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Hommage à l'Ambassadeur Abdoul Aziz Ndiaye - Par Cheikh Tidiane Sall

Rédigé par leral.net le Mardi 26 Avril 2016 à 09:16 | | 0 commentaire(s)|

Hommage à l'Ambassadeur Abdoul Aziz Ndiaye - Par Cheikh Tidiane Sall
Par un soir d'avril 2016 au moment où le soleil déclinait ses derniers rayons annonçant le crépuscule synonyme de la fin d'une journée, on annonça la fin d'une vie. Celle d’Elhadj Abdoul Aziz NDIAYE, Ambassadeur du Sénégal en République fédérale d'Allemagne. Une vie venait de s'arrêter, un destin de se briser, une brillante carrière de prendre fin, un espoir de s'envoler.

Une vie certes courte, mais dense venait de s'éteindre, une vie faite au service de son prochain, de la nation. Assurément la diplomatie sénégalaise venait de perdre l'un de ses plus valeureux agents. Un agent qui, durant toute sa carrière, aura réussi à faire l'unanimité autour de sa personne tant il alliait compétence, humilité, modestie, discrétion et surtout bonne humeur. Une bonne humeur communicante.

Abdoul Aziz, même contrarié ou mécontent, tu souriais.

Excellence, pour avoir eu la chance de travailler sous tes ordres et ensuite à tes côtés cinq ans durant, je mesure pleinement le vide que tu vas laisser à notre diplomatie et à ta famille.

J'ai encore souvenance du leader que tu étais et qui a réussi à fédérer tout le personnel, à lui inspirer confiance, à lui donner envie de se mobiliser autour d'un seul objectif : servir le Sénégal, les sénégalais de la juridiction, les usagers.

Pour avoir eu la chance de travailler sous tes ordres et ensuite à tes côtés cinq ans durant, j'ai pu constater combien servir l'intérêt général, l'intérêt supérieur de la nation était pour toi un sacerdoce, un credo, un créneau, le seul que doit emprunter Tout agent de l'Etat, Tout citoyen.

J'ai encore souvenance de notre dernière conversation (tu venais juste de sortir de l'hôpital) alors que je me préoccupai de ta santé, tu me parlais de tes objectifs pour améliorer les relations sénégalo- allemandes et avais conclu en espérant pouvoir suivre ta feuille de route pour les prochaines années avant de laisser ton successeur continuer. Dieu en a voulu autrement.

Les souvenirs se bousculent et c'est pour moi l'embarras du choix quand il s'agit de parler de tes actions. Me vient à l'esprit, durant notre séjour à Berlin, cette action devenue un rituel. Tous les vendredis, tu amenais le personnel qui souhaitait se rendre à la Mosquée dans ta voiture, mêmes ceux qui étaient véhiculés.

Me viennent aussi à l'esprit les jours où je te trouvais en train d'apprendre le coran à tes enfants avec une méthode bien particulière : chaque sourate maîtrisée, quelques billets d'euros changeaient de propriétaire (on me dira que c'est du Abdoul Aziz).

Il y a tant de choses que nous aurions pu faire ensemble mais c'est certainement en ton absence que nous ferons ce que tu espérais accomplir. Dieu en ayant décidé autrement.

Il est vrai que quand on perd un ami, un proche on a tendance à dire qu'il était exceptionnel. Mais toi tu l'étais réellement par ton grand cœur, la pureté de tes sentiments, ta gentillesse, ta générosité. Ces qualités font que tous ceux qui t'ont croisé se souviendront de toi.

A ma sœur Djeynaba, je dirai qu'à la douleur d'avoir perdu un mari exceptionnel, il faudra opposer la foi et la fierté d'avoir partagé la vie avec celui que toute une administration, tout un quartier, toute une ville pleurent.

A Mouhamed, Daouda et El Bachir soyez fiers d'avoir eu comme père l'Ambassadeur Abdoul Aziz, car rarement un homme aura réussi à avoir un beau témoignage posthume aussi unanime. Il y a des vies longues et ennuyeuses, celle d’El hadj Abdoul Aziz aura été intense et accomplie.

Nos longues heures de conversation téléphonique depuis que nos chemins se sont séparés me manqueront. Des moments d'échange sur notre métier, des moments pour moi d'en apprendre toujours davantage sur le métier. Des leçons de vie, sur la vie.

Excellence, tu faisais partie de ces nombreux soldats (le mot n'est pas usurpé pour l'ancien enfant de troupe que tu fus) anonymes, discrets au service exclusif de la Patrie.

Ce qui est extraordinaire, c'est que chacune de tes connaissances auraient pu t'écrire ces mots tant toutes ont l'impression d'avoir eu avec toi des relations toutes particulières.

La perfection n’est pas de ce monde, le soleil lui-même a ses taches selon le proverbe indien. Toi, tu fus simplement remarquable.

Inna Lillahi Wa Inna IIeyhi Raaji’ouna.

Cheikh Tidiane SALL, Ministre Conseiller, Ambassade Pékin