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«Je m’enfermais dans ma chambre pour imiter mon père»

Rédigé par leral.net le Lundi 22 Septembre 2014 à 21:35 | | 0 commentaire(s)|

En jouant les chauffeur et bagagiste pour son daron, il a fini par marcher sur ses traces. A force de calquer sur son géniteur, il a réussi à s’imposer au fil des années et des expériences, comme son digne héritier. Madiop Mbaye Pekh dit Pekh junior est ainsi le digne fils du grand communicateur traditionnel et griot de l’ancien chef d’Etat, Me Abdoulaye Wade, El Hadji Ablaye Mbaye Pekh. Comme deux gouttes d’eau, ils se ressemblent à tout point de vue…


«Je m’enfermais dans ma chambre pour imiter mon père»
Il a presque tout pris de lui. Les traits du visage, la voix, les mimiques, les grimaces, l’humour, le visage… Madiop Mbaye Pekh ressemble comme deux gouttes d’eau à son père. C’est le double d’Ablaye Mbaye Pekh, le grand communicateur traditionnel et non moins griot de l’ancien chef d’Etat sénégalais, Abdoulaye Wade. Bon sang ne saurait mentir ! A l’image de ces jeunes qui ont pris leur pater comme héros, Madiop Mbaye Pekh n’a pas fait exception à la règle. Pekh junior comme on le surnomme est aussi un fin connaisseur des courses hippiques. Et cela n’a pas surpris grand monde, lorsqu’il est devenu l’animateur de l’émission «naaru goor» dédiée à ce sport, sur la TFM (Télé Futurs médias). Une passion que lui a naturellement transmise son géniteur, célèbre pour son émission «Diour gui ak Mbékh mi» sur la RTS (Radio télévision sénégalaise). Toutefois, Madiop Mbaye n’aurait jamais pensé devenir un spécialiste des courses de chevaux. Il se prédestinait plutôt à un destin de chambellan. Ayant étudié à l’école coranique, il se projetait déjà tout petit dans les cercles religieux. Sauf que les gènes de griot qui bouillaient dans son corps vont finir par se réveiller et effacer tout le reste, même son maigre cursus scolaire. Il a étudié jusqu’en classe de CM2. «Je n’ai pas fait de longues études. Je me suis essayé à l’école française avant de m’arrêter à la classe des griots, (il éclate de rire). Par la suite, mon père m’a confié à Serigne Mame Mor Mbacké Ibn Serigne Mourtada Mbacké. Ce dernier m’a inscrit à l’institut Al Azhar, dans notre village de Pekh Tall, dans le département de Kébémer. Là-bas, j’ai maîtrisé le Coran au bout de 4 ans. C’est au moment de passer le certificat en Arabe que j’ai abandonné les études», narre-t-il avec un brin de nostalgie. Entre temps, son amour pour les chevaux avait pris le dessus…

Orphelin de mère

Ayant été très tôt arraché à l’affection de sa mère (il avait 12 ans), Madiop était un enfant choyé. Lorsqu’il prend volontairement la décision de quitter les bancs de l’école française, puis coranique, son géniteur le bénit. Il est d’ailleurs crayonné comme l’ami de son père et son confident. «J’obtenais tout ce que je voulais de mon père. Nous sommes très proches», confit-il fier de lui. Et quand la question s’est posée, à savoir ce qu’il allait faire de son avenir, il n’a pas hésité une seule seconde à dire qu’il voulait être comme son père. Il a commencé par s’occuper de ses chevaux, avant de devenir, son chauffeur et bagagiste personnel. A 25 an, il a acquis suffisamment d’expérience et de maturité aux côtés du tonitruant et disciple du 4e Khalife de Bamba, l’imam de Touba, Serigne Abdou Khadre Mbacké. Il se place déjà comme le successeur d’Ablaye Mbaye Pekh, sa référence. Il titille le métier de communicateur traditionnel dans son Kébémer natal où il a fini de se faire une réputation, avec sa voix qui porte. Chassez le naturel, il revient toujours au galop. «Je le voyais toujours debout dans les grandes cérémonies tenir le micro devant d’éminentes personnalités. A chaque fois, il m’impressionnait par ses prestations qui ne laissaient personne indifférent. Il faisait frissonner les âmes les plus réfractaires et caracolait en tête des communicateurs traditionnels. Je me demandais comment il a fait pour parvenir à ce niveau pour quelqu’un qui n’a jamais étudié. C’est là où je lui ai demandé d’être à ses côtés pour qu’il m’emmène à ces cérémonies. Je restais derrière pour l’observer, et l’influence est venue à 100% de lui», se rappelle-t-il. Beaucoup d’eau a coulé sous les ponts, mais sa vision n’a pas changé. Son chemin a été balisé, il fait aujourd’hui ses preuves à la Télévision Futurs médias (Tfm) du Groupe Futurs médias (Gfm). «Je n’ai appris dans aucune école mon métier d’animateur ou de communicateur. Tout est venu naturellement, mais par la force du destin. Je suis le seul fils d’Ablaye Mbaye Pekh à suivre ses pas. Depuis 2005, je l’accompagnais quand il partait en reportage, lors des courses hippiques et dans les cérémonies officielles. Je l’observais de très près et il me présentait à ses amis. De retour à la maison, je m’enfermais dans ma chambre et répétais ses propos. C’est ainsi que j’ai piqué le virus. Mais si je suis arrivé là, c’est grâce à un engagement et une détermination sans faille. Coup de pouce du destin, mon père m’a mis en rapport avec Youssou Ndour qui m’a demandé de venir présenter une émission à la télé. Comme j’aime les chevaux, je me suis vite familiarisé avec les acteurs. Mon ambition, c’est de ne pas me limiter à ce qu’ont fait mes prédécesseurs dans ce domaine. Je veux innover. C’est pourquoi, lorsque je couvre ces événements, j’essaie de faire des reportages décalés pour apporter une touche nouvelle afin d’attiser la curiosité des téléspectateurs», détaille-t-il.

Apolitique

Contrairement à sa «référence» qui est un militant et un sympathisant infatigable du Parti démocratique sénégalais (Pds), Pekh junior n’est partisan d’aucune obédience politique. «L’engagement politique de mon père aux côtés de Me Abdoulaye Wade est sans équivoque et il l’a montré à la face du monde. Mais en ce qui me concerne, je ne suis pas encore sur ces draps. Je n’ai aucune orientation politique pour le moment. Comme je suis jeune, j’ai tout l’avenir devant moi et je ferai mon choix le moment venu», édifie-t-il. «Cependant, je marche sur les pas de mon père pour ce qui est de son dévouement et son attachement à la famille de Serigne Touba», fait-t-il remarquer.

«Aujourd’hui, grâce à Dieu, je fais des choses qui plaisent aux gens. Mais cela n’enlève en rien ma vocation de griot. C’est pourquoi, après mes obligations professionnelles, en tant que fils de griot, je fais du «Samba mbayane. A mes heures creuses, je ne me gêne pas pour aller à la rencontre de mes «Guer» (nobles), comme Cheikh Amar, Bara Gaye, Kader Ndiaye, Baba Diaw…», avoue-t-il, le sourire aux lèvres. Son père avait atteint de hautes responsabilités au sommet de l’Etat. Comme son pater, il vise haut. Ce n’est pas qu’il est surréaliste, mais il est bien le fils de son père…

EL HADJI FALLOU FAYE
L'OBSERVATEUR