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Fin des délestages en août

Dans cet entretien, le directeur général de la Senelec, Pape Allé Dieng, explique les causes des coupures d’électricité notées ces derniers jours, la santé financière de l’entreprise, ses objectifs de revoir à la baisse les tarifs grâce au mix énergétique. Selon M. Dieng, le but est de vendre le kilowatt/heure à 65 FCfa.


Rédigé par leral.net le Lundi 28 Juillet 2014 à 23:59 | | 0 commentaire(s)|

Fin des délestages en août
On note un retour inquiétant des coupures d’électricité en cette période de chaleur et de ramadan. La Senelec avait mis ces impairs sur le compte de l’indisponibilité de la centrale de Kounoune power. A quand un retour de la situation à la normale?

Il est vrai que nous avons connu des problèmes de combustibles avec la centrale de Kounoune, mais depuis hier (lundi 14 juillet, l’entretien s’étant tenu le lendemain), la centrale a repris une marche normale au fuel lourd. D’ailleurs, nous attendons la mise en service d’une centrale de location de 50 mégawatts (MW) pour la fin du mois de juillet. Nous espérons qu’en août, la situation reviendra globalement à la normale.

Comment expliquez-vous que la Senelec soit, depuis plusieurs années, confrontée à des problèmes de combustible non conforme à ses infrastructures ? Votre entreprise n’est-elle pas outillée pour éviter ce genre d’impaire ?

Comme vous le savez, la Senelec ne produit pas de combustible. C’est une structure extérieure qui le fait. Cependant, il faut préciser que la Société africaine de raffinage (Sar) était à l’arrêt. Cet arrêt de la Sar qui devait durer 45 jours a dépassé le temps prévu.

Maintenant, la Sar a importé le combustible. Quand c’est elle qui fabrique le combustible, la centrale de Kounoune n’a aucun problème. Mais quand c’est un combustible importé, on peut avoir quelques valeurs qui sortent des caractéristiques qui sont définis dans l’exploitation et la maintenance. C’est ce qui s’est passé la dernière fois.

La Société africaine de raffinage que vous accusez de vous avoir fourni du combustible non conforme déclare pourtant qu’il s’agit d’un produit «noble ». Qu’en pensez- vous ?

La Sar n’a pas sorti de communiqué pour parler de combustible. Ce qu’il faut retenir, c’est que nous avons un contrat d’environ 260 milliards de FCfa, soit 20 milliards par mois avec la Sar. Lorsque nous consommons pendant un mois, on nous pré- sente une facture de 20 milliards de FCfa. Si nous avons un mois pour payer, pendant ce mois, on consomme 20 milliards, ce qui fait 40 milliards. C’est normal que sur un contrat de 260 milliards de FCfa, qu’il y ait des encours de 40 milliards, dont 20 milliards échus.

Nous, la Senelec, nous fournissons de l’électricité à nos abonnés pendant 60 jours, nous leur présentons la facture qu’ils ont 30 jours pour payer. Ce qui nous fait un cycle de revenu de 90 jours de consommation. C’est pourquoi, nous demandons à la Sar de nous accorder un cycle de revenu de 60 jours.

Malgré les milliards de FCfa que l’Etat du Sénégal injecte dans la Senelec, le prix de l’électricité demeure toujours élevé alors que le coût de l’énergie est un élément déterminant pour attirer les investisseurs. Quel rôle la Senelec compte jouer dans le Pse en ce qui concerne les investisseurs ?

L’Etat verse à la Senelec des compensations annuelles. En 2012, la compensation de l’Etat était de 123 milliards de FCfa. Malgré cette importante somme d’argent, il y a eu un déficit de 9 milliards de FCfa. En 2013, la compensation est passée de 123 milliards à 88 milliards de FCfa. Quant au déficit, il est passé de 9 milliards à 222 millions de FCfa. A cela s’ajoute, sur les stocks, un réajustement sur le combustible de 8 milliards de FCfa. Ce qui nous fait une économie en interne d’environ 52 milliards de FCfa.

Pour cette année, la compensation sera de 60 milliards de FCfa. Progressivement, la compensation baisse au moment où les tarifs sont restés les mêmes pendant 3 années consécutives. Il faut dire que de 2012 à 2014, les travailleurs de la Senelec ont fourni, à l’interne, un effort important pour parvenir à équilibrer les comptes de la société. Ceci dit, Senelec devra réaliser 63 milliards de FCfa d’économies entre 2012 et 2014.

Pour être en équilibre, il y a 63 mil- liards de FCfa de moins sur la compensation, et nous devons ramener le déficit qui était à 9 milliards à zéro FCfa. Pour ce faire, il faut ajouter aux 63 milliards de F Cfa les 9 milliards, ce qui fera un total de 72 milliards à économiser. Nous avons la chance, aujourd’hui, de noter que la baisse des prix du combustible impacte positivement sur nos économies.

En interne, la Senelec a réalisé des performances avec l’utilisation des groupes les plus économiques. Aujourd’hui, nous avons un coefficient de disponibilité des groupes de 80 % alors qu’en 2011-2012, nous étions aux environs de 56 %. C’est dire que des efforts ont été réalisés en interne.

Sur ce, nous allons vers le mix énergétique. Avec ce mix énergétique, l’électricité sera produite à partir du charbon. Ainsi, une centrale de charbon de 125 MW sera mise en service en novembre 2015. Il y aura le gaz mauritanien en 2016. La centrale de Tobène power qui sera, dans un premier temps, au fuel lourd, mais qui va passer au gaz. Il y a Gti qui était une centrale avec des tribunes à gaz. Nous allons construire une nouvelle centrale avec des groupes diesel qui pourront passer au gaz.

L’objectif, c’est d’arriver à un mix énergétique qui fera que le coût du kilowatt/heure (KW/h) soit de l’ordre de 65 à 67 FCfa. A partir de ce moment, l’Etat pourra décider de baisser les tarifs.

Votre entreprise est aussi confrontée au vol d’électricité. La Senelec est-elle outillée techniquement pour venir à bout de ce fléau ?

Le vol de l’électricité représente 9 % de notre chiffre d’affaires qui est de 300 milliards de FCfa. Ce pourcentage équivaut à 27 milliards de FCfa environ. C’est tout l’intérêt du système de comptage sécurisé que Senelec est en train de mettre en place pour juguler ce fléau.

Nous voulons vraiment sécuriser le système en mettant en place une télé-relève pour mieux assurer le suivi de la consommation du client. En général, le vol de l’électricité se passe les périodes pendant lesquelles il y a moins de chance que l’agent de Senelec visite l’entreprise ou le domicile. Avec la télé-relève, nous verrons combien l’abonné consomme pendant la nuit.

En plus de la télé-relève, des compteurs intelligents vont être mis en place pour contrôler les gros consommateurs de façon plus rapprochée. De plus en plus, nous demandons aux abonnés de mettre des coffrets de comptage en limite de propriété pour lutter contre le vol d’électricité et permettre à l’agent de Senelec, à tout moment, d’avoir accès au comptage. Voilà les dispositions qui sont prises en interne. Il y a aussi, en vue, le projet de loi sur le vol d’électricité qui va rendre plus coercitives les sanctions prévues en cas de vol d’électricité. Dans les textes en vigueur, si vous êtes pris pour vol d’électricité, on vous fait juste un rappel de consommation sans en général aucune peine de prison.

Maintenant, en plus du rappel de consommation qui sera fixé par la loi, il sera prévu une peine privative de liberté, au besoin. Espérons que les choses s’amélioreront pour le bien de tous. Les 27 milliards de FCfa que nous perdons pourront servir à l’école, au monde rural ou à la sante des populations. Nous sommes également en train de consolider les axes d’une grande campagne nationale de lutte contre le vol d’électricité. Le lancement a été effectué en juin dernier.

D’ici peu, la Senelec va dérouler ce programme aussi bien dans une démarche de proximité que de communication de masse avec des partenaires stratégiques tels que les imams, le clergé, les consuméristes, etc.

Aujourd’hui, votre trésorerie a été assainie, vos charges d’exploitation ayant baissées de 52 milliards de FCfa en 2013. Quelles sont les perspectives que vous offrent vos finances ?

Il est vrai que nous avons réalisé des économies. Ce qui a entraîné la baisse de la compensation alloué par l’Etat à Senelec. Pour cette année, nous ambitionnons de faire plus d’économie pour permettre à l’Etat de diminuer davantage la compensation. Notre objectif, en fait, c’est de nous passer de cette compensation, et mieux, de faire des bénéfices avec en vue la baisse éventuelle des tarifs.

Qu’est-ce que la Senelec compte faire pour mettre fin aux branchements anarchiques ?

L’obligation de Senelec, c’est de délivrer une tension qui est définie par la loi dans des limites de tension bien précises. Seulement, lorsque nous délivrons cette tension à un abonné et qu’à l’intérieur de son installation, il y a court-circuit qui débouche sur un incendie, la Senelec n’est pas responsable. La meilleure façon de dédouaner la Senelec, c’est de dire qu’elle est responsable quand il y a incendie provoqué par une installation défectueuse.

La responsabilité de la Senelec n’est engagée que lorsqu’il y a surtension et que les appareils soient cramés. Il est important aujourd’hui que les uns et les autres parviennent à comprendre jusqu’où s’arrête la compétence de la Senelec et où commence la responsabilité du propriétaire de l’installation. D’ailleurs, une réflexion est en cours pour rendre obligatoire le contrôle des installations intérieures avant la mise en service de l’électricité.

Que dites-vous aux abonnés qui, malgré les coupures reçoivent toujours des factures salées ?

La Senelec a produit 1,4 milliard deKWHh.Ilyaeu8millionsdeKWh qui n’ont pas été distribués. C’est de l’énergie pour les travaux d’entretien, de l’énergie qui n’a pas été distribuée pour les défauts et celle qui n’a pas été distribuée pour faute de production.

Cela représente 0,5 %. Aujourd’hui, force est de reconnaître que la Senelec a fait beaucoup de progrès. Un arrêté des comptes au 30 juin, une approbation des comptes avec certification même avec quelques réserves au 15 juillet, c’est vraiment encourageant. L’entreprise n’a pas eu pareille situation sur les 10 dernières années. Si l’on regarde les valeurs caractéristiques au 30 juin 2014, on se rend compte que nous avons amélioré la gestion de l’entre- prise par rapport au 30 juin 2013. Si le KW/h était à 84 FCfa en 2013, pour cette année, il est à 80 FCfa. C’est dire que la Senelec a réalisé 7 mil- liards de FCfa par rapport à 2013. Idem pour les autres charges d’exploitations où des économies ont été réalisées.

Que répondez-vous aux accusations selon lesquelles l’Etat serait à l’origine du retard dans l’éclairage de l’autoroute ?

Nous avons juste publié un communiqué pour rappeler nos procédures en cas d’extension du réseau ou d’abonnement. Des procédures applicables à tous, les ménages comme pour les collectivités locales ou mêmes les industriels. Pour s’abonner à l’électricité, il faut un contrat dûment signé par la personne physique ou morale qui s’engage à honorer les factures échues. C’est ce contrat qui oblige la société à fournir l’électricité à l’abonné et ce dernier s’engage à payer l’électricité.

Le problème que nous avons dans ce cas d’espèce est simple : qui est le contractant avec Senelec ? Qui paie la note ? L’administration centrale paie mais les collectivités locales ne paient plus depuis quelques années. La seule préoccupation de Senelec c’est de savoir qui doit payer pour ou au nom des collectivités locales. La seule chose que nous demandons pour l’éclairage public, c’est d’avoir un interlocuteur qui s’engage à payer la consommation d’électricité.

C’est ce que nous demandons aux particuliers, aux industriels, etc. C’est pareil pour les collectivités locales. Si demain la Ville de Dakar (qui nous doit plus de 10 milliards de FCfa) confirme le paiement, nous procédons au raccordement sans délais.

Le Soleil