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« J’en ai marre d’être femme » : ce coup de gueule cartonne sur Facebook

le 18 Mai 2016 à 14:37

Anaïs Bourdet a 31 ans et travaille comme graphiste indépendante à Marseille. En 2012, elle a créé Paye Ta Shnek, un blog qui lutte contre le harcèlement sexiste dans l’espace public. Depuis quatre ans, elle le gère bénévolement.


Sur la page Facebook de PTS, elle a publié un post qui dit «J’en ai marre d’être femme. Ça y est, ça me fatigue» et qui raconte comment elle ne supporte plus que certains minimisent l’importance de l’affaire Baupin.

Le député Denis Baupin a été accusé la semaine dernière de harcèlement sexuel par des élues et des collaboratrices, selon une enquête conjointe de Mediapart  et deFrance Inter.

À la suite de ces révélations, plusieurs femmes,  notamment des élues politiques ont rapporté ce qui leur était arrivé ou les anecdotes sexistes  de certains collègues masculins.

Anaïs Bourdet débute son récit en expliquant qu’il y a quelques jours, elle s’était mise à courir dans la rue pour semer un homme. Puis, elle a découvert que certains députés trouvaient l’affaire Baupin très drôle.

On ne devrait pas se plaindre. On devrait courber l’échine, apprendre à vivre avec tout ça, avec le sourire de préférence. Si on se défend, on se voit alors accusée. Visiblement beaucoup de monde n’a pas encore compris, ce que c’est d’être une femme dans cette société.»

Puis, elle explique ce qu’être une femme signifie pour elle. «Dans mon cas, c’est être sexualisée par des inconnus avant même d’envisager la sexualité. C’est découvrir le harcèlement à 11-12 ans, et vivre avec ensuite. Être une femme, c’est être cataloguée faible et fragile dès le plus jeune âge», écrit-elle.

Puis, elle énumère ce que doivent vivre les femmes dans la société d’aujourd’hui. Et le constat qu’elle fait est peu reluisant.

«C’est savoir depuis toujours, que dans la famille les femmes ont dû tirer un trait sur leurs ambitions pour servir l’égo de leurs conjoints. (…)

C’est se battre deux fois plus pour faire reconnaître ses compétences (…)

C’est devoir rendre des comptes au monde entier sur son intention ou non d’avoir des enfants, car on n’est pas pleinement femme, si on ne pond pas. (…)

C’est entendre depuis toujours, des réflexions salaces, de la part de l’entourage comme d’inconnus. (…)

C’est être un objet sexuel, qu’on le veuille ou non. (…)

C’est avoir peur en permanence, quand on marche, quand on conduit, quand on se déplace (…)

C’est être une salope à la moindre contradiction du navrant du coin. (…)

C’est s’excuser en permanence, même quand on est responsable de rien (…)

Son post s’achève sur une note plus optimiste, car même si être une femme est un combat de tous les jours, c’est d’abord une fierté pour Anaïs Bourdet.

«Être une femme, c’est être fière à chaque victoire, même microscopique, car on ne la doit à personne d’autre qu’à soi. C’est ne jamais baisser les bras. C’est assumer, seule, en permanence, tout ce qui nous arrive. C’est se battre contre la peur, contre la violence, contre nos angoisses.

C’est refuser les règles établies sous peine de s’oublier. C’est faire partie d’un groupe qui ne se nomme pas, d’une sororité invisible qui ne se doute même pas de sa force incroyable.»

«J’en ai marre d’être femme, mais je n’échangerais les rôles pour rien au monde.»

«Je suis femme et fière, fière de voir que nous sommes de plus en plus nombreuses à nous battre partout dans le monde, avec nos spécificités, avec nos obstacles, avec nos moyens. Je suis fière de nous voir parler de plus en plus fort, rire, râler, hurler, faire du bruit. Je suis fière d’être une femme, et ça vaut toutes les positions dominantes du monde, car moi je n’ai pas besoin d’écraser qui que ce soit pour exister.»

Sa publication a été likée plus de 17.000 fois en moins de 24 heures et partagée plus de 6000 fois sur Facebook. Elle a ému de nombreux internautes.
 

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