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[Feuilles d’hivernage] Réputé interdit d’accès aux autorités: Ndouloumadji, le combat contre un tabou à la peau dure

Rédigé par leral.net le Dimanche 29 Août 2021 à 17:00 | | 0 commentaire(s)|

Au Sénégal, il se dit que certaines localités sont interdites de séjour aux autorités publiques. Au Fouta, quelques villages, comme Ndouloumadji Founébé, localité d’origine de l’actuel Chef de l’État, ont ce « statut ». Pour ses habitants, tout ceci n’est qu’un mythe qu’il entreprennent de déconstruire. Mais la tâche n’est pas facile. Certains tabous ont la peau […]

Au Sénégal, il se dit que certaines localités sont interdites de séjour aux autorités publiques. Au Fouta, quelques villages, comme Ndouloumadji Founébé, localité d’origine de l’actuel Chef de l’État, ont ce « statut ». Pour ses habitants, tout ceci n’est qu’un mythe qu’il entreprennent de déconstruire. Mais la tâche n’est pas facile. Certains tabous ont la peau dure.

Falel PAM (Correspondant à Matam)

 

MATAM – Soumis aux rigueurs d’un climat chaud une bonne partie de l’année, le Fouta respire, en cette période d’hivernage, un bon bol d’air frais. Les pluies régulières enregistrées depuis le début du mois d’août ont fortement contribué à atténuer la canicule dans cette partie nord du pays. C’est donc sous un climat clément qu’on débarque, vers 13 heures, à Ndouloumadji Founébé, situé dans le département de Matam, commune de Nabadji Ciwol. Si le nom de ce village commence à être connu du commun des Sénégalais, c’est parce qu’il est la terre de d’origine des parents de l’actuel Chef de l’État, Macky Sall. Ce qui est moins connu, par contre, sauf peut-être dans le Fouta, c’est que Ndouloumadji figure sur la liste des localités au Sénégal où il serait « dangereux » pour une autorité de poser les pieds, au risque de tomber dans la déchéance.

Trouvé dans son domicile situé à quelques encablures du marché, le Chef de village, Ibrahima Mamadou Ly dit « Thioyli », n’y va pas par quatre chemins pour démentir vigoureusement cette allégation. « Tout ce qui est dit sur ce village est archifaux. Ce sont des jaloux et des personnes de mauvaise foi qui avancent ces propos diffamatoires. Ndouloumadji Founébé est une terre d’accueil pour tout le monde sans exclusif. Je le jure sur le Tout-Puissant que ce sont des mensonges que des gens malintentionnés véhiculent ! », martèle-t-il. Pour étayer sa thèse, le chef de village liste les personnalités qui ont foulé le sol de Ndouloumadji sans conséquences. « Moustapha Touré, ancien vice-président de l’Assemblée nationale aux temps d’Abdou Diouf, a séjourné à Ndouloumadji. Cheikh Fadel Kane, l’ancien Cheikh Hamidou Kane Mathiara. Me Abdoulaye Wade était venue jusqu’ici pour recueillir des prières avant son accession à la magistrature suprême. Cheikh Niane qui fut gouverneur de Matam et un ami est venu lui aussi dans le village sans qu’aucun malheur ne lui arrive », soutient-il.

Visiblement agacé au plus haut point par ces allégations sur son village, Ibrahima Mamadou Ly dit « Thioyli » ajoute qu’Abdoulaye Sally Sall, Maire de la commune de Nabadji, vient souvent à Ndouloumadji Founébé. D’ailleurs, à l’en croire, c’est lui-même qui supervisait les travaux de construction des trois maisons que Macky a construites ici. Indexant toujours les « mauvaises langues, le chef de village rappelle que lorsque Abdoulaye Sally Sall a eu son accident à Boynadji, certains se sont précipités pour dire que c’était à Ndouloumadji juste pour donner du crédit à cette thèse sur ce village. « Tout ça pour ternir l’image de Ndouloumadji. Et pourtant, le Président Macky Sall est passé lui-même ici quand il était ministre. Je pourrai même dire que son séjour ici a été décisif dans son accession au pouvoir. Parce que c’est durant ce passage que le Khalife de Sadel, Thierno Abdoul Aziz Dieng, lui a envoyé un émissaire pour lui faire savoir qu’il sera un jour Chef de l’État. C’est donc paradoxal si l’on veut nous faire croire que Ndouloumadji est une localité dangereuse pour les autorités », avance le chef de village, qui parle plutôt de « terre bénie ». Ancien émigré, Ibrahima Mamadou Ly dit « Thioyli » a passé 12 ans en France avant de revenir définitivement au bercail. Il est chef de village depuis 1987. Depuis, il s’attèle à déconstruire cette « image » sur Ndouloumadji Founébé. Chez lui, l’homme de 79 ans, reconverti dans le commerce après son retour de l’Hexagone, reçoit sous un vaste auvent comme on en trouve un peu partout dans les vastes concessions au Fouta.

Avant de commencer la discussion, Ibrahima Mamadou Ly fait appel à son Diagaraf, le conseiller spécial du chef de village. Il s’appelle Djiby Demba Sall, oncle paternel du Chef de l’État. Il corrobore les propos de l’autorité du village. À l’image de ses ancêtres « Seddo Sebbé », il est d’un tempérament très chaud. Ce sexagénaire a d’abord rappelé les réalisations du Président Macky Sall dans le village. Selon lui, l’actuel Président de la République est très « fier de ses origines » et son principal souhait, c’est rendre la monnaie à ce village qui a vu naître son père. Un message sans doute destiné à ceux qui manifestaient lors de la tournée économique du Chef de l’État au mois de juin dernier dans le Fouta. « C’est de la jalousie dont il s’agit », affirme Djiby Demba Sall. Avant d’enchaîner : « Il n’y a absolument rien dans ce village qui cause du tort à une autorité. Toutes ces rumeurs qui circulent ne sont que pur mensonge », souligne-t-il sans état d’âme. Il illustre son allocution en évoquant la venue de Zahra Iyane Thiam qui, après son séjour, a été nommée ministre. « C’est de la méchanceté », ajoute-t-il. Et il conclut en remerciant Macky Sall pour tout ce qu’il a fait dans le village comme les casiers rizicoles qui permettent aujourd’hui à toute la zone de s’activer dans l’agriculture.

Ndouloumadji Founébé compte aujourd’hui 7 600 habitants, selon le chef de village. Il existe bien avant l’avènement de l’Almamy Abdoul Kader Kane qui, par la suite, est venu tracer la mosquée de la localité. Comme son nom l’indique, Ndouloumadji Founébé tire son nom des jumeaux « founébé » en pular. Ce sont les jumeaux Assane et Aliousseynou qui ont quitté Ndouma, une localité située en Mauritanie, qui sont à l’origine du nom du village. Ils étaient des érudits du Coran. Ils étaient des savants. Cette localité a une forte communauté dans la diaspora. Beaucoup d’infrastructures ont été réalisées grâce aux immigrés.

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Kirira aussi veut redorer son blason

Autre localité, même réputation que Ndouloumadji : Kirira, petit village situé dans la commune de Bokidiawé. En cette période d’hivernage, s’y rendre n’est pas de tout repos. La route cahoteuse n’est pas du tout praticable. Ce qui transforme, en véritable chemin de croix, à bord de charrette, le trajet de quatre kilomètres entre ce village et le chef-lieu de commune où viennent s’approvisionner les gens de Kirira. Il existe deux Kirira : 1 et 2. Le chef du village de Kirira 2 s’appelle Samba Dia. Trouvé dans son champ, il explique que le nom du village vient du premier habitant qui possédait beaucoup de troupeaux comme des « kirira » petits insectes qui sortent de la terre après la tombée de la pluie. Le Chef de village de Kirira 1, Abdoul Moussa Dia, abonde dans le même sens. Les deux autorités locales évoquent également, en chœur, tous les maux dont souffrir leur localité depuis plus d’un siècle. « Les services sociaux de base manquent à Kirira. Pour se soigner, il faut aller à Bokidiawé. En cas d’évacuation d’urgence, la route n’est pas praticable », disent-ils. C’est pourquoi il lance un appel aux autorités pour que le village soit doté au moins d’une case de santé.

Quid de ces allégations selon lesquelles une autorité ne doit pas entrer dans ce village ? Abdoul Moussa Dia n’y va pas par quatre chemins. Selon lui, c’est une « réalité » qui date du temps de ses ancêtres. « Auparavant, les anciens ne voulaient pas que les autorités viennent exercer des exactions ou maltraiter les populations. À cet effet, ils ont fait des prières pour assurer la sécurité des habitants », explique-t-il. À cause de cette interdiction, mêmes les collecteurs d’impôts n’entraient pas dans le village. Ils déléguaient cette mission au chef de village. Et c’est ce dernier qui, à son tour, allait à Bokidiawé pour reverser les impôts. Mais, dit-il, ce tabou a été levé. Il n’empêche, certaines autorités continuent d’éviter d’y mettre les pieds. Amadou Hampathé Ba défendait qu’en Afrique un vieillard qui meurt est une bibliothèque qui brûle. Cette assertion trouve tout son sens ici. Les anciens avaient des savoirs et connaissances, mais ils sont partis avec. C’est ce qui pousse le chef de village de Kirira 1 à affirmer que les autorités peuvent bel et bien venir à Kirira sans problème. « Les choses ont maintenant changé », assure-t-il.

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LES AGNAM

Aux origines d’un nom

Pour connaître l’histoire des Agnam, il faut se rendre à Agnam Godo, l’un des premiers villages du Fouta. C’est là-bas que le Président de la République avait procédé à la pose de la première pierre de l’écomusée lors de sa tournée dans le Nord du pays. Agnam Godo est la mère de tous les Agnam, selon Ibrahima Kane, un érudit de la langue Pular. Le mot Agnam vient du Pular « aar niaam » qui signifie « vient manger ».

Selon un récit largement partagé dans la zone, il y avait une femme à Agnam Godo qui s’appelait Faty Dème. Elle était généreuse et très hospitalière. Chaque jour, elle préparait des mets et des boissons pour les invités. Mais elle avait du mal à prononcer distinctement les syllabes. Dès qu’elle voyait un passant, elle l’invitait à manger en disant « aarniaam koodo». Certaines versions pensent que l’origine du mot « Agnam Godo » vient de cette déformation.

On nous apprend qu’il y a 12 Agnam dans le Fouta : Agnam Balanabé, Agnam Toulel Thiallé, Agnam Yéroyaabé, Agnam Godo, Agnam Mberla Bélé, Agnam Civol, Agnam Sinthiou Ciré Mato, Agnam Ouro Ciré, Agnam Thiodaye, Agnam Lidoubé, Agnam Goly… Les populations de cette partie du Bosséa vivent principalement de l’agriculture et de l’élevage. La pêche n’y est pratiquée qu’occasionnellement.

Agnam Civol est, selon certaines langues, tabou aux autorités

Nous avons eu la chance de recueillir de la bouche d’un vieil habitant d’Agnam Civol du nom de Moussa Ismaëla Ka des informations sur la fondation de ce village. Selon lui, les Ka qui sont les premiers habitants de Civol viennent de Ciwoyla, une rivière qui était vers la Mauritanie. C’étaient des nomades. C’est pourquoi, d’après ce sexagénaire, ils étaient d’abord établis vers le Saloum ou le Diambour avant d’atterrir dans la zone nord. Yigo Ka est le père fondateur du premier lieu qui s’appelait « Kayel » qui se trouve en haut des Agnam. Il engendra Samba Yigo Ka et Bilali Ka. « Tous les wolofs qui ont un nom de famille Ka sont issus de Bilali Ka », révèle-t-il. Ils habitèrent pendant longtemps à Kayel et ils furent attaqués par des assaillants. Et ils furent obligés de quitter cette localité. Ils trouvèrent un lieu qui s’appelle Wiinde. Ils furent encore pourchassés par les pilleurs. C’est ainsi qu’ils ont formulé des prières pour que jamais pareille attaque ne leur tombe dessus. C’est de là que tout a commencé. Donc c’est pour se protéger que les populations de Civol ont prié pour que les malfaiteurs n’entrent pas dans le village ou n’y passent pas la nuit. Le vieillard explique que l’interdit ne visait pas des autorités qui servent l’État, mais les gens malintentionnés qui veulent s’en prendre aux populations. Mais, hélas, regrette le vieillard, « les autorités n’ont toujours pas compris cela, d’où leur hésitation à venir ici ».

PETIT METIER, GROS PROFIT

PAPE MALICK MBENGUE ALIAS MALIK 2BM

Mareyeur ambulant

Il va de maison en maison, offrant plus de facilité et d’opportunités aux femmes. Pape Malick Mbengue alias Malik 2bm a trouvé sa voie dans la vente de poissons depuis 2010, après une expérience de trois ans en tant qu’émigré en Espagne puis en France. Aujourd’hui, il vaut un investissement quotidien de 250 000 Fcfa.

Pape Malick Mbengue est tout enthousiaste en ce début de matinée du mercredi. Dans les rues de Lansar, il défile, s’égosille, fait la promotion de ses produits halieutiques. « Des poissons frais et accessibles », chante-t-il, la caisse sur la tête, deux morceaux de poisson à la main. Sa voix qui résonne partout interpelle Astou Ndoumbé. Sa cliente s’empresse de venir à sa rencontre. Ils se connaissent bien pourtant, mais le mareyeur ne lui fait aucun cadeau ce jour. « Pas de réduction. Le marché n’est pas bien approvisionné aujourd’hui », avertit-il, serein. La dame se la joue compréhensive. Elle achète sans broncher. Le commerçant poursuit sa vente « porte à porte ». Un système qu’il a adopté depuis bientôt quatre ans. « Je suis dans la vente de poissons depuis 2010 après trois années passées en Espagne et France. En 2017, j’ai décidé d’installer une cantine dans mon quartier. Elle est gérée par ma femme au moment où je sillonne le quartier, la caisse sur ma tête », informe-t-il, l’habit couvert d’écailles. En plus de cette stratégie, il met à contribution les nouvelles technologies les réseaux sociaux notamment Facebook et WhatsApp. « Je me lève tous les jours à 4 heures pour aller m’approvisionner au marché central de Pikine. Je profite également des réseaux sociaux pour mieux vendre. Ainsi, je livre des commandes à Pikine et Keur massar et dans d’autres localités », souligne Pape Malick Mbengue.

Pour disposer de produits, le jeune mareyeur mobilise tous les jours un budget de 250 00 Fcfa. « Il faut débourser une forte somme pour avoir des produits de qualité », signale-t-il. Une activité aléatoire qui, indique-t-il, ne garantit pas un bénéfice tous les jours. « Parfois je peux me retrouver avec des gains importants. Dès fois, je souffre des invendus à conserver pour le lendemain », dit-il. Il gagne bien sa vie à travers son label « Central pescado ». Des bénéfices qui lui permettent de mener son activité musicale puisqu’il est un passionné de Rap. Et le pratique depuis 2005. « Le Rap c’est ma vie. Je peux l’allier à n’importe quelle activité. J’ai débuté en 2005. J’ai fait plusieurs groupes avant d’entamer une carrière solo en 2016 », rappelle-t-il. Aujourd’hui son répertoire est riche de quatre clips : « Fidèle » qui traite de la fidélité en amour et en amitié, « Reorganize » qui prône une réorganisation de la musique sénégalaise et « Allez les lions », sorti en 2018 avant la Coupe du monde et «Infidèle». Toujours motivé, Pape Malick Mbengue veut vivre mareyeur et rappeur.

Demba DIENG

En Norvège, interdiction d’uriner en direction de la Russie sous peine d’amende

Une nouvelle pancarte, posée par des inconnus, près de la frontière norvégo-russe rappelle aux touristes saisis d’une envie pressante ou aux insolents qu’il est interdit d’uriner en direction de la Russie – sous peine de se voir infliger une amende corsée.

Rédigé en anglais, l’écriteau artisanal planté sur la berge d’une rivière qui sépare la Norvège de la Russie exhorte à « ne pas faire pipi en direction de la Russie » et est placé juste à côté d’un panneau, officiel celui-là, informant que l’endroit est sous la vidéosurveillance des garde-frontières norvégiens.

« L’écriteau a sans doute été installé là par des personnes bien intentionnées pour mettre en garde les gens de passage contre un comportement offensant », a déclaré à l’AFP le commissaire norvégien des frontières, Jens-Arne Høilund, confirmant une information du site internet Barents Observer qui a publié une photo.

Les contrevenants sont passibles d’une amende de 3.000 couronnes (290 euros).

Populaire auprès des touristes, l’endroit se trouve sur une des rives de la Jakobselva, d’où l’on peut facilement voir le côté russe à quelques mètres de là.

« Uriner dans la nature n’est pas nécessairement offensant mais cela dépend du point de vue. Là, cela tombe sous le coup de la loi interdisant les comportements offensants à la frontière », a expliqué M. Høilund.

Une loi norvégienne dispose notamment qu’il est interdit d’avoir « une conduite offensante à la frontière à l’intention de l’Etat voisin concerné ou de ses autorités ».

Selon M. Høilund, dont les fonctions consistent à veiller au respect des accords régissant les relations de voisinage entre la Norvège et la Russie, jamais les autorités russes ne se sont plaintes de faits contre lesquels la pancarte met en garde.

Barents Observer rappelle toutefois que quatre personnes avaient été interpellées par les garde-frontières norvégiens il y a quelques années après avoir jeté des pierres en Russie et que, l’hiver dernier, une femme filmée par les caméras a reçu une amende de 8.000 couronnes pour avoir passé la main gauche de l’autre côté de la frontière.

« On peut juger que c’est sévère mais nous appliquons sans faiblir les réglementations frontalières », a fait valoir M. Høilund.

La Norvège garde dans l’Arctique la frontière septentrionale de l’Otan avec la Russie sur 197,7 kilomètres. Les deux pays entretiennent historiquement de bonnes relations mais celles-ci se sont crispées depuis l’invasion de la péninsule ukrainienne de Crimée par la Russie en 2014.

AFP

IMAGE DU JOUR

« Rien ne se perd, tout se transforme ». Ces charretiers qui sillonnent au quotidien le marché Tilène de Dakar ont bien compris le sens de cette maxime. Chaque jour, ils récupèrent et recyclent les bidons d’huile vides qu’ils revendent à prix d’or.

Photo : Assane SOW 



Source : http://lesoleil.sn/feuilles-dhivernage-repute-inte...