Leral.net - S'informer en temps réel

Impossible n’est pas français - Par Dr. Souleymane Anta Ndiaye

Rédigé par leral.net le Mardi 20 Mai 2014 à 11:16 | | 0 commentaire(s)|

Je reprends ma plume en ces moments de multiples convulsions (confusions ?) politiques pour tenter de me recadrer moi-même et inviter les Sénégalais qui se trouvent dans « ma situation » à ne point abdiquer et à continuer le combat de la réappropriation de notre destin commun, par le dialogue et la réflexion, mais surtout par la culture de l’attitude positive, facteur de développement et par un soutien patriotique à l’action du Président Macky Sall.


Le retour de l’ancien Chef d’Etat Abdoulaye Wade (puisqu’il occupe encore la Une des journaux), aura au moins aidé à clarifier une question que j’ai toujours eu du mal à élucider : Wade voulait-il réellement se faire succéder par son fils ? J’ai toujours pensé que non. Je l’ai vu à Paris « freiner » une bonne femme secrétaire dans une institution internationale qui l’informait du désir de son fils d’adhérer à la Génération du Concret. Il lui avait froidement répondu : « Ah non ! C’est quoi cette histoire là ? ». L’intéressée avait juré de ne plus jamais recommencer… En créant la Génération du Concret, ce « machin », Karim avait sapé le moral de la grande majorité des militants du PDS et authentiques sympathisants ou adeptes de son père et permis l’émergence d’un groupe d’imposteurs (jeunes et moins jeunes) qui jouaient aux « illuminés ». De hautes personnalités qui respectent Maître Wade avaient eu pourtant à intervenir auprès de Karim pour le convaincre de s’éloigner des sentiers brumeux de la politique et d’éviter de ronger la place que l’icône vivante occupait encore dans le cœur des Africains. L’une d’entre elles à qui Karim avait gentiment demandé d’en reparler après les locales de 2009 (puisqu’il espérait gagner la mairie de Dakar), revint à Paris « fâché comme pas possible ». Ce haut fonctionnaire s’était déplacé spécialement pour le supplier de se retirer et de ne pas faire ombrage à son père. Il n’a pas été entendu.

Au même moment, d’autres, semble t-il, tentaient de faire croire au Président Wade que son fils était le mieux indiqué pour la magistrature suprême…Tout de suite après lui !Ces derniers étaient-ils parvenus à prendre le dessus sur toutes les autres bonnes volontés qui voulaient éviter que « la dévolution monarchique » fusse un projet réel de l’ancien Président ? Dans beaucoup de ses déclarations, la place qu’occupait le fils a heurté, bien des fois, l’égo des Sénégalais. Cela ne l’empêchait pas pourtant, dans les cercles restreints, d’avouer que Macky Sall était plus proche de lui pour la succession. N’avait-il pas demandé au Vénéré Serigne Saliou Mbacké de prier pour que Macky devienne Président ? Très complexe tout cela…

Seulement, depuis son retour et les différentes sorties dans la presse, l’ancien Président donne l’impression de quelqu’un qui n’en a que pour son fils. Normal pour un père. Mais Wade n’est pas qu’un père. C’est encore un symbole, un « patrimoine » commun, une figure historique, une référence pour une bonne frange d’intellectuels et d’hommes politiques africains pour qui l’ancien Président sénégalais avait réussi à faire revenir la flamme du panafricanisme et l’étincelle de la Renaissance Africaine…Il n’a point le droit de se comporter en « mauvais perdant ». Les déclarations menaçantes, les allusions dangereuses et les aptitudes prêtées à son fils ainsi que les piques lancées à l’endroit du Président Macky Sall ne sont pas dignes de son rang… Je commence à croire moi aussi, à cause de tout cela, que Wade ne pense qu’à Karim. Et ça, ce n’est pas bon ! J’ai peut-être tort. Karim a certes des compétences (beaucoup le lui reconnaissent).Il a aussi le droit d’avoir une ambition nationale. Son emprisonnement, sous ce rapport, est un paragraphe inscrit dans les pages de son destin comme ce fut le cas avec Idrissa Seck. Est-ce une raison suffisante pour qu’un ancien opposant adulé, un ex Chef d’Etat admiré, revienne dans la mêlée pour « conditionner » son successeur ? Qui a intérêt à ce que Wade replonge dans la mare politique ? N’y a-t-il point d’autres fils ou filles à ses côtés, capables de se rebeller et de lui demander de transmettre enfin le témoin à la tête du PDS ? Quel gâchis si on devrait se résigner à ne voir en lui qu’un père préoccupé uniquement par le sort d’un fils à qui il avait confié des responsabilités qui ne l’ont jamais mis à l’abri de ce qui lui arrive aujourd’hui. Et ce qui lui arrive est fort triste…

Le Président Macky Sall n’a aucun intérêt à voir son nom lié fatalement à l’ « élimination » du fils de celui qui a eu à le couver de sa tendresse et de son appui, même si en un moment d’égarement, Wade a failli réduire le destin de l’actuel Président en un exercice de descente aux enfers dont les conséquences ne pouvaient être (là aussi) que désastreuses pour l’ancien maire de Fatick. Le Président de la République souffre, j’en suis sûr, de la situation que vit son frère Karim. Ce dernier, rappelons- le, avant l’épreuve de l’incarcération, a connu deux événements douloureux : une cuisante et mémorable défaite aux élections locales et le décès de son épouse à la fleur de l’âge. Moments difficiles à ajouter à la chute du Président Wade. Si humainement on peut comprendre les humeurs de ce dernier (Wade), rien ne devrait justifier cependant la nouvelle posture qui fait de lui un perturbateur. Mais sous ce rapport aussi, le Président Macky Sall a besoin de rester serein, de maintenir le cap de la soumission à la loi et au droit, de continuer à prendre de la hauteur et de ne point se mêler au brouhaha de la foire aux invectives. Si Karim est innocent, rien ne devrait s’opposer à son élargissement ainsi qu’aux conséquences liées à la décision. La balle est dans le camp de la Justice. Il faut lui faire confiance.

Dès l’entame de son magistère, le Président Sall s’est distingué par une réelle volonté d’assainir. Demain il fera jour. A sa place, je mettrais une croix sur tout ce qui pourrait soulever à l’horizon les poussières de la discorde et des polémiques stériles, facteurs de blocage. Le PSE théoriquement soutenu par nos partenaires financiers, a soulevé beaucoup d’espoir. Rien ne devrait estomper l’élan né de son accouchement…Le Président Wade lui-même, au lieu de se reconstruire une réputation d’opposant farouche, ferait preuve d’une élégance princière en se décidant d’accompagner son successeur malgré les épreuves du moment et les écueils de toutes sortes (y compris les obstacles fabriqués par ceux qui ont peur d’une réconciliation Macky-Wade). Je demeure rêveur et puisque « impossible n’est pas français », je verrais d’un bon œil Karim blanchi, revenir par exemple, au ministère des infrastructures, dans une équipe du Président Sall. Le Sénégal et ses intérêts supérieurs valent bien ce scénario !

Dr.Souleymane Anta Ndiaye
Initiateur du Pôle de Jonction
Jonction2017@gmail.com
Impossible n’est pas français - Par Dr. Souleymane Anta Ndiaye