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Guerre au Yémen: Les prouesses diplomatiques du Président et l’envers du décor (Par Ahmed Khalifa Niasse)


Rédigé par leral.net le Jeudi 7 Mai 2015 à 20:42 | | 0 commentaire(s)|

Guerre au Yémen: Les prouesses diplomatiques du Président et l’envers du décor (Par Ahmed Khalifa Niasse)
Pour mieux comprendre, il y a lieu de revisiter l’histoire, trois mille ans auparavant. A cette époque le Yémen et l’Ethiopie ne faisaient qu’un. Le très puissant royaume de Saba englobait l’actuel Sultanat d’Oman. C’est-à-dire qu’il faisait face à l’empire Perse(Iran) à travers le fameux détroit d’Ormuz. Le moins que l’on puisse dire c’est que les deux royaumes se regardaient en chiens de faïence.

Ce qui vient d’être dit a amené le très espiègle Roi Salomon (Prophète Souleymane) à inviter la Reine de Saba en visite officielle dont on dit qu’elle aboutit au mariage des deux souverains. Et qu’un certain Ménélik qui a été Roi d’Abyssinie fut le fruit de cette union.

Toujours est-il que le judaïsme monothéiste était ainsi devenu la religion du Yémen et donc de l’Ethiopie. Et, ce, des siècles durant. Cependant au flanc nord du pays, sanctuaire des actuels Houtis, c’est le christianisme qui fut adopté. Jusqu’aux faubourgs de la Mecque qui a toujours été une cité éthiopienne.

La ville de Najran fut un grand centre chrétien. C’est la déformation de Nasaraan par allusion à Jésus de Nazareth.
Un pogrom s’en est suivi. La chrétienté allait comptabiliser ses premiers martyrs brulés vifs par les rois judaïsant. Plusieurs siècles après le Coran les pleure. Sourate 85

Toutefois le Yémen devint chrétien, sous suzeraineté éthiopienne. Le gouverneur éthiopien y envoya une expédition dont les chars de combat étaient des éléphants. Ce fut l’année de naissance de notre Prophète (psl). La sourate l’Eléphant relate les faits.

Par la suite l’Islam conquit le Yémen sous la bannière de l’Imam Aly. Ils furent les premiers chiites de l’histoire connus sous le nom de Zaydites (par allusion à Zayd Ibn Ali, petit-fils de l’Imam Ali). Ils fondèrent un imamat qui en fit un royaume chiite dont le dernier souverain, l’Imam Yahya, fut renversé avec l’aide de Nasser. L’armée égyptienne s’y embourba. Alors que l’Arabie Saoudite soutenait les chiites (après avoir donné refuge à l’Imam Badr et à sa suite) qu’elle combat aujourd’hui.

Il y a, donc, lieu de préciser qu’au Yémen les anciens judaïsant sont devenus sunnites, essentiellement au sud et au centre. Et que le nord, anciennement chrétien, est resté chiite. Jusqu’aux confins de Djeddah. Ce prélude est nécessaire pour camper la géopolitique de la zone.

L’avènement de l’Imam Khomeiny a évincé l’Iran du Shah de son rôle de gendarme du Golfe et de gardien du pétrole du Moyen Orient. Israël jouant un rôle complémentaire : celui d’épouvantail.

Aujourd’hui les choses ont radicalement changé. L’Iran reprend le bâton de gendarme. Cela signifie que l’essentiel des pays du Golfe redeviennent une chasse gardée des mollahs de Téhéran.

L’Arabie Saoudite est cernée par une population majoritairement chiite dans la zone pétrolière de l’est et du nord est. Le Bahreïn avec lequel il est lié par un pont long de 25 kms est chiite à 98%. Il ne peut, donc, lui servir de bouclier. Son flanc sud, la région d’Assyr, dont la capitale est Nazran, est une zone Houtie, c’est-à-dire chiite. Qui avait été annexée de force par le père de l’actuel Roi en 1932.

Au nord est, l’Iraq, majoritairement chiite, est indirectement gouverné par l’Iran dont la capitale historique se situe dans les faubourgs de l’actuel Bagdad. En face de Babylone. On peut en dire de même de la Syrie, au nord, le régime d’Assad étant chiite. Les monarques du Golfe sont convoqués par Barak Obama pour leur signifier leur devoir d’obéissance à l’Iran, en vertu des accords sur le nucléaire.

De cet imbroglio diplomatique et stratégique notre Président, à qui j’avais pourtant suggéré de jouer la carte de la paix, celle d’arbitre, a trainé les pieds. Et c’est la Mauritanie qui, actuellement, remplit ce vide en y faisant nommer un médiateur par l’O.N.U. Il s’est donc trouvé obligé de jouer la carte de la « guerre ».

Mais il y a lieu de reconnaitre qu’il s’agit, indéniablement, d’une prouesse diplomatique. Car le contentieux de Dubaï Port lui avait valu une mise au ban des monarchies du Golfe.

Aujourd’hui, par cet acte d’alliance militaire, les choses se sont inversées. Si le contingent sénégalais est positionné dans les bases arrière les profits que le pays pourra en tirer sont énormes. Surtout dans l’après guerre, c’est-à-dire dans la phase de reconstruction du Yémen où le secteur privé sénégalais pourra bénéficier de marchés intéressants.

La même raison avait, d’ailleurs, été évoquée par Mitterrand pour justifier sa participation à la guerre contre l’Iraq qu’il pensait injuste.

En ce qui concerne notre armée, le grave problème des officiers, sous-officiers du deuxième rang et les libérables parmi les hommes de troupe s’est toujours posé quant à leur recyclage.

S’il gagne la guerre, le Président Macky Sall sera auréolé d’une gloire qui fera que son deuxième mandat sera la conséquence de ce qui n’aura été, pour nos Jambars, qu’une promenade de santé.

Toutefois l’envers du décor est de voir l’Iran considérer cette alliance Sénégalo Saoudienne comme étant un casus belli. Et par jeu de balanciers armer lourdement la rébellion en Casamance. Ce, et d’autant plus que les iraniens ont eu à disposer de stocks en Gambie et au Nigéria. Sans compter les nombres de conteneurs entreposés ça et là et dont le contenu n’aurait rien à voir avec des matériaux de construction, tel qu’on l’a vu par le passé.

L’autre coté de l’envers du décor est que le Président iranien Rohani a déclaré ne pas exclure une guerre avec les Saoudiens, avec ses alliés. Toutefois le risque est à prendre. Ce, et d’autant plus que cela permet à notre petit pays de jouer dans la cour des grands. Peut- être que profitant de cela le royaume Wahhabite cessera de diaboliser l’islam confrérique au Sénégal. Et qu’enfin notre Président trouvera l’occasion de nommer des aumôniers imams dans les Armées.

Vive nos Jambars et le Chef Suprême des Armées

AHMED KHALIFA NIASSE