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Il est impérieux qu’Abdoulaye Wade soit traduit devant la Haute Cour de Justice

Rédigé par leral.net le Mercredi 7 Novembre 2012 à 12:50 | | 0 commentaire(s)|

“(..).Je hais tous les hommes. Les uns parce qu’ils sont méchants et malfaisants. Et les autres pour être aux méchants complaisants.” Jean- Baptiste Poquelin, dit Molière


Il est impérieux qu’Abdoulaye Wade soit traduit devant la Haute Cour de Justice
A la suite de nos compatriotes, Mody Niang, inspecteur de l’enseignement, du Secrétaire général du Rassemblement National Démocratique, Dr. Dialo Diop et votre serviteur, c’est le député Moustapha Diakhaté, président du groupe parlementaire “Book Yaakaar” qui, lors du vote de la loi rectificative de finances “ a exigé que des poursuites judiciaires soient engagées contre l’ancien président de la République, Abdoulaye Wade”. (cf. l’As quotidien du 23/10/2012). Outré par les décrets d’avance signés par ce dernier, il n’a pas mis de gangs pour dire : “Wade un vandale financier qui agi sans vergogne”. (l’As quotidien 25 à 28/10/2012). Tout en saluant cette réaction juste et patriotique de ce rare compatriote au pouvoir qui a claqué, en son temps, la porte à Wade et à Karim, nous lui disons : “c’est bien, mais il faut mieux faire en passant aux actes”.

“Au nom de quoi Macky décrète-il l’immunité pour Wade ?”

Récemment, nous nous demandions, pourquoi l’Assemblée Nationale ne devrait-elle pas faire jouer à la Haute Cour de justice, son rôle ? Mais somme toute, le président du groupe parlementaire dépasse le président de la République par rapport à la poursuites des délinquants. Faisant dans les mêmes pratiques politiques que son ex-mentor, il s’est fait interviewer par une chaîne de télévision française, pour “décréter l’immunité” en faveur de Wade. On peut se demander au nom de quoi il se donne ce droit ?

Parce que Wade l’avait “fait” pour Diouf. Non, la constitution ne lui confère pas une telle prérogative. Au contraire, elle dispose plutôt que le président peut être poursuivi pour “haute trahison” : Or, pensons que les cas de haute trahison à retenir contre Wade sont innombrables et faciles à établir, si on se réfère à son serment. Dans ce cas d’espèce, Mody Niang a fait un travail considérable dans ce domaine : “Si j’avais suivi la loi, certains d’entre vous, iraient en prison”. Propos tenus par A. Wade, selon Mody Niang, lors de l’Assemblée générale de l’Association nationale des présidents de conseils ruraux, le 9 janvier 2009, au cours de laquelle il fustigeait la vente illégale de terre par certains d’entre eux. (cf. presse de ce jour).

Les Sénégalais se souviennent de “l’Affaire Ségura”, du nom de ce haut fonctionnaire du Fmi à qui Wade avait offert une mallette bourrée de devises. Que dire de la catastrophe du “Joola” ? Près de 2000 hommes et femmes, essentiellement des jeunes à la fleur de l’âge, y ont perdu la vie. A ce propos, le Dr. Dialo Diop, souligne relativement au traitement de cette affaire :”( …) les crimes de sang impunis auraient dû avoir la primauté sur les crimes économiques et financiers, dans la mesures où les biens matériels sont interchangeables, tandis qu’une vie humaine détruite est par définition irremplaçable”.

Mais la forfaiture qui dépasse l’entendement, c’est la grâce accordée, le 02 avril 2012 (décret 2012-417 du 02 avril 2012), à l’ancienne garde du corps de Mme Declerk, ex-première Dame d’Afrique du Sud, condamnée à 10 ans de travaux forcés, pour trafic international de drogue. On peut épiloguer de long en large sur cet acte qui entre dans les prérogatives du Président de la République, mais n’en constitue pas moins un abus de pouvoir, caractéristique d’une haute trahison. D’autant que, le décret a été signé frauduleusement, le jour même, de la passation de pouvoir entre lui et Macky Sall.

Tout ceci fait qu’il y a lieu de se poser des questions, lorsque l’on sait que notre sous région est devenue la planque tournante des trafiquants de drogue. Y-a-t-il un lien à faire entre ce scandale et le nombre élevé de passeports diplomatiques en circulation, et les déplacements frénétiques, incessants, en jet privé, de ce ministre “Prince de la République” ? En tout cas, l’affaire des boulettes de drogue du “Lamantin Beach” de la petite côte n’est que de la gnognotte, à coté de cette ténébreuse affaire.

“Droits de l’homme à deux vitesses”

Mais ce qui est bizarre dans tout ça, concernant précisément ce scandale, c’est l’omerta que l’on a constatée chez certaines personnalités “leaders d’opinion” et autres ONG prompts à ruer dans les brancards à la moindre alerte, pour parler de “droit de l’homme”. “Droit de l’homme à 2 vitesses ?” Alors, exiger le jugement d’Abdoulaye Wade et de ses ministres ne relève pas des cartons des droits de l’homme ? Un SG d’un “parti cabine téléphonique”, s’est fendu d’une déclaration, lors du vote de la loi rectificative de finances, au cours duquel il a été question des décrets d’avance, disant que” : Cela prouve que Wade manque de hauteur et de générosité”. Nous disons à cet ancien souteneur de fraîche date de Wade, dans la Cap 21, que les Sénégalais n’ont que faire de ce genre de déclaration hypocrite.

Les Sénégalais veulent des actes concrets, tendant mobiliser les députés patriotes, pour l’effectivité du fonctionnement la Haute Cour de justice, en vue de juger Wade. Cela, en se ralliant au “mot d’ordre” du Dr. Dialo Diop : “Il faut arrêter et juger l’imposteur Abdoulaye Wade” (Enquête du 16 et 17 juin 2012).

Nous croyons que cela correspond aux voeux de l’écrasante majorité des Sénégalais. Car, sans entrer dans les détails, si on est attentif à certains aspects de la mal gouvernance du système Wade, ses forfaitures peuvent être assimilées à des “crimes contre l’humanité”.

Nous avons mentionné l’affaire du “Bateau Joola”, l’Affaire Ségura. Mais si on cumule seulement l’argent jeté par la fenêtre à l’ANOCI et les milliards qui ont servi à “édifier” ce fameux monument dit de la renaissance africaine, on se rend compte que beaucoup d’hôpitaux, de dispensaires de lycées, pouvaient être réalisés avec ces crédits. Et encore, éviter l’ignorance, la misère et la mort à beaucoup de femmes, de jeunes souffrants dans les hôpitaux, chez eux devant leurs parents désemparés, de maladies guérissables.

Nous disons qu’il est impérieux de juger Abdoulaye Wade, car c’est la voie royale pour mettre en cause ses autres délinquants de ministres. Sans quoi lis seront tentés d’utiliser comme système de défense : “les “instructions reçues du Président de la République”. Il s’y ajoute que la condamnation de Wade et de ses acolytes, facilitera la récupération de tout l’argent volé et plaqué à l’extérieur du pays.

“La responsabilité des députés”

Mais au nom de quoi ne devrait-on pas juger Abdoulaye Wade ? Aux noms des “valeurs sénégalaises” : “Magg buur lë” (le vieux est roi). “Magg da nu koy suturaal” (on doit avoir des égards envers un vieux) ? Nous ne nous adressons pas à ces faux idéologues traditionnels qui font dans la falsification et la perversion de nos valeurs culturelles (de nos jours, ces concepts et autres “Diom, Mun, Kersa” sont travestis, pervertis au bénéfice des exploiteurs du peuple travailleur). Disons simplement à notre vaillante jeunesse de ne pas écouter ces balivernes.

Le contexte et les personnages pour lesquels ces adages ont été énoncés par nos sages (intellectuels) africains, ne cadrent plus avec celui où nous sommes. Nous vivons dans un monde corrompu, dominé par les rapports marchands. Et tant que cette situation persistera, nous ne cesserons d’être dominés. Ensuite, comme nous formulions récemment la question, combien sont les octogénaires, coupables de faits répréhensibles qui croupissent dans nos prisons ?

Le Maréchal Pétain, officier le plus haut gradé de France de son époque, qui a servi son pays avec loyauté et dignité, a été jugé, condamné et radié de l’armée à l’âge de 89 en 1945, pour collaboration avec l’Allemagne nazie. Alors, que l’on arrête de nous servir ce sentimentalisme ombrageux du genre : “Wade est vieux, laissons-le là où il est à Versailles”. Ou encore, “on a d’autre chats à fouetter que de s’occuper d’un vieux gâteux.” De tels arguments ne sauraient prospérer dans une République digne de ce nom. Si on verse dans ces considérations, c’est la porte ouverte et un blanc-seing délivré à tous les “vieux”, pour qu’ils se permettent de faire ce que bon leur semble. Une République civilisée doit fonctionner à partir des règles et critères de justice et d’équité, applicables à tous les citoyens, comme en dispose notre Constitution.

L’Assemblée nationale endossera une grande responsabilité si de son fait, il y aurait entrave à la manifestation de la vérité, de sorte qu’Abdoulaye Wade ne serait pas jugé devant le peuple sénégalais. C’est pourquoi, nous pensons que “Le M23 non complaisant” et tous les patriotes conséquents qui s’opposent aux “méchants et malfaisants”, devraient prendre en charge cette affaire et en appeler à la mise sur pied d’un Collectif pour exiger la traduction de Wade et de ses ministres, coupables de haute trahison, devant la Haute Cour de justice.

ABABACAR FALL-BARROS Ex-membre du Bureau Politique d’Aj/Pads Ancien contrôleur de gestion au ministère des Finances. Dakar le 28 octobre 2012