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Jacques Habib Sy, délégué général pour l'organisation du XVème sommet de la Francophonie: «On est en avance sur le chronogramme de finition des travaux»

Accusé de gré à gré, le délégué général pour l’organisation du 15e Sommet de l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF) d’assurer de la transparence des marchés passés par ses services dans le cadre des préparatifs de l’évènement de novembre prochain à Dakar.


Rédigé par leral.net le Mercredi 13 Août 2014 à 13:32 | | 0 commentaire(s)|

Jacques Habib Sy, délégué général pour l'organisation du XVème sommet de la Francophonie: «On est en avance sur le chronogramme de finition des travaux»
Une certaine lourdeur dans la levée des fonds ferait peser une menace sur l’organisation du prochain Sommet de la Francophonie avec la non disponibilité du Centre International de Conférence de Dakar. Qu’en est-il réellement?

Dans le cas des procédures de décaissement concernant la construction du CICD, un effort très appréciable a été consenti par le ministère de l’Economie, des finances et de la planification et les agences de supervision des marchés publics. Toute la machine administrative est mobilisée à plein régime et nous espérons pouvoir conclure tous les marchés au plus tard avant la fin du mois d’août 2014.

Il est vrai que les difficultés ne manquent pas en raison du mode de construction du bâtiment en mode rapide, mais je puis vous dire que l’ouvrage est entre les mains d’entreprises jugées sérieuses par les spécialistes qui veillent sur les travaux : le bureau de contrôle technique (VERITAS), l’assistant à maîtrise d’ouvrage (BECHU-ARCOBA), le maître d’ouvrage délégué (APIX S.A), l’Architecte Conseil du Président de la République (OSCARE-Afrique) qui coordonne au nom de l’Etat l’expression des besoins architecturaux et les soumets à l’entreprise Summa responsable de l’élaboration architecturale et de la construction du CICD.

Au moment où je vous parle, l’entreprise turque, SUMMA est en avance sur le chronogramme de finition des travaux prévue en fin septembre 2014. Pour l’instant donc, je peux vous assurer qu’il n’y a aucune menace sur la disponibilité à temps de l’infrastructure pour l’organisation du Sommet.


Pour ce qui est des grands chantiers de la francophonie à Diamniadio, les architectes sénégalais ont avancé avoir réclamé leur part en vain. Il est vrai que pour la construction du CICD, ce sont des entreprises étrangères qui exécutent les travaux. Quelle est réellement la part des entreprises locales sénégalaises dans la préparation de ce XVème sommet ? Comment expliquez-vous leur absence pour les grosses affaires ?

Le financement du CICD a fait l’objet d’une subvention de l’Etat turque à travers Eximbank à hauteur de 25 milliards de francs Cfa, le reste étant financé par le Sénégal à hauteur de 15 milliards de francs Cfa. Des travaux supplémentaires suggérés par des conseillers spéciaux du Chef de l’Etat ont été engagés et sont en voie de finition. La société turque Summa a été engagée par l’Etat du Sénégal dans le cadre de ces accords. Summa a sous-traité plusieurs marchés avec des entreprises sénégalaises. Summa a également recruté plusieurs centaines d’ouvriers Sénégalais qui ont bénéficié de salaires et d’assistance sociale réglementaires et ont beaucoup appris auprès des ouvriers spécialisés turques. Le compact contractuel et de transfert technologique qui a caractérisé nos accords avec la Turquie comporte des enseignements dont nous tirerons les leçons et les porterons, le moment venu, à l’appréciation du chef de l’Etat. Il n’est donc pas exact de dire que les entreprises sénégalaises ont été absentes du processus de construction du CICD.

Pour ce XVème sommet, le Président avait annoncé une grande utilisation des œuvres nationales pour la décoration du CICD. Aujourd’hui, les artisans et artistes sénégalais réclament leur part dans la commande publique du mobilier pour la francophonie. Pouvez-vous nous donner le degré d’implication des artistes sénégalais dans ce XVème sommet, qui se tiendra ici à Dakar ?

Le ministère de la Culture a supervisé les concours et l’appel d’offres ainsi que la mise en place de jurys destinés à sélectionner les œuvres qui seront partie intégrante du CICD grâce à l’application de la loi selon laquelle 1 % de la valeur des bâtiments publics doivent aller aux artistes plasticiens nationaux. C’est une manne d’environ 500 millions de francs Cfa qui est ainsi en train d’être gérée par le ministère de la Culture qui, même au cas où le budget opérationnel relatif à cette action serait placé sous la responsabilité de la Délégation générale, doit rendre compte de manière transparente de sa gestion de ce processus. Je voudrais signaler que c’est sur ma suggestion que l’Académicien Ousmane Sow et plusieurs autres grands talents internationalement reconnus ont été sélectionnés sur une base honorifique liée à leurs états de service qui parlent d’eux-mêmes.

A quatre mois de la tenue du XVème sommet de la Francophonie, pouvez-vous nous donner le coût de l’organisation de ce grand rendez-vous du monde francophone ?

Je voudrais tout d’abord rétablir la vérité au sujet d’informations erronées faisant état, à l’époque, d’une réduction du budget de la Délégation générale pour l’organisation du XVe Sommet de la Francophonie par le Président de la République. Il n’en est rien. C’est l’expression des besoins des différentes commissions qui a été revue à la baisse suite aux arbitrages du chef de l’Etat qui a souhaité tenir un Sommet à la mesure des possibilités financières du Sénégal. C’est ainsi que nous avons fait des efforts substantiels sur tous les aspects de nos dépenses opérationnelles pour aboutir à un budget qui s’élève à 10 milliards de Francs CFA. L’essentiel de cet argent sera réinjecté dans le tissu économique national à travers notamment la rémunération des 70 prestataires de service qui interviennent dans l’organisation du Sommet, sans compter les dizaines d’opérateurs qui seront impliqués dans la fourniture de chapiteaux, de services de restauration, de transports et de soutiens opérationnels spécifiques.

De toute l’histoire des Sommets francophones, la Délégation générale a fonctionné avec le moins de personnel (en moyenne 250 personnes à temps plein dans les autres pays contre une trentaine de personnes au Sénégal) et a, selon le témoignage du représentant de l’OIF, le budget le moins élevé de l’histoire des Sommets Francophones. Cette performance mérite d’être portée à l’attention publique parce qu’elle indique les sacrifices personnels considérables consentis par une partie du personnel d’encadrement pour piloter ce projet à la fois complexe et sensible.

Pour ma part, comme je l’ai déjà déclaré lors d’un entretien avec un quotidien de la place, j’espère pouvoir annoncer au Président de la République qu’il y aura des économies réalisées sur le budget opérationnel alloué à l’organisation du Sommet.

Quelles sont les retombées escomptées au sortir de ce sommet?

Pendant plusieurs jours, le Sénégal sera le point d’attraction du monde francophone et ce sont 77 chefs d’Etat et de gouvernement qui sont concernés. Il faut rappeler que le Sommet de la Francophonie est la plus grande conférence itinérante du monde. Entre 3 000 à 3 500 personnes sont attendues dont environ 700 journalistes et des centaines de touristes venant de tous horizons. Les retombées d’une telle organisation sont importantes dans presque tous les secteurs de l’économie. L’hôtellerie, le transport, le commerce, le tourisme, les télécommunications, la restauration, l’artisanat, l’industrie alimentaire, l’horticulture, la papeterie, les consommables de bureautique, etc, seront considérablement impactés. A cela s’ajoutent des services spécifiques comme ceux faisant appel aux agents d’accueil, aux chauffeurs et aux guides.

Dans le domaine de la diplomatie, le Sénégal va assurer pendant deux ans la présidence de la Francophonie. Ce statut lui confèrera le privilège d’intervenir juste après les cinq pays membres du Conseil de sécurité à la tribune des Nations-Unies.

Personnellement, je ne vois pas la langue anglaise que j’utilise de façon prédominante au plan scientifique comme une menace. Bien au contraire, et c’est le cas de nombre de professeurs d’université qui enseignent régulièrement dans les universités américaines. Je vous signale que l’anglais est largement utilisé par l’intelligentsia française elle-même et que dans une écrasante proportion la littérature scientifique s’exprime en anglais. L’erreur de certains travailleurs intellectuels Africains francophones, je ne parle pas des dilettantes, est qu’ils se croient obligés de défendre la langue française comme ne le feraient pas les Français eux-mêmes. C’est donc un signe d’aliénation culturelle. On peut, tout en utilisant le français, être ouvert à toutes les autres langues dont l’anglais et protéger très sérieusement les langues africaines. Ce sont ces langues que certains intellectuels aliénés méprisent inconsciemment et parfois ouvertement qui sont le passage obligé de notre prospérité et de notre développement culturel et scientifique.

Quel sort sera-t-il réservé aux installations du CICD, de même qu’à la Délégation générale de la francophonie post-sommet ?

La Délégation générale s’éteint en fin février lorsque la reddition de ses comptes par une équipe réduite sera achevée selon les termes du décret présidentiel qui l’a créé. Le CICD est une installation pérenne à laquelle il faudra ajouter de nouvelles structures plus indiquées pour les conférences résidentielles et les rencontres scientifiques et de formation de haut niveau, comme je l’ai expliqué il y a quelques instants.

Entretien réalisé par

Jean Michel DIATTA

Sud Quotidien