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(Interview Yonhap) Macky Sall souhaite un « partenariat gagnant-gagnant » avec Séoul

SEOUL, 04 juin (Yonhap) -- Macky Sall, le président du Sénégal en visite officielle en Corée du Sud, a estimé ce jeudi que la coopération économique entre Dakar et Séoul a connu «un regain depuis 4 ans» et a souhaité un «partenariat gagnant-gagnant à travers des partenariats publics et privés» avec les entreprises sud-coréennes.


Rédigé par leral.net le Vendredi 5 Juin 2015 à 14:21 | | 0 commentaire(s)|

Le président du Sénégal, Macky Sall, lors d`une interview exclusive accordée à l`Agence de presse Yonhap le 4 juin 2015 à Séoul
Le président du Sénégal, Macky Sall, lors d`une interview exclusive accordée à l`Agence de presse Yonhap le 4 juin 2015 à Séoul
Dans une interview exclusive accordée à l’agence de presse Yonhap, le président sénégalais a évalué que les relations bilatérales sont plus développées qu’auparavant grâce aux projets de coopération au travers de l’Agence coréenne de coopération internationale (KOIKA) et des financements d’Eximbank. Il a aussi souligné la nécessité de continuer les aides mais a aussi appelé les entreprises coréennes à participer à des projets liés au Plan Sénégal Emergent (PSE).

Lors du sommet bilatéral tenu ce matin à la Maison-Bleue, les deux chefs d’Etat se sont mis d'accord pour collaborer sur le plan PSE, composé de 26 projets prioritaires, nécessitant un investissement de 10,1 milliards de dollars. Le PSE projette notamment de construire des infrastructures comme la ligne ferroviaire entre Dakar et le Mali (1,5 milliard de dollars), l’autoroute reliant les régions centre-ouest et nord-ouest (1,2 milliard de dollars).

En ce qui concerne la situation géopolitique sur la péninsule coréenne et les programmes nucléaires et balistiques nord-coréens, le président Sall a noté que son pays maintient sa position contre «toutes démonstrations de force» et pour l’usage de «l’énergie nucléaire à des fins pacifiques».

Au sujet de l’inscription des sites industriels japonais sur la liste de l’Unesco, dont 7 sites où des Coréens ont été forcés à travailler pendant la guerre du Pacifique, Macky Sall a exprimé la position du Sénégal en faveur d' une résolution à travers un dialogue entre «les pays amis que sont la Corée du Sud et le Japon», avant de procéder à un vote.

Ci-dessous le texte intégral de l’interview :

▲ Les relations diplomatiques entre le Sénégal et la Corée du Sud ont été établies en 1962. Comment évaluez-vous les liens entre les deux pays depuis cette date et à l'avenir ?

- Oui, ça fait 53 ans que nos deux pays sont liés par des relations diplomatiques. J’ai rappelé que mes trois prédécesseurs ont tous visité la République de Corée et je suis le quatrième. Nous avons reçu le président Chun Doo-hwan au Sénégal en 1986. Moi-même en tant que Premier ministre j'ai reçu mon homologue sud-coréen en 2006.

- Nous avons des échanges très réguliers au niveau ministériel. Si je devais résumer la coopération, elle a connu un regain d’intérêt depuis quelques années à travers l’instrument de la coopération, la KOICA, dans les domaines prioritaires de notre coopération que sont le développement rural, l’agriculture, l’éducation et l’hydraulique rurale, entre autres.

- Depuis 4 ans, nous avons accès à Eximbank Korea, ce qui a permis de bénéficier de financements plus importants, ainsi nous avons pu obtenir des financements à taux concessionnels pour la construction de deux navires, qui ont été livrés, et qui permettent aujourd’hui de faciliter le désenclavement de la région sud, la Casamance.

- Aujourd’hui, notre coopération est devenue plus dynamique et de nouvelles perspectives s'ouvrent à travers le Plan Sénégal Emergent, où les entreprises coréennes sont invitées à venir postuler aux appels d’offres car nous allons lancer un train électrique qui va relier la ville de Dakar et le nouvel aéroport. Nous avons également un grand marché de l’habitat, du traitement de l’eau, etc.

- C’est un cadre du partenariat que nous voulons. Nous ne sommes pas venus à Séoul uniquement dans le cadre de l’aide, qui doit certes être poursuivie, mais nous nous réjouissons du fait que la Corée ait choisi le Sénégal comme partenaire stratégique. Mais, au-delà de cette coopération dans le secteur du développement, nous voulons un partenariat gagnant-gagnant, surtout à travers les partenariats publics et privés avec vos entreprises qui, on le sait, ont une dimension mondiale sur la scène internationale.

▲ Le Sénégal maintient des relations diplomatiques avec la Corée du Nord. Ces liens avec notre voisin du Nord sont-ils toujours bons ou ont-ils subi une modification ?

- Oui, nous avons des relations normales mais évidemment qui ne sont pas au même niveau que celles que nous avons avec la République de Corée. Ce sont des relations diplomatiques qui ont permis à la Corée du Nord d'avoir une nouvelle ambassade à Dakar. Je dois rappeler que cette ambassade existait depuis très longtemps et elle avait été fermée à un moment donné. Il vient d'être décidé de la rouvrir.

- Pour le moment le Sénégal n’a pas d’ambassade à Pyongyang. Nous avons des relations avec l’ensemble des pays car le Sénégal n’a de problème avec aucun pays au monde. Nous n’avons pas de difficultés majeures. Maintenant nous avons des amis avec lesquels les relations sont plus soutenues et plus fortes. Nous avons certes des relations avec la Corée du Nord mais nous avons des relations plus soutenues avec le Sud.

▲ La Corée du Nord développe actuellement un programme nucléaire et des missiles balistiques. Quelle est la position du Sénégal sur ces faits plutôt déstabilisants pour la paix sur la péninsule coréenne ?

- Nous avons toujours condamné la prolifération, surtout des armes nucléaires. Nous sommes en faveur de la paix. Bien entendu, il faut condamner toutes provocations quelles que soient leurs origines et travailler à ramener la paix et le dialogue. Pour cela, il faut que les deux gouvernements travaillent ensemble et que la communauté internationale puisse aider les deux Corées à se réconcilier, à revenir à la table des négociations et à n’utiliser l’énergie nucléaire qu’à des fins civiles.

- Ce sont les positions classiques du Sénégal que nous avons défendues aux Nations unies et que nous continuons à prôner à l’AIEA et partout dans le monde. Nous sommes pour le dialogue et nous sommes naturellement contre toute démonstration de force qui puisse menacer la paix sur la péninsule coréenne et dans le monde.

▲ Le Sénégal est membre du Comité du patrimoine mondial de l’Unesco. Récemment le gouvernement japonais a obtenu une recommandation du Conseil international des monuments et des sites (ICOMOS) pour l’inscription de 23 sites industriels sur la liste du patrimoine mondial, malgré que sur 7 d’entre eux des Coréens ont été forcés à travailler. Le Sénégal soutient-il ces candidatures ? Quelle est la position du Sénégal sur ce sujet ?

- J’ai exprimé ce matin à Madame la présidente la position du Sénégal qui a été aussi exprimée au Japon et qui consiste à demander aux deux pays amis que sont la Corée du Sud et le Japon de continuer à discuter entre eux sur un sujet qui ne fait pas encore l’unanimité.

- Nous pensons qu’au lieu de discuter au niveau du comité, il serait bien qu'il y ait une discussion et des entretiens entre les Coréens et les Japonais. Nous sommes donc pour la promotion du dialogue entre les deux pays afin de trouver un consensus avant de susciter le vote.

- Nous invitons les deux pays au dialogue mais si les deux pays ne veulent pas dialoguer ou ne trouvent pas un consensus, le Sénégal va devoir donner suite à sa propre position, qui pourrait être l’abstention, qui pourrait être aussi de lui-même susciter un dialogue.

- Nous sommes là et disponibles pour aider à la réconciliation. Vous savez, cela finira toujours autour de la table des négociations. Il faut donc toujours donner une chance au dialogue. Il n’y a pas de raison qu’il n’y ait pas une solution.

- Voyez la Maison des Esclaves sur l’île de Gorée au Sénégal, le symbole vivant de la traite des négriers, qui a été la pire que l’humanité a connu. Aujourd’hui c’est un lieu de mémoire partagé par l’humanité et il y a une sorte de pardon mais pas d’oubli. Il faut donc que la Corée du Sud et le Japon acceptent de discuter.

Propos recueilis par Oh Jeong-hun

(FIN)

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