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Isabelle Durant, SG par intérim de la Cnuced, sur la Covid-19 : « Il urge de faire émerger un monde nouveau et différent »

Rédigé par leral.net le Mardi 7 Septembre 2021 à 11:09 | | 0 commentaire(s)|

La Conférence des Nations unies pour le commerce et le développement (Cnuced) organise, du 3 au 7 octobre 2021, la 15ème session de sa conférence quadriennale sur le thème : « Des inégalités et de la vulnérabilité à la prospérité pour tous ». Une première occasion offerte aux dirigeants du monde entier, depuis le début […]

La Conférence des Nations unies pour le commerce et le développement (Cnuced) organise, du 3 au 7 octobre 2021, la 15ème session de sa conférence quadriennale sur le thème : « Des inégalités et de la vulnérabilité à la prospérité pour tous ». Une première occasion offerte aux dirigeants du monde entier, depuis le début de la pandémie de la Covid-19, de proposer des solutions globales pour le commerce et le développement. Elle réunira près de 200 pays afin de définir une voie durable pour l’avenir. Mme Durant qui a présenté, hier, les différents sujets à la presse a accordé une interview exclusive au « Soleil » dans laquelle elle revient sur les enjeux.

Propos recueillis à Genève par El Hadji Gorgui Wade NDOYE (Correspondant. Crédit photo : Cnuced) 

Quelle est l’importance de cette conférence pour les pays dits moins avancés ? 

Ces pays ont payé et continuent de payer un lourd tribut plus que les autres aux conséquences socioéconomiques de la pandémie. Leurs capacités à soutenir leurs économies déjà fragiles ou trop dépendantes de ressources de base sont, elles aussi, très limitées. L’enjeu pour eux est immense : vaccin, financement du développement et adaptation climatique, digitalisation qui s’ajoutent aux enjeux pré-Covid-19. C’est leur voix qui sera portée haut et fort. Pas sur le mode de la plainte, mais sur celui de l’indispensable prise en compte par tous des profondes inégalités avec le respect auquel ont droit ceux qui sont le moins responsables, mais les plus affectés ou limités dans leurs moyens et ressources.

Quelles sont vos attentes après cette conférence mondiale qui réunira 200 pays ? 

Rassembler les acteurs mais aussi donner le ton, avancer des propositions pour les événements importants où des décisions seront prises sur les questions de dette dans les réunions d’automne du Fmi, lors de la conférence ministérielle de l’Omc, en novembre, sur la surpêche et la réforme de cette organisation sur le financement de l’adaptation au climat à la Cop26 en novembre, au Sommet des Pma5 à Doha en janvier… C’est toute la machine internationale qui doit bouger, décider, aller dans la bonne direction. La Cnuced15, au-delà du fait que ses États membres concluront son mandat pour les quatre prochaines années, en termes d’assistance aux pays en développement via le commerce, la science et la technologie, l’investissement, les questions macro-économiques, de diversification et de soutien aux capacités productives, c’est aussi l’occasion d’ouvrir un nouveau chapitre.

Vous avez parlé de la diversification économique, notamment pour les pays africains. Croyez-vous à un développement de ces États sans une réelle industrialisation ? 

La diversification, c’est une forme d’industrialisation. La question est d’abord que tous ces pays développent leur capacité à produire et à transformer dans des secteurs qui créent de l’activité, qui sont tournés vers l’économie circulaire, les infrastructures utiles pour les Pme. Bref, tous secteurs confondus. C’est la raison pour laquelle la Cnuced a élaboré un indice des capacités productives qui permet de mesurer les forces et faiblesses en matière de capacités productives, qu’ils s’agissent de capital humain, de formation, de capital naturel, d’énergie, entre autres.

Avez-vous pu évaluer l’impact du numérique sur les Pma ? 

Il se développe bien pour ce qui concerne l’usage et l’accès, même s’il subsiste d’énormes problèmes de connectivité, en particulier dans les zones rurales. Mais, plus important encore, c’est le fait de comprendre et d’entrer dans le business modèle de l’économie numérique, d’en tirer des profits économiques, de développer des plateformes propres, de stocker et croiser les données (Big data). Dans ces domaines, il y a encore beaucoup de chemin à faire. La Cnuced travaille activement avec d’autres partenaires sur ces sujets concernant les Pma.

La Cnuced se veut de promouvoir le commerce et d’apporter le développement aux pays les moins avancés. Peut-on dire que cette mission est réussie ? 

Bilan mitigé, bien sûr, surtout à la suite de la Covid-19, mais nous ne pouvons que promouvoir, encourager, équiper, fournir du matériel et partager nos connaissances. La décision politique, dans toute sa complexité et sa mise en œuvre, est du ressort des Gouvernements et acteurs locaux. Il est cependant clair que le contexte actuel et le creusement des inégalités est un échec pour tous ; et il faut s’y attaquer en faisant émerger un monde nouveau et différent. Le monde actuel est très facturé et divisé sur de nouvelles lignes en matière de commerce et développement. C’est tout l’enjeu de cette conférence et de celle qui s’en suivra.



Source : http://lesoleil.sn/isabelle-durant-sg-par-interim-...