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Idrissa Seck : Les erreurs d’un homme intelligent

De l’état de grâce, Idrissa Seck, est passé à l’état de disgrâce. Aujourd’hui, son ex-ami et compagnon, Oumar Sarr éconduit du Rewmi, évoque avec gourmandise « le désenchantement » d’un leader candidat au fauteuil présidentiel, boudé par l’opinion. Dans le chapelet de ses fredaines politiques qui, en s’additionnant l’ont écarté définitivement de sa trajectoire initiale, il faut noter :


Rédigé par leral.net le Jeudi 9 Juin 2016 à 08:03 | | 0 commentaire(s)|

Idrissa Seck : Les erreurs d’un homme intelligent
Idy rate un but servi sur un plat d'or

Son comportement avec Abdoulaye Wade, ancien mentor, frise l’irrationnel. Ce dernier, aux moments de son règne béni au sommet de l’Etat avait confié à Mahmoud Saleh, alors ministre conseiller : « J’avais donné à Idrissa Seck tout le pouvoir intérieur, je ne m’occupais que d’affaires étrangères ». Cette position, l’édile fantomatique de Thiès l’a sacrifiée à l’autel d’un ego surdimensionné et frileux. Tous les sénégalais se souviennent de l’épisode kafkaenne des enregistrements opérés à l’insu de Abdoulaye Wade et diffusés pour exercer une pression morale sur lui. Cette attitude qui dénotait une absence prononcée de « moraline » avait édifié d’une opinion hostile chez les autres chefs d’Etat africains. Idy est dépeint comme un homme sournois qui n’hésite pas à trahir pour sa promotion : un Brutus.

Idy a toujours zappé les cadres thiessois

Dans la formation du premier gouvernement de la seconde alternance, Idrissa Seck avait ouvert la porte de l’exécutif à d’autres compagnons au détriment de ses fidèles de Thiès : Diattara, professeur Papis Ndoye qui seraient restés fidèles au moment de la rupture. Pour avoir zappé les cadres de Thiès, son fief politique, il aura pris un risque qui s’est avéré par la suite très cher en terme de pertes de ses ressources humaines et politiques.

Les fantasmes du surhomme

A cette rogne et à cette grogne héritées des gaffes et patauderies comme « le Conseil Supérieur de la République », la diplomatie secrète entre Wade et Macky sur le dos de ses plus proches, s’ajoute une mentalité élitiste qui cache mal un complexe très prononcé de supériorité. A force de faire l’apologie des hommes d’intelligence supérieure qu’il dresse contre la majorité à l’esprit chétif, le président du Rewmi se marginalise systématiquement. Son arrimage ostentatoire dans le camp des surdoués, le coupe du reste du peuple qui ne se voit pas clairement dans le clair-obscur de son opinion. Par cela même, le président du conseil départemental de Thiès s’avère un piètre politicien. Il a certes une intelligence de perroquet, talentueux dans l’art de la répétition, mais côté stratégie, c’est l’indigence totale. Idy ignore royalement la prospective qui est la loi-cadre de toute entreprise politique.

Idy scie la branche sur laquelle il est assis

C’est dans ces conditions qu’il a abandonné la mairie de Thiès à Talla Sylla, un acteur politique auquel il n’est lié par aucun contrat. Après avoir exercé une gouvernance buissonnière de la ville de Thiès, il tourne le dos à ce qui était jadis son bastion imprenable. Idy qui devait faire de ce bastion un miroir, un paradigme de ses ambitions pour ce Sénégal à travers des infrastructures sociales structurantes, a montré qu’il n’a d’autre préoccupation que ses utopies présidentielles. C’est le psychologue Dacot qui disait que « les faibles recherchent la mort des hommes intelligents » : le paradoxe tragique de Idrissa Seck, c’est que ses fantasmes élitistes ont fait de lui un « intellophages » et de son parti, le Rewmi, un cimetière aux cadres. A vouloir imposer ses désidérata à tout le monde, obliger autrui à se plier à ses convenances, comme la ponctualité dans un pays comme le Sénégal, dévoile le niveau de manque adaptation d’un homme qui a une mauvaise appréciation de l’environnement dans lequel il évolue et qui cherche à dompter son milieu. L’intelligence étant décrite de prime abord comme une faculté d’adaptation…

L’insolite djebelou

Ce qui vient couronner la maladresse cérébrale de l’ex-compagnon privilégié du pape du Sopi, c’est son acte d’allégeance subite au Khakife de la mouridya. Avec ses moult pérégrinations à la cité de Serigne Touba, on pouvait penser qu’il avait fini par se laisser tenter. Mais cette manœuvre, pour le moins suspecte, d’aucuns l’ont reçue avec scepticisme et beaucoup de circonspection. Finalement, il a « perdu boubou le singe et la chaîne qui le retenait ». Les Tidianes en ont vue un camouflet infligé par un disciple de la famille Sy, alors que les Mbacké exercent avec ostentation une réserve bien justifiée.

En bon stratège politique, il ferait mieux de couvrir d’attentions et de respect ses compagnons, et non les traiter de demeurés. L’effet boomerang d’une supériorité affichée, combinée à une victimisation tout azimut, a fini par pousser ses partisans à mettre crosse en l’air et défier son hégémonie électorale dans une région qui qui ne sait plus à quel Idy se vouer. L’un dans l’autre, Idrissa Seck, né pour être Président, n’aura-t-il été qu’un lutin naïf, épris du farniente selon ses proches, mais toujours victime d’une mégalomanie exubérante?

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