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Faut-il brûler le Franc CFA ? (Par Mohamadou Sy «Siré»)

Rédigé par leral.net le Mercredi 10 Avril 2013 à 09:34 | | 10 commentaire(s)|

Il faut à la Corée du Sud, 15éme puissance mondiale, 1500 wons pour avoir 1 euro. Il faut à l’Inde (nation émergente), 12.000 roupies pour avoir 1 euro. Il faut à l’Iran (puissance nucléaire), 14.500 rials pour avoir 1 euro. Il faut au Vietnam (2éme producteur mondial de riz), 27.000 dongs pour avoir 1euro. Alors qu’il faut (seulement) à la zone CFA, 655,957 francs pour avoir 1 euro.


Faut-il brûler le  Franc CFA ? (Par Mohamadou Sy «Siré»)
C’est cette surévaluation du FCFA qui explique en grande partie, le triple déficit de la balance de paiement (services, capitaux et commercial) de la Zone UEMOA et CEMAC, où le revenu d’un paysan (performant) est de 100.000 (cent mille) FCFA par an! C’est aussi ce qui explique pourquoi les opérateurs économiques de la Zone perdent sur leurs prix, 40% du fait des coûts de change.

C’est comme si en Afrique de l’Ouest et Centrale, avoir sa propre monnaie serait une catastrophe (instabilité monétaire, inflation) économique. Comme si, 14 Etats ne pourraient pas s’en sortir économiquement, là où des pays comme la Gambie ou le Cap- Vert ont pu battre leurs propres monnaies et tenir en main leur économie. Et que dire de l’ASEAN, l’une des régions économiques les plus dynamiques du monde où chaque Etat membre garde sa propre monnaie. D’ou la question: «Peut-on émerger si on ne contrôle pas sa monnaie?»

Ainsi, comment expliquer et comprendre en cette période d’un reclassement géopolitique favorable aux Zones UEMOA et CEMAC, que leurs Banques Centrales continuent à déposer depuis 2005 et avec discipline, 50% de leurs avoirs (réserves) auprès du Trésor Français, après que ce taux fût de 100% de 1945 jusqu’en 1975, puis 65% de 1975 à 2005?

Au moment où les projections économiques (Matthieu Pigasse) indiquent clairement que sur les 10 prochaines années, l’Europe risque de connaître des taux de croissance plafonnés à 1,5%, là où certains pays de la Zone CFA pourraient se retrouver avec une croissance à 2 chiffres.

La servitude monétaire
Comment émerger avec un FCFA dont la convertibilité (des monnaies émises par les différents instituts d'émission de la Zone franc) est, dit-on, garantie sans limite par le Trésor Français, alors que le FCFA n’est ni fabriqué, ni imprimé en Afrique, mais en France, précisément à Chamelière, près de Clermont Ferrand?

Comment émerger avec un FCFA dont la fixité des parités (1euro=655,99 FCFA) ne vous fait pas bénéficier de l’amélioration des termes de l’échange et des fluctuations monétaires?
Comment émerger avec un FCFA, dit-on, de libre transférabilité, alors que le FCFA des pays de la zone UEMOA n’est pas utilisable dans les pays de la zone CEMAC. Et pourtant, nous sommes dans la même Zone CFA.

Comment émerger avec un FCFA dont le principe de la centralisation des réserves de change (compte d’opérations) exige à la Banque centrale de l’UEMOA et de la BCEAC, d’ y déposer 50% de leurs réserves de change alors que nos Etats ont un besoin criard de liquidités pour assurer le minimum de services sociaux de base?

Le FCFA, le sujet qui fâche
En Afrique, le FCFA est un sujet aussi sensible qu’une lame de rasoir. Le FCFA n’est pas un sujet technique, mais un sujet politique, disait Edouard Balladur. Allez demander à Sylvanus Olympio du Togo, à Modibo Keïta du Mali, à Ange Félix Patassé de la Centrafrique, à Mahamane Ousmane et Mamadou Tandja du Niger, à Laurent Gbagbo de la Côte d’Ivoire ou à Abdoulaye Wade du Sénégal.

Ni plus ni moins, pour la France, le FCFA est sa propriété exclusive, si bien qu’au niveau de tous les régimes - de Gauche comme de Droite-, remettre en cause le système du FCFA mis en place depuis le Général De Gaulle, est passible de haute trahison, de manière non écrite. N’est ce pas Laurent Fabius qui disait le 12 mai 2012 sur RFI, que «les pouvoirs passent et les intérêts de la France demeurent»?

Ainsi donc, nous accordons des dépenses fiscales qui profitent plus aux IDE qu’à nos entreprises locales. Nous tendons la main à travers le monde alors que nous sommes assis sur des mines de richesses. Nos Etats courent les places financières pour emprunter de l’argent. Nous ne pouvons pas construire d'écoles, ni d'autoroutes, ni d'hôpitaux, ni faire vivre décemment, l’écrasante majorité de nos concitoyens, faute de liquidités. Mais, nous pouvons déposer 50% de notre argent dans un compte situé à la rue croix des petits champs, dans le 1er arrondissement de Paris.

Pour combien de temps encore?

Mohamadou SY «Siré» / siresy@gmail.com
CEO ‘’Epsilone Consulting’’, stratégie & management



1.Posté par sow le 10/04/2013 10:07 | Alerter
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tres pertinente analyse

2.Posté par nationalisme le 10/04/2013 10:51 | Alerter
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Très bel article Mr SY . Vous avez tout dit ! Nos politiques sont assez lâches pour ne pas prendre le problème à bras le corps (car c'est toujours un des signes de la (néo)colonisation; et rien qu'à énoncer la signification F CFA (Franc des Colonies Françaises d'Afrique) ça en dit long. J'ajouterai dans vos exemples de pays qui ont osé et réussi cette décolonisation le Ghana. Aucun peuple aucune nation ne nous apportera ni le développement, ni la liberté; c'est à nous et seulement à nous qu'appartient ce combat; certes ce sera difficile, mais le jeu en vaut la chandelle. Car il y a 50 ans auparavant nous avions un PIB qui était largement supérieur à un Etat qui nous apporte une aide publique et un financement; faisant partie maintenant du BRICS

3.Posté par Lucide le 10/04/2013 17:00 | Alerter
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Améliorer ce qu'on a et qui est bien, c'est mieux que d'aller à l'aventure mon cher.
Les exemples (Ghana, Gambia, etc.) ne valent rien du tout. Le Cedi a été laminé sur plusieurs années, et il a fallu le diviser par 10 000 pour faire le nouveau Cedi. N'empeche il a commencé à glisser tout de suite après.
Quand tout le monde va vers la convergence monétaire, on nous distrait. Comment on peut perdre 40% de la valeur de nos produits du fait des cours de change? Produisons plus, et échangeons avec la sous-région et l'Afrique c'est ça le vrai débat.

4.Posté par nationalisme le 10/04/2013 17:40 | Alerter
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@lucide : le problème en est que ce que l'on a, ne nous appartiens pas; on nous l'a imposé comme la langue française d'ailleurs. Toute émergence passe forcément par une indépendance sur le plan politique, économique et culturelle. Le Ghana n'est qu'un exemple parmi tant d'autres et si on l allait au fond des choses qu'est ce que nous avons de plus que le Ghana n'a pas sinon qu'ils ont un taux de croissance plus élevé et des infrastructures beaucoup plus développés. D'ailleurs il fait partie des grands d'Afrique, nous n'avons rien à perdre mais tout à gagner; il faut regarder plus loin que sous les pieds. Yes we can!

5.Posté par nationalisme le 10/04/2013 17:42 | Alerter
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http://www.slateafrique.com/33995/top-10-meilleures-economies-africaines

6.Posté par Lucide le 10/04/2013 17:59 | Alerter
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Yes we can Nationalisme, but not with those craps running your countries.
Je suis bien pour notre monnaie, mais ce n'est pas juste une question de fierté mon frère. Je ne veux pas de monnaies de singes parce qu'il nous faut notre "chose". Pourquoi ne pas renégocier les accords et baisser la garantie comme on l'a déjà fait. Tu imagines ce que serait la monnaie du Tchad après le départ de Habré, ou celle de Jolof après le passage de Wade qui voulait prendre les reserves!!! Je prefere que les reserves soient gardées par d'autres pour le moment.
Produisons et assurons l'intégration régionale avec le CFA. C'est plus urgent, et un CFA sera toujours égal à un CFA entre le Senegal, le Mali...

7.Posté par soloum le 11/04/2013 10:59 | Alerter
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il est vrai que nous devons nous retrouver autour d une identité culturelle
mais il est nécessaire de bien lutter pour enfin enlever le complexe qui nous ronge en terme d'affricanité
je suis heureux de voir qu il ya parmi nous des personnes ki cherchent a nous parler en terme de profitabilté et de gain de change ou de productivité ke de donner des exemple de fierte culturelle

8.Posté par asfallou le 11/04/2013 11:26 | Alerter
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Pour mieux comprendre la relation entre le franc CFA et l 'Euro,voir ce lien
www.ladepechedabidjan.info le professeur Nicolas

9.Posté par devalence le 19/04/2013 19:55 | Alerter
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Soit disant que l'afrique a besoin de l'europe pour evoluer cest archi faux .C'est nos dirigeants qui sont detournee des leur premiere election et a chaque fois qu'un president il part en france pour demander ou preter un credit pour commenncer son mandat .Et qui remboursera ca ? le budjet du peuple .Tout ca nous pouvons finir ca en essayer de renouveller tout d'abord nos dirigeants sans quoi on ne repartir azero et evoluer sans la france .voici ce que nous devons tous faire passer a la decolonisation totale c'est a dire apprendre a nos enfants a vivre seule et consommer ce que nous produisons et produire ce que nous consommons .Si nous comprenons et empruntions ce chemin je suis sur que nous y arriverrons dans 50ans et les europeens passerons par des mures pour venir travailler en farique et seront rappatrier comme ils nous fonds .On peut sans la france .Yes we can

10.Posté par xoupa le 08/07/2013 17:58 | Alerter
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connaissez vous le mot faillite et inflation????

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