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J'ai failli perdre mon fils. Voilà pourquoi je ne referais plus jamais ces choses-là...

Rédigé par leral.net le Mercredi 25 Février 2015 à 06:00 | | 0 commentaire(s)|

J'ai failli perdre mon fils. Voilà pourquoi je ne referais plus jamais ces choses-là...
Depuis que nos deux fils ont commencé à partager une chambre, ils ont toujours la même routine avant d'aller au lit. Bains, pyjamas, dents, histoires, câlins. Et chaque soir quand je quitte leur chambre, Eli dit toujours : "Rappelle-toi de monter, faire un câlin et d'apporter de l'eau !" 


Je dis "Okay" en arrivant en bas des escaliers, sachant pertinemment que la probabilité que cela seconcrétise est proche de zéro. Les journées sont longues, et à l'heure d'aller se coucher, je suis épuisée et je ne réponds plus de rien. Et même dans cet état, je dois encore finir de nettoyer la cuisine, ranger les jouets qui traînent dans le salon, et préparer le repas du lendemain pour les petits. Un fois tout ceci accompli, je peux enfin m'asseoir. 

De temps en temps, après plusieurs minutes de calme, un braillement commence à se faire entendre. Au début, c'est doucement, mais très vite ça s'intensifie, le volume et la fréquence augmente : "Maman. Mamaaannn. MAAAAMAAAANNNN !" 

Je reste donc en bas des escaliers et répond : "Quoi ?" 

"Tu peux monter de l'eau ?" 

"J'arrive dans quelques minutes." 

Je finis ce que je suis en train de faire, remplis quelques bouteilles, et monte les escaliers à contre-cœur,vexée que le peu de temps que je m'accorde ait été stoppé avant même qu'il ne commence. Rapidement je leur donne les bouteilles d'eau, je fais un dernier tour de bisous et je déguerpis le plus vite possible, en me disant que mes enfants ont besoin de sommeil. C'est simplement dans leur intérêt. 

Depuis plus de deux ans, certains éléments de ce scénario se répètent presque tous les soirs... ce qui est encore plus étonnant reste encore le fait que je n'aie pas remarqué que récemment, cette petite routine était en train de se modifier. 

Je faisais un câlin à Samuel et l'écoutais d'une oreille alors qu'il me racontait les dernières péripéties de son super héros pendant que de l'autre oreille j'écoutais des petits bouts de conversation entre Eli et mon mari. 

"Maman" et "ronchonne" étaient les deux mots qui se démarquaient. Je me suis alors mise à lui faire des chatouilles en riant, et je lui ai dit "Qui est ronchonne ?"

Peu de temps après, je suis allée dans le salon à côté de mon mari. Je me suis installée sur une chaise, puis il m'a dit : "As-tu entendu ce qu'Eli a dit ? "Maman est toujours ronchonne quand je lui dis de remonter pour me faire un câlin, donc j'ai arrêté de demander." 

Immédiatement, j'ai ressenti le poids de la culpabilité sur mes épaules. Je me suis précipité dans les escaliers, puis dans la chambre des garçons. Eli venait de s'assoupir. Comme je me suis allongée sur le lit, il s'est agité et j'en ai profité pour lui murmurer : "J'aime te faire des câlins." 

Il marmonna quelque chose en retour, il mit sa main autour de mon cou, et approcha son visage près du mien comme il aime le faire. Tout était pardonné, la situation rectifiée. 

Mais alors que j'étais encore à côté de lui, le véritable poids des mots qu'il avait employé m'avait frappé. 

"J'ai arrêté de demander." 

Je n'ai jamais vraiment réfléchi à ce qu'il pensait de notre petit rituel du soir, j'ai toujours pensé que mes mots et mes actions étaient sans conséquences. Cependant, à mon insu, mon envie d'être ailleurs dans ces moments ne lui a pas échappé, pas plus que mon attitude. A un certain moment, il s'est dit que ce n'était même plus la peine de venir vers moi, ce qui m'oblige à me poser la question : quoi d'autre va-t-il arrêter de me demander ? 

"Maman, tu me liras une histoire ?" 

"Tu joueras avec moi ?" 

"Maman, écoute cette blague !" 

"Devine ce qu'il s'est passé à l'école aujourd'hui." 

"Tu viendras me voir jouer au foot ?" 

"Tu penses quoi de cette fille ? 

"Est-ce que je peux te parler de quelque chose d'important ?" 

Et quelle sera ma réponse ? Mon attitude ? 

"Dans une minute." Qui deviendra 3, 4, 10 puis 20 minutes. 

"Je n'ai pas le temps là," avec un air distrait et blasé

"On le fera plus tard." Et la pile de promesses non tenues sera de plus en plus grande. 

Mes excuses seront sincères et souvent même nécessaires. Les enfants doivent apprendre la patience, mais parfois, il y a des choses qui prennent la priorité. Mais le problème vient de mes mots, couplés à mon attitude, semaine après semaine, mois après mois, années après années, qui lui ont fait du mal. Si ça continue, il arrêtera de demander des choses sûrement bien plus importantes qu'un verre d'eau ou qu'un câlin supplémentaire. 

Donc dorénavant, je lui fais des câlins beaucoup plus longs avant d'aller au dodo, et quand je lui dis "juste une minute", j'essaye de faire en sorte que ça soit vraiment une minute. 

Mon fils m'a abandonné, mais je l'ai réalisé suffisamment tôt pour changer et rectifier les choses. Je pense souvent à comment cela aurait pu finir si j'avais appris cette leçon trop tardivement....