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J’aime le pouvoir ! J’y suis, je reste ! (Par Ibra Pouye)


Rédigé par leral.net le Samedi 29 Août 2015 à 11:36 | | 0 commentaire(s)|

Merci au président Obama pour ce moment de grâce. Il a fallu un Obama, en Ethiopie, au siège de l’Unité Africaine (UA), en très bonne forme et sans notes sous ses yeux, pour nous faire sortir de nos gonds, telle une porte mal vissée, déraillant. Ce titre, soumis à notre réflexion, hèle et frappe de plein fouet notre pauvre conscience de nègres soumis et couchés. L’on se demande pourquoi, l’africain, une fois assis et bien confortablement, ne veut pas quitter le banc sur lequel il a posé son popotin ? Pauvres diables que nous sommes ! Il fallut que le président américain nous réveillât pour pouvoir disserter avec les lecteurs, férus de chroniques à la sauce parfumée de saveurs politiciennes.

Ce titre pompeux, revient souvent dans la bouche de bon nombre d’habitants de la planète et de surcroît africains. Parce que cette question nous concerne. Qu’est-ce qui fait courir l’africain, une fois arrivé au pouvoir ? Cette appellation de ‘’pouvoiristes’’ ou d’affamés du pouvoir, collant à la peau, ne nous honore pas. Quelle honte ! L’Afrique n’a pas besoin d’hommes forts mais d’institutions solides. Les hommes passent de vie à trépas et les institutions demeurent. Et ces dernières sont les socles de notre démocratie et de notre bonne gouvernance, d’où le terme émergence, tant vanté sur tous les toits du monde. Une émergence très souvent chantée et festinée par ceux qui nous gouvernent.

Dans son discours, le Président américain s’est voulu le défenseur des Africains opprimés et qui souffrent. Ce peuple violé ! Ce peuple trainé dans la boue par ses propres dirigeants ! Ce peuple qui souffre dans la solitude ! Et oui, notre lointain parent africain est venu à notre rescousse et dénonce à tout va ce qui ne va pas et entrave le développement de l’Afrique, ce grand corps malade. Donc, haro sur ceux qui veulent rester sempiternellement au pouvoir ! Assis sur le cocotier et empêchant les autres de monter. La seule bataille qui vaille est de nous indigner. Nous crions notre colère et nous ne la ravalons pas ! Et aucune pitié pour ces gens ! Feu sur eux ! Ces petites gens de piètre qualité sous-estiment leur peuple.

Se prenant plus malins que leurs administrés. Mais quand le peuple se réveille et prend conscience de cette situation, bienvenus les dégâts et les conséquences incommensurables! Et pour ça, allez demander à Blaise Compaoré, le burkinabé, il ne vous démentira pas. Balayé tel un arbre qui a tenté de résister aux rafales du peuple. En effet, le pouvoir, ça use et ça rend fou. Regardez Obama et ses cheveux ! Pardi, depuis qu’il est à la Maison Blanche, il a pris un sacré coup de vieux!

Ah les délices du pouvoir ! Etre au pouvoir, c’est comme si on porte un faix. Il faut avoir bon dos et savoir recevoir des coups et même ceux en bas de la ceinture. Depuis que le peuple africain a goûté aux sirènes des indépendances, l’on se demande si cette Afrique-là connait des avancées notoires. Un pas en avant, deux pas en arrière ! Eh bien, quel sacré développement ! Heureusement, ce n’est pas l’Afrique toute entière qui recule. Il est de ces pays qui embrayent dans la bonne direction. D’autres essaient de tenir la flamme de la démocratie même si cette dernière n’est pas taillée sur mesure pour nous, peuples de la négritude.

Nos progrès démocratiques sont en danger quand certains dirigeants refusent de céder le tablier au profit des autres, plus compétents et enclins à gérer les affaires de la cité. Ils oublient ou feignent d’oublier qu’il y a une vie après la présidence. Ils se calfeutrent dans leur position. Une couche salée d’Obama est venue s’ajouter à son discours épique, disant, ‘’Je ne comprends pas cette attitude de vouloir rester coûte que coûte au pouvoir.’’ Pauvre Obama, il ne vit pas dans le même monde que nous, africains. Sommes-nous habitués à ce mode de gouvernance empreint de ses méthodes salaces ? Et cerise sur le gâteau, il assène cette expression lapidaire, adressée indirectement à nos dirigeants,’’ Mais j’ai une vie après la présidence !’’ Rire sous cape, clôturant le débat servi comme un plat de résistance, à toute une assistance aux anges. L’heure est à l’union ce que le temps est à la bonne gouvernance. Et ce titre n’est autre qu’un coup de gueule d’un africain lambda qui essaie de noyer son chagrin par le biais de l’écriture et dans ses heures perdues.

En effet, lorsqu’un dirigeant essaie de changer le cours du destin de son peuple, il s’expose à la foudre de ce dernier. Hélas, la démocratie, c’est laisser le peuple exprimer ses idées et ses envies. L’Afrique ne peut pas changer dans cette stagnation. Le changement est absolu et imminent. Une démocratie doit être concrète. Une démocratie de façade, l’Afrique n’en a plus besoin. L’action doit servir de complément à la parole souvent décousue et non respectée par certains dirigeants africains. Et aucune démocratie n’est parfaite. Même celle française, une des plus vieilles du monde, est truffée d’imperfections.

Mais dans tout cela, il nous faut, nous africains, avancer sur le chemin de la bonne gouvernance, socle d’une démocratie moderne et participative. Donner la parole au peuple rend plus fortes nos institutions. Un mauvais mode de gouvernance peut être un terreau fertile au terrorisme. Ce cancer qui nous guette et nous nargue. Combattre le terrorisme, c’est combattre ceux qui en sont les vecteurs. Un exemple patent : quand une fille, au Nigéria, se fait exploser, c’est qu’il n’y a plus espoir dans le monde où elle vit. Et en général, il existe une corrélation entre ce geste de désespoir et la pauvreté dans laquelle est empêtrée cette pauvre gamine. Ceux qui nous dirigent sont en général les responsables de notre propre malheur. Et pour un meilleur développement de l’Afrique, il nous faut éradiquer un autre cancer, la corruption.

Ce grand mal africain. Et ceux qui nous dirigent forcent en général dans cette brèche béante. Ils corrompent pour assouvir leurs passions afin d’éteindre leurs buts précis. Et s’accrocher au pouvoir, per fas et nefas, comme un sangsue, ne devrait plus exister? Je termine par ce cri du cœur ; le développement de l’Afrique passera par toutes les filles et tous les fils qui en font sa composition et sa diversité. Et à ceux qui ne croient pas à un avenir radieux de l’Afrique, il faut leur rabattre le caquet. Je suis un afro-optimiste. J’aime le pouvoir ! J’y suis, mais je ne reste pas !

POUYE Ibra
ibpo2004@gmail.com