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Grandeur et décadence d'un Bédouin (Babacar Ba)

La fin du célèbre guide libyen Kadhafi est triste. Les images atroces de son corps ensanglanté largement diffusé sur l'internet ont mis à contribution la sensibilité de beaucoup d'entre nous. Une mort ne pouvait être plus humiliante que celle qui s'est présenté sous nos yeux ce matin du jeudi 20 octobre 2011. Les conditions et les différents événements qui ont mené à sa mort ont fait couler beaucoup d'encre et de salive. Certains ont été et restent encore très révoltés pointant du doigt les Français, Américains et autres anglais, les accusant de s'être cachés derrière la résolution 1973 de l'ONU pour justifier leurs bombardements, alors que d'autres y voient la libération d'un peuple sous domination, longtemps privé de toute forme liberté. Quoi qu'il en soit, c'est une mort pleine d'interrogations et qui restera à jamais gravée dans la conscience collective. Au-delà de la tristesse et du désarroi que certains pourraient ressentir, il important de décortiquer les messages cachés derrière cette perte humaine.


Rédigé par leral.net le Lundi 24 Octobre 2011 à 16:19 | | 5 commentaire(s)|

Grandeur et décadence d'un Bédouin  (Babacar Ba)
Premièrement au-delà de son assassinat, sa mort interpelle plus que jamais les rapports (amicaux) que certains chefs d'État prétendent entretenir entre eux. Si aujourd'hui, une partie de ces derniers (Afrique, Europe et Amérique confondues) se pavanent à faire des déclarations, nul n'ignore le fait que Kadhafi a contribué pour une grande part à alimenter certains comptes de quelques-uns de ces chefs d'État. Certains grands théoriciens politiques avaient pris le soin de nous enseigner que « Les chefs d'État n'ont pas des amis, ils n'ont que des intérêts ». Loin de moi l'idée de cautionner tous les actes violents commis sous le règne de Kadhafi, il s'agit simplement d'appeler les consciences que l'histoire actuelle ne cesse de nous donner des signes sur lesquels nous avons intérêt à porter notre attention (la Syrie, l'immigration avec le chavirement des pirogues, les crimes financiers, etc.). L'OTAN ou le cheval de bataille des puissances occidentales chercherait-il à exploiter les crises sociales que ces pays vivent pour récupérer leurs richesses (pétrole libyen par exemple)? Mais si c'est le cas, ce ne serait pas la première fois qu'un tel phénomène arrive (exemple : IRAK). Que fait-on alors pour les dictatures pauvres (Sénégal, Guinée, Togo, etc.) ? C'est le moment plus que jamais de se poser la question de savoir la nature réelle du droit d'ingérence. Jean Jacques Rousseau écrivait « Tant qu'un peuple est contraint d'obéir et qu'il obéit, il fait bien, sitôt qu'il peut secouer le joug, et qu'il le secoue, il fait encore mieux : car recouvrant sa liberté par le droit qui la lui a ravie, ou il est fondé à la reprendre, ou on ne l'était point à la lui ôter ». Toutefois, c'est à ce seul peuple dont revient ce droit de se soulever et de rétablir les choses. Comprise dans cet aspect, la mort de Kadhafi aurait eu beaucoup plus de «sens», car émanant du peuple. S'ingérer dans les pays riches et s'abstenir dans les pays pauvres est une attitude qui cache mal le fait que ces pays riches sont animés par la quête effrénée de leurs propres intérêts.
Deuxièmement, sa disparation doit nous interpeller sur la relation entre le pouvoir et son détenteur. Accepter de ne pas en faire une possession éternelle réduit une grande part les risques de dérapage incontrôlé dans la plupart des cas et qui sont souvent source de soulèvements populaires. Si comme le disait Lord Acton «le pouvoir corrompt, le pouvoir absolu corrompt absolument », sa gestion obéit à un double impératif (une vision, et la crédibilité). La longévité au pouvoir, avons-nous souvent l'habitude de penser, permet aux dirigeants de mieux servir leurs peuples. Mais les derniers événements survenus aux quatre coins du monde prouvent le contraire surtout quand il s'agit de peuples africains ou ce phénomène prend une tournure récurrente. L'artiste ivoirien Alpha Blondy chantait au début des années 90 « Le président élu ne peut être élu indéfiniment, un jour ou l'autre, le peuple voudra un changement ». Abdoulaye Wade au Sénégal, Paul Biya au Cameroun, Blaise Compaoré au Burkina Faso, pour ne citer que ceux là ont duré au pouvoir, mais le service rendu aux citoyens ne s'est pas amélioré. Ils gagneraient certainement à envisager une séparation heureuse avec le pouvoir. Les peuples qui ont compris et qui ne veulent pas se laisser trainer par le vent de la mondialisation ne continueront certainement pas à subir des injustices et des inégalités. Il n'est plus rare de voir qu'ils profitent des moyens que leur procurent les technologies de l'information, les nouveaux canaux de communication pour donner des ultimatums à certains dirigeants. Mais malheureusement, pour les dirigeants qui ignorent ce message, la fin reste toujours la même (fuite, exil ou mort). Ce qui est paradoxal et dommage, c'est que rares sont les présidents qui peuvent aujourd'hui en Afrique prétendre donner des leçons au peuple lybien. C'est la raison pour laquelle nul n'a le droit de leur ôter cette « victoire ». Le pouvoir n'est pas éternel et il faut savoir partir à temps.
Troisièmement on n'est jamais hyper puissant tout le temps face à un peuple. L'histoire n'a qu'une seule porte à offrir aux grands hommes: la plus grande. Pour y accéder, il faudra le mériter. Et pour le mériter, il faudra inscrire ses actions dans le temporel raisonnable en évitant de confondre la fugacité des événements et la lecture qu'on fera des actes qui demeurent. Ce n'est pas le temps que le dirigeant a fait au pouvoir qui va l'élever jusqu'à ce que son nom soit inscrit sur les tablettes de l'histoire, mais plutôt la renommée qu'il va laisser comme héritage. Il ne faut jamais qu'il oublie sa dimension humaine. Le pouvoir rend puissant et certains dirigeants en abusent. Ils règnent en mains de fer et perdent de vue souvent toute possibilité d'existence d'une force supérieure qui pourrait s'appliquer sur eux et les faire disparaitre. Dans le cas de Kadhafi cette force s'appelle l'OTAN. Je ne suis pour l\'ingérence et je crois fermement que les peuples doivent disposer d\'eux-mêmes. Ils doivent être autonomes, libres et souverains. Donc loin de moi l\'idée de supporter les puissances étrangères qui ont aidé à combattre celui que beaucoup d\'observateurs qualifiaient de despote, de dictateur. Cependant, il faut que les dirigeants apprennent que rien n\'est éternel et que le pouvoir doit rester une étape de leur vie, une période qu\'ils sont appelés à traverser. Il faut alors essayer de la traverser sans trop de troubles et sans y laisser de traces sombres.
La grandeur d'un chef d'état ne réside pas seulement dans la manière dont il gère le pouvoir qui lui a été confié par le peuple, elle ne réside pas non plus dans la puissance que lui confère ce pouvoir, mais elle se trouve plutôt dans la façon dont cet homme va léguer ce qui lui a été confié à son successeur pour assurer la pérennité de la paix, de la justice et ainsi espérer à une quelconque forme de démocratie. Une leçon que les présidents qui dirigent certains pays africains doivent se servir pour prétendre inscrire au moins une partie de leur nom dans le grand livre de l'histoire. Nelson Mandela en est une parfaite illustration de cette grandeur humaine qui dépasse les intérêts et traverse toutes les générations. La mort de Kadhafi doit servir d\'exemple à tout dirigeant qui pense que son règne est interminable, qu'il est superpuissant. Il est important que le dirigeant garde à l'esprit «que il ya une vie après le pouvoir » et qu\'il ne perde de vue sa condition humaine qui n'est pas différente de celle de ses semblables, c\'est-à-dire limitée dans le temps et dans les moyens.
Par Babacar BA Wakhtane.net


( Les News )


1.Posté par deug la vérité le 24/10/2011 17:49 | Alerter
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Je trouve votre article objectif et lucide . croyez vous que les presidents soit disant élus démocratiquement se feront battre un jour ? non , mais non . Blaise Compaoré , Paul Biya , Obian Nguéma et autres seront et resteront toujours à la tête de leur état . Je ne crois pas non plus que l'actuel président du Gabon puisse un jour perdre une éléction dans son pays .
Quand à notre cher pays de la Téranga , c'est different , il suffit de payer des " politiciens " pour rester eternellement au pouvoir , et le plus vieux président du monde Laye ndiombor utilise cette stratégie , afin de se faire elire au premier tour . Wade arrivera à ses fins , parcequ'il sait pertinement que la coalition de l'opposition ne se fera pas .
Donc les sénégalais boufferont , du despotisme ,et de la corruption pendant cinq années , avant que le fils ne prenne la reléve .

2.Posté par Laafa le 24/10/2011 19:03 | Alerter
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Moi je trouve l'article abjecte et dévergondé. C'est pas les présidents qui n'ont pas des amis, mais les états. Déformation volontaire pour pouvoir manipuler. La première règle d’honnêteté intellectuelle est de rapporter une citation telle qu'elle a été faite. Vous ne cautionnez pas les actes violents commis sous Khadafi, une tactique pour ratisser large. Moi je les nie tous et je peux le prouver. C'est dire que c'est une victime de la médiatisation occidentale qui tente de jouer les intellos. Et qui profite pour régler son petit problème électoral. Mais le Sénégal n'est pas et est loin très loin d'être une dictature pauvre. Mais je préfère ressortir les appels du pied de notre pseudo intellectuel qui condamne les ingérences de l'occident, et pourtant rêve haut qu'il s'occupe du cas du Sénégal. Bacar Ba, tu es démasqué.

3.Posté par coxeur le 25/10/2011 03:15 | Alerter
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l'article est très pertinent et je pense que certains dirigeants africains vont bien méditer de ces derniers évènements cote d'ivoire et en Libye .Il est temps qu'ils pensent plus à servir le peuple que de se servir avec leurs acolytes en encourageant le népotisme,la médiocrité et le larbisme. En tout cas Mr Ba merci de l'analyse intelligente de cette situation et j’espère que nos dirigeants auront la chance d'inspirer des Evénements récents.

4.Posté par dexter le 04/11/2011 12:43 | Alerter
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Coxeur tu manque de culture et c'est dommage. Je t'apprends qu'en oulof on dit «Bour dou mbokk», celà veut dire tout simplement que M Ba n'a pas modifié une citation pour manipuler mais il a plutôt traduit ta propre langue que tu ne maitrise pas. Il faut arrêter vos malhonnetés intellectuelles. Quelqu'un qui a produit un texte aussi riche mérite mieux que ces genres de traitements. Arrête de nier et réfléchis un peu plus.

5.Posté par Someone from London... le 04/11/2011 23:29 | Alerter
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Merci BABACAR pour la pertinence de cet article!!!
Il nous rappelle tout simplement que toute chose a une fin et qu'il ne peut en être autrement.
Si certains chefs d'état l'ont oublié, et bien c'est qu’ils sont vraiment, vraiment naïfs.

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