rencontres internationales où se discutent les grandes questions qui agitent le monde.

Rongé par la jalousie, le vieux politicien est allé jusqu’à essayer de salir le président Mbow, en recourant au service d’un obscur diplomate américain installé à Dubaï. En vain. Il ne lui reste maintenant qu’à le traiter d’opposant, en sachant parfaitement lui-même que c’est faux.

L’homme fait donc feu de tout bois, y compris du bois sacré de l’Islam. Il va plus loin encore dans la calomnie et la mesquinerie, en accusant ses adversaires de « vouloir (sa) mort ». Un musulman ne souhaite jamais la mort à son coreligionnaire. Que le vieux politicien vive jusqu’à 100, 120, 130 ans, comme ses parents et grands-parents ! Ce que nous souhaitons, ce n’est point qu’il meure, mais qu’il aille vivre le reste de ses longues années, et en très bonne santé, hors du pouvoir, à Besançon, à Grenoble, sur les bords du Lac Léman ou ailleurs dans ce vaste monde.

Cet homme est donc dangereux et il faut le faire partir coûte que coûte. L’idéal serait de le contraindre à renoncer purement et simplement à sa candidature. Ce ne sera cependant pas tâche facile. Je serais d’ailleurs surpris que le Mouvement du 23 juin y arrive. En tout cas, ce ne sera sûrement pas par des manifestations ponctuelles, même massives. Je ne crois pas que les Sénégalais soient suffisamment déterminés à payer le prix qu’il faut pour contraindre l’homme à se retirer. Nous pouvons donc poursuivre le combat contre sa candidature, tout en mettant davantage l’accent sur la campagne électorale. Il ne faut surtout, sous aucun prétexte, envisager le boycott ou d’autres stratégies comme l’organisation d’une élection parallèle. Dans les deux cas, ce serait faire l’affaire du vieux candidat et de son clan. C’est aussi improductif et dangereux de mettre dans la tête des Sénégalais que le vieux candidat gagnera dans tous les cas parce qu’il va frauder. Des individus s’y emploient avec une certitude suspecte, allant jusqu’à affirmer qu’il gagnera dès le premier tour. On ne s’y prendrait pas autrement, si on voulait démobiliser les électeurs potentiels.

Le vieux candidat et ses hommes liges vont sûrement tenter de tricher. L’opposition et les citoyens ont le devoir de les en empêcher, en faisant montre de détermination, de vigilance et de capacité de déjouer toutes leurs stratégies machiavéliques. Je suis convaincu que nous pouvons contraindre cet « octogêneur » (néologisme employé par Le Canard enchaîné) à partir par les urnes. C’est bien possible. Il faudra cependant y mettre le prix, le prix fort s’il y a lieu, en sécurisant notamment le vote par tous les moyens, en s’approchant des populations pour leur expliquer les différents programmes et les inciter à aller retirer d’ores et déjà leurs cartes, et à voter en masse le 26 février 2012. Il faudra surtout qu’elles restent patiemment devant les bureaux de vote, jusqu’à la proclamation et à l’affichage des résultats. Les anthropophages libéraux et leurs alliés ne devraient pas pouvoir nous manger en plein jour.

Mody Niang, -email : modyniang@arc.sn



1.Posté par denguithielle le 18/02/2012 00:53 | Alerter
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j'ai beaucoup de respect pour vous, mais vous ne comprenez l'ampleur de la 'satanité' de Wade.
MEME avec TROIS VOIX (la sienne, celle de sa femme et celle de son cher fils), le conseil cons va le déclarer vainqueur!

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