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GUERRE AU SOMMET ENTRE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D’ELECTRICITÉ ET SON FOURNISSEUR : Senelec assigne Trafigura devant le juge, Itoc exige l’arrêt de la procédure judiciaire

Lors d’une réunion au ministère de l’Energie avant-hier, Itoc a exigé de la Senelec le retrait de la procédure intentée devant le juge des référés dans l’affaire dite du « mauvais fuel ». Faute de quoi, le trader jure qu’il ne déchargera pas le « Green Point », au moment où la Senelec consomme ses dernières gouttes de combustible. Si Itoc s’est radicalisé, c’est surtout parce que la Senelec a assigné Trafigura, son fournisseur, devant la présidente du tribunal hors classe de Dakar le 11 février dernier. Dans la requête obtenue par L’As, Senelec estime que Trafigura a fourni à Itoc le combustible transporté par Itoc à bord du MT Atlas Voyager le 18 juin 2010 à l’origine des perturbations de juillet qui avaient mis à genoux le réseau.


Rédigé par leral.net le Mercredi 2 Mars 2011 à 21:56 | | 0 commentaire(s)|

GUERRE AU SOMMET ENTRE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D’ELECTRICITÉ ET SON FOURNISSEUR : Senelec assigne Trafigura devant le juge, Itoc exige l’arrêt de la procédure judiciaire
Ceux qui croyaient que la situation allait se décanter avant-hier, à la suite de la réunion entre Itoc et les responsables du ministère de l’Energie (en l’absence de Karim Wade qui se trouvait au Koweit), vont être déçus. La rencontre qui devait aboutir à un compromis en vue du déchargement des 33.000 tonnes de combustibles de la cargaison « Green Point » s’est non seulement terminée en queue de poisson, mais aussi houleuse. Itoc exige tout simplement que la Senelec retire la procédure intentée en référé dans l’affaire dite du « mauvais fuel », avant tout déchargement de sa cargaison ; alors que jusque-là, la divergence tournait autour du coût de la cargaison « Green Point ». Un fait nouveau est venu polluer l’atmosphère déjà très tendue entre la Senelec et son principal fournisseur.

Le 11 février dernier, la Senelec a assigné devant la présidente du tribunal hors classe de Dakar Trafigura qui, selon la requête, « a fourni le combustible (Ndlr : mis en cause en juillet) par l’intermédiaire de la société Itoc Sa ». En effet, par ordonnance numéro 3773 rendue le 06 août 2010, le juge des référés de céans a ordonné, après une requête de la Senelec, une expertise aux fins de déterminer les causes des perturbations notées depuis le 25 juin 2010 sur les centrales et les moteurs diesel de la Senelec.

En même temps, le juge demandait aux experts d’examiner notamment le combustible arrivé à Dakar le 18 juin 2010 à bord du navire Mt Atlas Voyageur (affrété par Itoc Sa), mais aussi vérifier si les conditions de transport, débarquement, stockage et son utilisation répondent aux critères de normalité. Enfin, le juge veut que l’expertise évalue les dégâts subis par les machines et qu’elle dise si ces dégâts ont un lien avec le combustible. Pour ce faire, le juge avait désigné l’expert français Jacques Poirier qui s’était vu impartir un délai de deux mois pour boucler ses investigations. À la suite de cette ordonnance, une autre avait été rendue le 12 novembre 2010, à la demande toujours de la Senelec, pour préciser la mission de l’expert et élargir l’expertise à la société Wartsila. « Il est apparu lors des opérations d’expertise qu’il est de l’intérêt de toutes les parties, notamment de la Senelec que la société Trafigura qui, en réalité, a fourni le combustible par l’intermédiaire de la société Itoc Sa, soit installée dans l’expertise », selon la Senelec dans son assignation à bref délai transmise à la présidente du tribunal.

Itoc exige l’arrêt de la procédure judiciaire

Lors de la réunion d’avant-hier, Itoc a exigé purement et simplement le retrait de cette procédure en référé, déclenchée en marge de la procédure pénale classée sans suite par le procureur de la République, comme le révélait « L’As ». Il demeure que cette procédure en référé n’est pas du goût de Itoc qui a demandé sa radiation pure et simple avant de décharger le « Green Point ». La Senelec s’est opposée à cette demande, estimant que le litige sur la cargaison « Green Point » n’avait aucun lien avec cette procédure en référé.

Mais pour Itoc, cette plainte est de nature à ternir son image, surtout que Trafigura a été installée dans la procédure par la Senelec. Qui plus est, la Cellule nationale de traitement des affaires financières (Centif) avait écrit à Itoc pour l’interroger sur ses relations commerciales avec Trafigura, désormais sous les feux de la rampe. En décembre 2010 déjà, Itoc avait suspendu ses livraisons, à cause, entre autres, de cette procédure en référé qui, selon elle, lui causait « d’énormes préjudices ».

C’est dire qu’à moins du retrait de cette procédure, la Senelec n’aura pas le combustible du « Green Point ». Des sources autorisées croient savoir qu’il sera très difficile à la Senelec de ne pas céder à cette demande de Itoc puisque ses machines consomment présentement leurs dernières gouttes de combustible. Récemment, il a fallu que la Senelec fasse appel aux fournisseurs locaux comme Oryx pour remettre sur les rails Gti qui était à l’arrêt avec ses 47 mégawatts. Alors que les délestages se poursuivent de plus belle, avec l’arrêt de la centrale de Kounoune (67,5 mégawatts) qui attend toujours le combustible de la Société africaine de raffinage (Sar).

Cheikh Mbacké GUISSE
L'As


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