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Karim candidat à la Présidentielle de 2017 : Un choix à haut risque

Le choix du Pds de faire de Karim Wade son candidat à la Présidentielle peut compromettre sensiblement les chances de cette formation politique dans le futur. Ce, même si Wade y trouve une occasion en or pour sauver son fils en mettant la pression sur Macky Sall. Analyse


Rédigé par leral.net le Lundi 23 Mars 2015 à 10:18 | | 0 commentaire(s)|

Karim candidat à la Présidentielle de 2017 : Un choix à haut risque
Wade n'a rien perdu de sa superbe. Il a fait passer son fils sans coup férir, arrachant même des sourires et des éclats de rires à l'assistance venue valider sa décision. Candidat du Parti démocratique sénégalais (Pds) pour la Présidentielle prochaine, Karim va être condamné aujourd'hui par la Cour de répression de l'enrichissement illicite (Crei) car, comme l'a si peu diplomatiquement dit l'ambassadeur de France au Sénégal, un "non-lieu serait étonnant". S'il est choisi donc, c'est pour mettre la pression sur l'appareil judiciaire, sur les tenants du pouvoir et, surtout, attirer l'attention d'une opinion à qui on a fait croire, de manière régulière, que l'homme est un "prisonnier politique" victime d'une inquisition pour briser sa carrière. Et, si nombre de personnalités du Pds sont en phase avec Wade, ce n'est qu'une suite logique d'une loi non-inscrite chez les libéraux : tous sont des variables devant la seule constante qui fait et défait à sa guise. Ni l'âge avancé ni la perte du pouvoir n'ont empêché Wade de garder intact toute son influence et sa mainmise sur "ses" hommes qu'il se plaît à dicter la conduite à tenir.

Simulacre
L'ex-Président est conscient que ses décisions ne vont souffrir d'aucune contestation sérieuse. Certes, Aida Mbodji et Souleymane Ndéné Ndiaye, dans une moindre mesure, ont montré leur opposition mais, par pudeur sans doute et avec un contexte si lourd, ils n'ont pas voulu se radicaliser pour frustrer leur mentor. Ils savent aussi que les dés sont déjà jetés et s'opposer à Karim dans ce simulacre d'investiture démocratique serait suicidaire. Serigne Mbacké Ndiaye, semble-t-il, l'a compris tard. Silence, on déroule tranquillement le tapis rouge à Wade-fils. Les 13 candidatures enregistrées, réduites à 6 par la suite, n'étaient qu'une manière subtil d'amuser la galerie et donner à la commission chargée des investiture un semblant de légitimité et de légalité. Ce qui devait arriver arriva. Tout le monde joue et c'est Wade-père qui gagne dans son univers, tenant là un moyen de pression pour son combat futur.
Quid de l'avenir du Pds ? C'est le flou et l'incertitude totale. Si Karim, leur champion, est condamné comme prévu, il leur sera très difficile de trouver un plan B, dans la mesure où même le coordonnateur Oumar Sarr, censé être le leader naturel après Wade, a clairement indiqué sans convaincre que le "prisonnier le plus célèbre" au Sénégal est le meilleur d'entre eux. C'est vrai qu'au pays des aveugles, les borgnes sont les rois, mais le choix de Karim ne s'est pas fondé sur les bases objectives qui gouvernent un parti normal. Ils paieront cher une telle grossière erreur d'appréciation.

Le grand oubli...
Wade et les siens sont toujours restés sourds et aveugles au message des Locales de 2009 avec la sanction sans appel qui leur était infligée par des électeurs rationnels. Karim, alors candidat à la mairie de Dakar, avait même perdu dans son bureau de vote. Wade et les siens semblent oublier la grande mobilisation citoyenne du 23 juin 2011, pour dire non à un ticket maléfique de dévolution monarchique du pouvoir. Ils n'ont pas compris la lumineuse leçon de février et mars 2012 qui a consacré la chute de leur régime. Pourtant, ils auraient pu faire de ce "23 mars", un "23 juin" si les conséquences de leur débâcle avaient été tirées avec toute la sérénité requise, Wade aurait pu abandonner l'idée selon laquelle son fils reste et demeure le plus apte à présider aux destinées d'un pays composé de citoyens dignes et debout. Il aurait pu, comme il sait si bien le faire, remuer "le couteau dans la plaie" et fustiger les nombreux manquements du régime actuel incapable d'opérer les rupture tant espérées. Il aurait pu, à son tour, s'insurger contre l'omniprésence de la famille et de la belle famille présidentielle dans la gestion des affaires. Il aurait pu, à juste raison, dire qu'il n'y a rien de nouveau sous le soleil, à bien des égards. Le mal persiste, les solutions toujours absentes. Mais, la passion aveugle efface l'intelligence des plus doués. Et ce ne serait pas exagéré de comparer le pape du Sopi à "ce chien du meurtrier qui lèche la main de son maître quand elle est teinte de sang. Il ne discute pas, il ne juge pas, il aime". Malheureux père de la "Comédie humaine" de Balzac.

La Tribune

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