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[Feuilles d’hivernage] Kaour : Dernier bastion Baynouk en terre casamançaise

Rédigé par leral.net le Mercredi 25 Août 2021 à 20:01 | | 0 commentaire(s)|

L’histoire de la verte Casamance est riche d’histoires. De cultures également. La zone est souvent assimilée à une terre Baynouk. Cette ethnie serait la première à s’installer dans cette partie sud du pays. Les Baynouks sont crayonnés comme étant des «hommes de paix» qui préfèrent aller s’installer ailleurs plutôt que d’affronter les «envahisseurs». À Goudomp, […]

L’histoire de la verte Casamance est riche d’histoires. De cultures également. La zone est souvent assimilée à une terre Baynouk. Cette ethnie serait la première à s’installer dans cette partie sud du pays. Les Baynouks sont crayonnés comme étant des «hommes de paix» qui préfèrent aller s’installer ailleurs plutôt que d’affronter les «envahisseurs». À Goudomp, Kaour reste un de leurs derniers bastions, contrairement à Birkama où ils ont été supplantés par les Balantes.

Kaour, à 3 bornes de Goudomp. En cette matinée du mois d’août, les nuages enveloppent le ciel. La veille, le village a été arrosé par une forte pluie. Plus on pénètre dans ce sanctuaire des Baynouks, plus on constate une différence par rapport aux autres villages de la Casamance. Kaour ne respire pas la modernité. L’architecture emprunte à celles des pays limitrophes, notamment la Gambie et la Guinée-Bissau. Une ressemblance pas fortuite. Les mêmes peuples, la même histoire. Kaour est habité majoritairement pas des Baynouks qui ont perdu leur langue à cause des autres dialectes qui se sont imposées dans le village, particulièrement le mandingue. Cette mainmise sur leur terre et leur langue s’explique par leur nature pacifique qu’il porte comme un trophée de guerre, subissant sans jamais se rebeller. Mythe ou réalité ?

Le village aurait été créé par un Baynouk du nom de Saliou Nonkoling Djighaly. Dans la vaste maison du domicile de celui que l’on présente comme le fondateur du village de Kaour, le temps semble suspendu. La famille s’est réunie sous les vérandas de différents bâtiments au cœur du quartier Doumassou, se protégeant de la pluie. Le chef du village, Insa Djighaly, cheveux blancs, voix inaudible à cause d’un mal de gorge qu’il traîne ces jours-ci, fait figure de patriarche. Il a remplacé son défunt frère. Tout son visage respire la sagesse. À 73 ans, le Livre Saint du Coran ne semble pas le quitter. Il se dit au service de l’Islam et de sa communauté. Invité à raconter l’histoire de son peuple que l’on a étiqueté à tort ou à raison comme des peureux, il ne se fait pas prier et se plie de bonne grâce à nos questions.

L’histoire sert également une autre version. Le peuple aurait été maudit par un roi qui s’est senti trahi, selon M. Ibrahima Biaye, originaire de Kaour. En effet, l’histoire renseigne que Nganna Ciré Biaye, un jeune roi, avait quitté Birkama de Gambie pour s’installer à Birkama du côté de Goudomp. Il voulut ainsi relier la Gambie et le Sénégal par un pont. Pour ce faire, les esprits lui recommandèrent le sacrifice de filles vierges. Les familles de ces pucelles qui ne pouvaient pas le défier ont alors fomenté un coup pour l’éliminer. Ce fut ainsi que, lors d’une cérémonie de préparation pour une guerre, les villageois creusèrent un trou en le recouvrant d’une natte. Ils y déposèrent la chaise sur laquelle il devrait s’asseoir. En s’asseyant, le roi se retrouva au fond du trou. Avant de mourir, il maudit ses sujets, leur promettant une errance. Légende ou histoire vraie ? Difficile à confirmer. Mais la réalité sur le terrain donne un peu de crédit à ce récit. En effet, les Baynouks ont perdu, depuis, leur influence.

Le chef de village de Kaour, Insa, confie que le fondateur de Kaour, Saliou Nonkoling Djighaly, avait quitté Mandouwar. Avant d’arriver à Kaour, il posa ses baluchons à Singhère (un autre village Baynouk se trouvant à peu près 8 km de Kaour à l’intérieur du département). Mais quand il décida de rester à Kaour, il avait trouvé des familles Mané qui n’étaient pas de confession musulmane comme lui. Il s’est alors déplacé sur l’autre rive pour être en parfaite communion avec sa religion.

Au fil du temps, tous les animistes qui étaient sur les lieux ont quitté et d’autres se sont convertis à l’Islam. Le frère du chef de village, Djibril Djighaly, habillé d’un tee-shirt, d’un pantalon et un pagne autour de la taille, confirme que leur famille est le fondateur de cette terre. «En vérité, la Casamance est une terre Baynouk. Si on remonte plus loin, même la Gambie et la Guinée-Bissau sont Baynouks. Nous avons migré pour venir en Casamance. Nos aïeux étaient des hommes de paix. À chaque fois qu’ils étaient persécutés par d’autres ethnies, ils allaient chercher refuge ailleurs», a-t-il révélé. À en croire notre interlocuteur, Gambie viendrait du Baynouk «Cambi» qui serait le nom d’une famille. Pointant l’index vers un coin de la demeure familiale, Djibril montre au visiteur le lieu où le fondateur de Kaour a été inhumé. Notre guide renseigne également qu’un autre village Baynouk, répondant au nom de Kalounaiye qui signifie «Borom Deuk», se trouve dans le Blouf. «Quand les Diolas sont venus, les Baynouks sont partis chercher refuge ailleurs. Ils ont fui jusqu’à un endroit où il n’y avait plus aucune issue pour s’échapper. C’était le dernier village avant le fleuve. Il n’y avait plus aucune possibilité pour aller plus loin. C’est ainsi qu’ils sont restés. C’est pour vous dire qu’il y a même des gens qui se disent d’autres ethnies alors qu’ils sont des Baynouks», fait-il savoir.

Une langue perdue

Complexe ou ignorance de leur histoire pas si reluisante ? Difficile de trouver une réponse. Mais à Kaour, malgré leur majorité, les Baynouks ne parlent pas leur langue appelée Baynounké. Du moins, ils ne la comprennent pas. Sur la route nationale, un jeune Jakartaman, en califourchon sur sa moto, confirme ce que l’on pourrait considérer comme une hérésie culturelle. «Tu ne verras pas un jeune de mon âge d’ethnie Baynouk dans ce secteur qui comprend la langue. C’est désolant, mais c’est la réalité. Personne d’entre nous ne parle Baynouk. Peut-être dans d’autres villages», souligne, d’un haussement d’épaules, le jeune Bakary Diandy. Dans le village de Kaour, les premières familles sont les Djighaly, ensuite viennent les Biaye, Sonko, Camara, Sambou, Djité, etc. Ils sont pour la plupart des agriculteurs et s’activent dans la pêche et l’élevage, pendant que les femmes sont dans le maraîchage.

Le Maire de la commune de Kaour, Sékou Ndiaye, informe que 5.000 âmes, en majorité des Baynouks, vivent dans ce village qui a grandi au fil des années. Les Mandingues, Peuls et Diolas sont également présents dans le village. «La cohabitation avec les Mandingues a été un facteur déterminant pour la langue. Dès que vous êtes ensemble, ils vous imposent leur langue. Il y a également un autre facteur, c’est une certaine faiblesse d’identité chez les Baynouks», indique l’édile de la commune. «J’ai servi dans un village Baynouk qui s’appelle Niamone dans le département de Bignona. Dès qu’ils dépassent leur village, ils ne parlent plus leur langue. Ils ont presque les mêmes noms que les Diolas : Biaye, Diatta, Mané. Il y a beaucoup de Baynouks qui s’identifient à d’autres ethnies. Heureusement qu’à Kaour, ils s’identifient bien Baynouks. Ils n’ont pas ce complexe. Ma deuxième épouse est presque Baynouk. Sa maman est Baynouk, elle est de la famille Djighaly. Les Baynouks n’aiment pas l’affrontement», a-t-il témoigné par rapport à leur caractère pacifique. «La preuve est là. Je suis Maire dans un village Baynouk. C’est pour vous dire que ce sont des gens très sympathiques», ajoute-il.

Kaour abrite aujourd’hui une école élémentaire et un collège. La localité a grandi et on y retrouve un poste de santé et de l’eau potable, un forage servant à partir de Goudomp. Le réalisateur, Ibrahima Biaye, confirme que ce sont leurs cousins qui ont quitté Singhère et ont créé Kaour. «Kaour appartenait à trois familles : les Djighaly, Biaye et Sonko. On a donné à la famille Djingaly le statut de chef de village. Les Biaye gèrent tout ce qui a trait à l’administration et les Sonko gèrent la Justice. Comme ils n’étaient pas très islamisés, la famille Gassama est arrivée (Elhadji Kaoussou Ba Diaby Gassama son vrai nom) et les a islamisés. Il passait dans la contrée, les populations lui ont demandé de diriger la prière. Il l’a fait», confie-t-il sur la présence de la famille Gassama à Kaour. Mais à côté de cette famille Gassama, il y a les «chérifs» descendants du Prophète Mohamed (Psl). Cette famille chérifienne, de Cheikh Sidy Ahmed Aïdara, a été accueillie à bras ouverts par les populations de Kaour. Venue de Tombouctou, elle a beaucoup contribué à la propagation de l’Islam dans la zone et s’est fortement impliquée au retour de la paix en Casamance.

Kaour, une terre musulmane

Kaour reste ainsi une terre à 100 % musulmane. Aucune autre famille d’une autre religion ne vit à Kaour. Selon les habitants, c’est une prière des érudits de la zone depuis plusieurs années. C’est presque le seul village habité exclusivement par des musulmans en Casamance. Un autre érudit du nom de «Niasse» est enterré dans la brousse de Kaour, à quelques mètres de la route nationale. «Il avait également prié pour ce village», renseigne-t-on. Kaour était également un village très mystique à l’époque. On informe qu’il y a un puits dans le village où le roi faisait passer ses lettres. Ses missives, jetées dans le puits, se retrouvaient en Gambie. Le roi, dit-on, communiquait ainsi avec ses soldats. Ce puits est devenu aujourd’hui un lieu mythique pour les populations.

Birkama, de Baynouk à Balante

Si Kaour reste une terre Baynouk, Birkama, par contre, a été complètement «colonisée» par les Balantes. Ceux-ci n’aiment pas trop s’exprimer sur le sujet. Un peuple connu à l’époque pour sa nature belliqueuse. Les Balantes n’avaient pas de rois, mais des guerriers. Ils savaient tous combattre. Ils aimaient la guerre, les confrontations musclées. Interrogé, le chef du village avoue sa méconnaissance de cette tranche de l’histoire de son peuple. Dans ce village Baynouk devenu Balante, la langue dominante est le Balante. Toutes les familles sont presque des Balantes. Aucune ne s’identifie aujourd’hui aux Baynouks. On y retrouve également des Manjaks et des Peuls. Le mécanicien, M. Mané qui tient un atelier dans le périmètre, rappelle que ses parents Balantes ont quitté l’Egypte pour le Cameroun avant de migrer en Guinée Conakry. Dans ce pays voisin, ils ont trouvé Koly Tenghela où il forçait le passage pour la Guinée-Bissau. «Nous sommes ensuite venus en Guinée-Bissau. Nous y avons bâti notre siège dans un village appelé Gandia. Les Balantes ont voulu avoir leur territoire. Ils ont choisi de venir en Casamance où ils ont trouvé les Baynouks qu’ils ont chassés», a-t-il expliqué. C’est ainsi que les Balantes ont attaqué les Baynouks pour les déplacer de la zone de Saré gnako à Ziguinchor. «Les Balantes sont de nature belliciste. Avant l’arrivée des Colons, ils ont découpé le Balantacounda en arrondissement. Le premier chef de canton est Toumany Mané de Saré gnako à Manca Counda. Les Balantes étaient des guerriers, des chasseurs et des colporteurs», a-t-il informé sous le regard des membres de l’assistance. À Birkama, on trouve des noms de Balantes qui ne sont pas sans rappeler ceux des Baynouks comme Mané, Sadio, Diatta, Mansaly. «Le roi Baynouk trouvé sur les lieux a été tué et enterré ici», ajoute le chef de village. Il raconte que le village a été fondé par Kouboune Sadio, un guerrier Balante venu du village de Safane. «À son arrivée, il a trouvé des Baynouks vers le fleuve. Il était un esprit surnaturel, il se transformait en charognard. Les Baynouks avaient deux quartiers. Il a mis en place une stratégie pour les attaquer. Ses premières offensives se soldèrent par un échec. Il est retourné à Safane pour mieux se préparer», raconte notre interlocuteur. Le guerrier Balante a failli être tué par ses parents comme le firent les Baynouck à leur roi qui voulut sacrifier des filles vierges. Il échappa au complot et parvint à convaincre ses parents d’aller attaquer à nouveau les Baynouks de Birkama. Certains guerriers Balantes l’ont suivi. «Il s’est transformé en charognard avec un de ses soldats qui était son ami. Il a vu du haut du ciel les maisons en cases rondes et des baobabs au bord du fleuve. Il y avait un vieux Baynouk avec une femme et un garçon de 3 ans. L’enfant pleurait. Le vieux dit à la femme que ce ne sont pas des charognards et a demandé aux villageois de quitter pour éviter la confrontation. Ceux parmi les Baynouks qui restèrent, furent massacrés», raconte-t-il.

Samba DIAMANKA (Correspondant)

LAISSEZ-PASSER

Le Sénégal, terre d’exil de Chefs d’État déchus

Elhadji Ibrahima THIAM

C’est au moment où l’on commençait à noter une nette baisse des cas de contamination et de décès que le virus de la Covid-19 a décidé de se rappeler à notre « mauvais » souvenir, en emportant l’une des figures africaines les plus marquantes de ces 50 dernières années : Hissène Habré. La liste d’illustres personnalités victimes du nouveau coronavirus dans notre pays et ailleurs s’allonge donc à côté de ces milliers d’anonymes arrachés à l’affection de leurs proches et parents.

Ancien homme fort de N’Djamena, défenseur acharné de l’intégrité territorial de son pays, le Tchad, face aux velléités expansionnistes de la Libye, il y a de fortes chances qu’il soit inhumé ici, au Sénégal, précisément au cimetière de Yoff. Car s’il est de nationalité tchadienne, Habré est sans doute un Sénégalais de cœur.

Renversé par un coup d’État en 1990, il avait dû quitter précipitamment son pays pour atterrir au Sénégal avec toute sa famille. Pendant une bonne vingtaine d’années, il vivra paisiblement au quartier de Ouakam avant que la justice ne le rattrape et ne le condamne, en 2016, pour des exactions commises sous son magistère.

À Yoff, l’ancien Président tchadien reposerait aux côtés d’un ancien Chef d’État d’un pays voisin au Tchad qui, lui aussi, s’était exilé au Sénégal après avoir quitté le pouvoir : Ahmadou Ahidjo, premier Président du Cameroun indépendant, décédé à Dakar en 1989.

Le Sénégal, terre d’accueil de Chefs d’État déchus ? Il existe d’autres cas de figure qui le laisserait penser. En 1994, quand il a été déposé par Yaya Jammeh, c’est au Sénégal que Dawda Kaba Diawara, père de l’indépendance gambienne, a trouvé refuge avant d’aller plus tard en exil en Angleterre. Amadou Toumani Touré, victime d’un pronunciamiento en mars 2012, avait également quitté Bamako pour Dakar. Resté pendant cinq ans au Sénégal, ATT retournera une première fois au Mali en 2017 avant de rentrer définitivement en 2019. Il mourra un an plus tard. C’est au Sénégal aussi que la veuve de l’ancien Président du Niger Ibrahima Baré Maïnassara, tué lors d’un coup d’État en 1999, est venue s’installer avec ses enfants. Il en est de même pour Sékouba Konaté, ancien Chef d’État intérimaire de la Guinée, qui, après avoir rendu le pouvoir aux civils, était venu à Dakar se « reposer ».

PETITS MÉTIERS, GROS PROFIT

Charretier, une activité qui nourrit bien son homme

Il existe des métiers très prisés des sénégalais du fait de leur prestige, de leur facilité ou de leur pouvoir de rémunération. D’autres, par contre, sont délaissés ou ne suscitent pas autant de passion. Parmi eux, l’activité de charretier. Présents un peu partout dans la capitale, ces derniers ne se plaignent pourtant pas parce qu’ils y trouvent leur compte. Ou du moins financièrement.

Samedi 21 août, il est 11 heures 18 au marché Gueule Tapée de Cambérène. La chaleur qui règne sur les lieux est étouffante, mais ne décourage aucunement les vendeurs. Avec leurs voix ou à l’aide d’un mégaphone, ils attirent les potentiels clients en mettant en valeur leurs produits. À quelques pas de là, Mignane Diouf, un homme d’une trentaine d’années, est tranquillement assis sur un banc à épier du regard les allées et venues des gens. Ce charretier venu de Fandène, dans la région de Thiès, est à Dakar depuis 2015. « Ce n’est pas un métier facile, car on est parfois obligé de soulever du lourd, mais on rend quand même grâce à Dieu. Ce boulot me permet de payer mon loyer à la fin du mois, de me nourrir et d’envoyer de l’argent à ma mère et mes deux sœurs », fait-il savoir. Mignane tente de se débiner lorsqu’on lui pose la question sur ses revenus journaliers. « Je ne peux pas vous donner un chiffre exact parce que cela varie d’un jour à l’autre, mais je descends avec au minimum 20 000 FCfa par jour. Une manne financière dont une partie est réservée à l’entretien du cheval », consent-il à dire finalement.

Son compère Madiama Thiouck, très au fait de notre discussion, n’y va pas par quatre chemins pour affirmer que son métier le nourrit bien. « Beaucoup de gens pensent que nous sommes des laissés-pour-compte du fait des brebis galeuses qui infectent notre métier, mais je peux vous affirmer que tel n’est pas le cas », ajoute-t-il. Ayant quitté son Thiadiaye natal en 2008, Madiama a tiré son épingle du jeu puisqu’il s’est acheté un autre cheval qu’il a confié à ses deux frères venus du village pour, dit-il, « subvenir aux besoins de la famille ».

Visibles partout et presque incontournables au niveau des marchés et autres grands lieux de commerce, les charretiers jouent un rôle essentiel dans le transport et la distribution des marchandises. Surtout à l’approche des périodes de fête où les commandes affluent de partout. Ablaye Sagne ne dira pas le contraire, lui qui, en quelques jours, s’est fait une fortune. « Je ne sais pas, mais chaque jour doit être une fête. À l’occasion de la Tabaski, j’ai pu, en quatre jours, économiser 115 000 FCfa après dépenses. Cela veut dire que nous ne nous plaignons pas plus que ça ». Comme quoi le bonheur peut venir d’un cheval et d’une charrette.

Mouhamadou Lamine DIOP

AU CŒUR DES ARCHIVES DU SOLEIL

AVORTEMENTS CLANDESTINS

 

La Police freine l’envol de l’ex-garçon de salle devenu avorteur clandestin

 

Devenu « expert » en avortement clandestin, Boubacar Coumbassa qui n’avait qu’une petite expérience d’aide-infirmier a vu sa côte grimper rapidement auprès des femmes enceintes désireuses de se débarrasser de leur grossesse. La Police a vite brisé l’élan du « Docteur » qui a été inculpé pour exercice illégal de la médecine et pratiques abortives.

Plus audacieux que Boubacar Coumbassa, tu meurs ! Ce ressortissant guinéen de 50 ans, qui a arrêté les études en classe de Cm2 en Guinée et ne dispose que d’une attestation d’aide-infirmier, s’était improvisé « Docteur ». Ex-garçon de salle qui s’est retrouvé au chômage à la suite de la fermeture de la clinique Delfonse, où il travaillait, il a eu le toupet d’ouvrir, à la Rue 1×8, son propre cabinet médical spécialisé dans les soins et pansements, puis dans les avortements clandestins. Le « Cabinet médical Coumbassa », composé d’une pièce unique, avait le vent en poupe et ne désemplissait pas. De bouche à oreille, « Docteur » avait réussi à se constituer un véritable réseau avec des intermédiaires placés un peu partout.

L’entreprise du « Docteur » Coumbassa allait péricliter quand la Police de Reubeuss s’est intéressée à ses activités. Tout est parti d’une plainte d’un ingénieur frigoriste du nom de Michel Camara le 14 juillet 1990. Ce dernier est allé voir les policiers pour leur faire part de son inquiétude concernant une jeune fille, Néné Adji Sow, tombée enceinte de ses propres œuvres. Cette dernière était sa femme de ménage et il avait été obligé de se séparer d’elle suite à une altercation avec sa nièce qui vivait chez lui. Michel Camara la voyait de temps en temps et lui donnait de quoi vivre en attendant sa délivrance. Mais, un jour, Néné Adji Sow s’est présentée à lui et il avait constaté qu’elle avait retrouvé une taille de guêpe. La fille lui avoua qu’elle s’était débarrassée de sa grossesse. La Police cuisina longuement Néné qui confessa qu’elle avait fait un faux-pas et voulait se débarrasser du fruit de cet amour sans lendemain. C’est alors qu’elle s’est rendue à la polyclinique et là, une aide-infirmière du nom d’Astou Fall dite Aïda, âgée de 40 ans et mère de six enfants, l’a mise en rapport avec Fama Thiam qui s’est chargée de la présenter à l’avorteur. Aïda reconnut sans ambages avoir mis Néné en rapport avec Fama, mais dans le seul but de l’aider, avant d’avouer plus tard avoir mis en rapport plusieurs femmes avec cette dernière pour se départir d’une grossesse non-désirée. Alpaguée à son domicile à la rue 3xBlaise Diagne, Fama Thiam, célibataire et mère de deux enfants, reconnait que plusieurs femmes sont venues la voir sur recommandation d’Aïda Fall. Sa mission consistait à conduire les candidates à l’avortement chez Boubacar Coumbassa qui pratiquait l’avortement désiré après s’être assuré de la solvabilité des candidates. Fama conduira les policiers au cabinet médical où ils trouvèrent un nombre important de gens faisant le pied de grue en attendant leur tour de voir le « Docteur ». Arrêté et transféré dans les locaux de la Police, le faux-médecin reconnut qu’il s’adonnait à l’activité médicale sans aucun diplôme et d’avoir avorté plusieurs femmes, y compris certaines dont les maris étaient en voyage. Il fallait débourser entre 17 500 et 30 000 FCfa pour chaque intervention selon le rang social et les moyens des candidates. Pour chaque cliente présentée, Fama Thiam percevait une commission de 5000 à 6000 FCfa. Plusieurs femmes qui ont eu à recourir aux services de Boubacar Coumbassa et consorts ont été entendues. Tout ce beau monde a été déféré au parquet. Le « Docteur » Boubacar a été inculpé pour exercice illégal de la médecine et pratiques abortives, de même que Néné Adji Sow et madame Camara pour avortement clandestin. Aïda Fall et Fama Thiam ont été inculpées pour complicité d’avortement.

 

Samba Oumar FALL (source Badara Diouf, Le Soleil du 26 juillet 1990)

DRÔLE D’HISTOIRE

Un chat guide les sauveteurs jusqu’à sa propriétaire tombée dans un ravin

Au Royaume-Uni, un chat a porté secours à sa propriétaire de 83 ans, tombée dans un ravin, en attirant l’attention des passants par ses miaulements. La Police de Bodmin (Cornouailles, Angleterre) a partagé cette histoire sur Facebook, expliquant que ses agents étaient alors à la recherche de cette femme, portée disparue depuis plusieurs heures. Elle a été localisée par une voisine qui a remarqué le chat, « miaulant au coin d’un grand champ de maïs près de son domicile », rapporte Usa Today.

« La femme âgée était tombée de plus de 20 mètres, en bas d’un talus très raide dont l’accès est particulièrement difficile et où le terrain est accidenté », a indiqué la Police sur Facebook. Après que le chat noir, nommé Piran, a guidé les secouristes vers sa propriétaire disparue, ils ont hissé cette dernière sur une civière qu’ils ont pu porter jusqu’au champ de maïs, avant de l’emmener à l’hôpital par hélicoptère. La Police de Bodmin a précisé que la rescapée était de « bonne humeur » et qu’elle recevait des soins médicaux après sa chute, sans oublier de rendre hommage au « héros » en ces termes : « Le chat Piran a sauvé la situation ! »

« Le chat est très attaché à elle »

Tamar Longmuir, l’une des voisines de la dame âgée, a raconté à Sky News qu’elle et d’autres habitants du quartier l’avaient cherchée dans les champs alentour, « mais il n’y avait aucun signe d’elle ». Ils ont cependant vite remarqué que Piran n’arrêtait pas de miauler devant un portail situé à proximité du lieu où elle a été découverte. « Le chat est très attaché à elle ; il allait et venait dans l’entrée et miaulait. Alors, j’ai décidé d’aller chercher dans le champ de maïs », a relaté Tamar Longmuir.

Elle a alors crié le nom de sa voisine, mais elle est restée sans réponse. Du moins au début. « Juste au moment où je m’apprêtais à sortir du chemin pour commencer à traverser les épis de maïs, j’ai entendu une réponse très faible à mon appel… Je me suis alors rendu compte que ma voisine était en bas d’un ravin de 20 mètres ».

« Elle était passée à travers des barbelés et était allongée dans un ruisseau. Nous pensons qu’elle était étendue là depuis des heures », a déclaré Tamar Longmuir. « Si le chat n’avait pas attendu à l’entrée du champ, il aurait pu se passer encore longtemps avant que moi ou quelqu’un d’autre n’aille vérifier à cet endroit ».

Slate.fr

CITATION DU JOUR

« Si un sacrifice est une tristesse pour vous, et non une joie, ne le faites pas, vous n’en êtes pas digne ».

Romain Rolland



Source : http://lesoleil.sn/feuilles-dhivernage-kaour-derni...