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Karim et les Journaux

Dans votre édition n° 2454 du 20 au 26 janvier 2 008, votre envoyé spécial à Dakar, Monsieur Marwane Ben Yahmed, a consacré une « enquête » sur Karim Wade, qu’il présente comme « une énigme », « un homme de l’ombre ». Avant d’aborder ma propre vision de cette « enquête », je ferai rapidement état de la réaction que celle-ci a provoquée auprès du public en général, et des journalistes en particulier. Dès le lendemain, cette « enquête » était à la « Une » de pratiquement tous les quotidiens de Dakar. Le Populaire en particulier, titrait, dans son édition du lundi 21 janvier 2 008 : « Propagande : Jeune Afrique vous présente Rimka Wade. » L’édition du même journal du lendemain revient sur "l’enquête" de M. Ben Yahmed en ces termes : « Mise en scène : Rimka Wade version "publi-reportage". » Dans la première page de son édition du 21, Le Populaire conclut ainsi son commentaire : « En tout cas, une chose est sûre : selon nos capteurs, ce "publi-reportage" a quelque chose à voir avec la longue audience que Njomboor (un surnom de Me Wade) a accordée, dernièrement à Paris, à Marwane Ben Yahmed, le fils du proprio de Jeune Afrique. »


Rédigé par leral.net le Samedi 8 Mars 2008 à 21:51 | | 0 commentaire(s)|

L’envoyée spéciale à Dakar² d’Afrique Magazine (AM), Mme Emmanuelle Pontié, n’a pas été épargnée par les journalistes sénégalais. Dans son édition n° 726 du jeudi 2 008, le quotidien L’AS affirme à sa « Une » : « Pour avoir bénéficié d’une vingtaine de pages à Afrique Magazine, Wade pompe des sociétés pour arroser la famille Ben Yahmed.» Le journal précise que dès que le Chef de l’État a été informé de la visite de l’envoyée spéciale de AM, il « instruit son directeur de cabinet technique, Zackaria Diaw, de saisir un certain nombre de sociétés et d’entreprises nationales, afin qu’elles octroient de la publicité au magazine managé par Ziad Liman ». Le journal poursuit que « pas moins de huit entreprises et sociétés nationales ont réservé des insertions publicitaires (….) dont, de sources sûres, chaque page a coûté au moins 5 000 euros (3 millions de Fcfa) ».
Pour revenir à « l’enquête » de Monsieur Marwane Ben Yahmed, je ne suis pas journaliste. Je me garderai donc de commenter les commentaires ci-dessus évoqués. Je ne reproche pas non plus à Jeune Afrique et à Afrique Magazine d’avoir dépêché des envoyés spéciaux à Dakar pour « gagner une fortune colossale », comme l’affirme le quotidien L’AS. La préoccupation du citoyen que je suis est ailleurs : elle est sera essentiellement de donner son point de vue sur le portrait flatteur que M. Ben Yahmed a fait du fils gâté du président de la République du Sénégal.
M. Ben Yahmed nous présente donc Karim Wade comme une énigme. Il ne l’est point pour le plus commun des Sénégalais. Tout le monde connaît aujourd’hui ce jeune homme, dont la volonté de succéder à son père de président ne fait plus l’ombre d’un doute. Il n’a pas besoin de le proclamer sous tous les toits : il y travaille tous les jours, avec l’appui ferme de son père. « Le tigre n’a pas besoin de dire sa "tigritude" : il tue sa proie et la mange », disait le Nigérian et Prix Nobel de littérature Wole Soyinka. Dans de nombreuses contributions, notamment dans celle parue au journal Le Quotidien n° 1486 du samedi 15 décembre 2 007 et dont le titre était « Les Wade continuent de creuser leurs sillons », j’ai passé en revue un nombre indéterminé d’actes sans équivoque, que Wade père pose sans état d’âme pour Wade fils. Karim Wade n’est donc pas nous une quelconque énigme : nous savons qui il est et ce qu’il mijote au grand jour avec son père.
Karim Wade n’est pas, non plus, « un homme de l’ombre », comme l’appelle Marwane Ben Yahmed. La preuve, M. Ben Yahmed affirme dans son texte, qu’ « au Sénégal, on ne parle que de lui ». Il ajoute que ce fils du président âgé de 39 ans « est partout ». Karim Wade est donc loin d’être un homme de l’ombre. C’est plutôt un homme du grand jour et du grand soleil, un homme présent, omniprésent et à la limite envahissant. Les caméras de la télévision nationale – la télévision de Me Wade, de sa famille et de leurs mille courtisans – n’ont plus d’yeux que pour lui. Ils le suivent comme son ombre à l’intérieur comme à l’extérieur du pays, et rendent comptent pas à pas de toutes ses activités, y compris des plus anodines. Les journalistes de la Cellule de communication de la présidence de la République, qui montent toute la partie du journal télévisé concernant Wade père et Wade fils, appellent de plus en plus ce dernier, en bons courtisans, « Son Excellence ».
Karim Wade est au début et à la fin de toutes les décisions, en tout cas des plus importantes, surtout si elles ont des incidences financières. C’est lui qui reçoit les investisseurs potentiels – du moins ceux qu’on nous présente comme tels – et traite directement avec eux. Pour que le président Wade ne soit pas floué. C’est, en tout cas, l’argument qui est avancé pour justifier la présence de Karim au cœur de toutes les grandes affaires traitées. Le Premier Ministre, le Ministre de l’Économie et des Finances, le Ministre des Affaires étrangères n’interviennent en général qu’au moment de signer les accords. Tout aura été décidé entre-temps en amont avec le prince héritier (que je ne mets pas entre guillemets). Les pauvres ministres ne font qu’officialiser les décisions par leurs signatures. Aujourd’hui, le fils de son père fait le tour du monde flanqué de la télévision nationale. Il efface carrément le pauvre Ministre des Affaires étrangères (l’un des rares ministres compétents des différents gouvernements de Me Wade) et de nombreux autres ministres, dont il exerce les compétences techniques qui leur sont dévolues dans toute démocratie normale.
C’est cette trop grande présence dans la vie publique que M. Ben Yahmed veut illustrer dans les propos qui suivent : « Ses détracteurs (ceux de Karim) dénoncent sa trop grande influence auprès de Gorgui (le vieux, en wolof). Ils voient son empreinte derrière chaque décision du président, l’accusent de bénéficier de ce népotisme, de faire preuve d’affairisme et, last but not least, de vouloir succéder à son père en 2 012. » Nous n’en sommes plus à accuser Karim Wade de bénéficier de népotisme et de faire preuve d’affairisme. Nous avons la certitude qu’il en bénéficie largement, très largement, au très grand jour, et sans que son président de père n’en soit le moins du monde gêné. Nous savons qu’il est en plein dans les affaires, qui sont loin d’être toujours clean d’ailleurs. Son président de père lui a taillé une agence sur mesure, une grosse agence, logée à la présidence de la République et dotée d’un budget substantiel échappant pratiquement à tout contrôle : l’Agence nationale pour l’Organisation de la Conférence islamique (Anoci), dont il est le président du Conseil de surveillance et le Secrétaire général de la présidence de la République le Directeur exécutif . Pour mesurer à sa juste valeur ce haut degré de népotisme, imaginez la même agence avec les mêmes attributions et les mêmes facilités, domiciliée au cœur de l’Élysée et pilotée par Jean Sarkozy et le Secrétaire général Claude Guéant. Une agence qui gère de façon discrétionnaire un budget de plusieurs centaines de millions d’euros et qui construit des routes, des ponts, des tunnels au cœur de Paris ! Une agence sur la gestion de laquelle ni la Cour des Comptes, ni la brigade financière du parquet de Paris n’ose jeter le moindre clin d’œil !
Karim Wade gère donc, dans le cadre de l’Anoci, un budget substantiel et sans contrôle. Le président de l’Assemblée nationale, Macky Sall, a perdu le sommeil depuis que, sur l’initiative de la Commission de l’Économie et des Finances de l’institution parlementaire, il a adressé une lettre à quatre agences nationales dont l’Anoci, pour les inviter à venir expliquer devant la représentation nationale, comment elles gèrent l’argent du contribuable. Aujourd’hui, le président Wade traite ce pauvre Macky Sall de tous les noms d’oiseaux : c’est un faible de caractère, ce n’est pas un homme d’État, etc. Qui veut noyer son chien, l’accuse de rage, dit l’adage. En vérité, cet ancien Premier ministre et numéro deux du Pds doit être dégagé de la route de Karim Wade vers le sommet.
Dans son « enquête », Monsieur Marwane Ben Yahmed s’appesantit sur les études et différents stages dont Karim Wade a bénéficié. Comme pour emboîter le pas à son président de père qui a toujours en bandoulière son diplôme d’études supérieures spécialisées (DESS) en ingénierie financière obtenu à la Sorbonne. Un diplôme d’ingénierie financière ! Combien de jeunes Sénégalaises, qui disposent d’infiniment de plus de diplômes sont-ils obligés, en Europe et en Amérique du Nord, de faire office de gardiens d’immeubles pour survivre ? Le Ministre sénégalais de l’Éducation, invité le vendredi 8 février 2 008 à l’Émission « Grand débat » de la télévision nationale déclarait, que pour le recrutement de 60 postes d’assistants pour les nouvelles universités de Thiès et de Ziguinchor, 600 titulaires de doctorats divers se sont présentés. Le Sénégal manque de tout, sauf de diplômés de très hauts niveaux et dans toutes les disciplines. Nous ne sommes donc pas prêts à nous laisser impressionner facilement par le seul DESS de Karim. Pas plus que par sa compétence supposée et ses qualités de « négociateur hors pair ». Admettons qu’il soit effectivement compétent ! Pourquoi sa compétence et ses qualités de négociateur ne sont-elles déployées qu’en direction des monarchies pétrolières du Golfe ? On dit avec insistance que ce garçon effectue en secret et en jets privés beaucoup de voyages en direction de ces pays-là ? Pourquoi exclusivement vers ces pays ? Que ne met-il pas en branle sa légendaire compétence et ses capacités infaillibles de persuasion à Paris, à Londres, à Berlin, à Washington, à Ottawa et dans les autres pays d’Europe, d’Amérique du Nord ou du Japon, pour décrocher de gros investissements ? Qu’est-ce qui attire irrésistiblement Karim Wade et son père vers les seuls pays du Sud et principalement vers les monarchies pétrolières du Golfe ? Il est vrai que leur penchant pour l’opacité dans la gestion des affaires publiques ne facilite pas un partenariat avec les grosses entreprises des pays occidentaux. Leurs chefs d’État et de gouvernement ne sont pas, non plus, prompts à donner facilement, sous forme d’appui budgétaire par exemple, des chèques ou des valises bourrées de dollars qu’on s’empresse d’aller verser dans des fonds politiques ou planquer dans de lointains paradis fiscaux. Il faut plus qu’un DESS et des chantiers sur mesure comme ceux de la Corniche Ouest et de la Voie de Dégagement Nord (VDN) pour nous convaincre que Karim Wade est le candidat idéal pour succéder à son père.
C’est de cela qu’il s’agit, malgré les dénégations calculées de son président de père qui répond ceci à propos de sa succession : « Je ne veux pas que l’on m’implique dans cette histoire. Le Sénégal est une démocratie et, croyez-moi, si je voulais que Karim me succède, je pourrais grandement l’aider. Je ne suis pas plus bête que Bush, après tout…Mais je ne suis pas convaincu qu’il doive emprunter ce chemin. En fait, je lui déconseille ce marigot qu’est la politique de mon pays car je ne lui souhaite pas de vivre ce que j’ai enduré. S’il m’écoutait, il se lancerait dans les affaires.»
Cette réponse sent parfaitement du Me Wade : il raconte manifestement des histoires (un euphémisme). Cet homme nous a habitués à clignoter à droite quand il doit tourner à gauche et vice versa. Il est convaincu, ce politicien pur et dur, que nous ne sommes que des naïfs, des moins que rien, dont il peut faire ce qu’il veut. Sans doute, n’a-t-il pas tout à fait tort si on considère l’apathie, la passivité et l’indifférence coupables de nombre de mes compatriotes. Cependant, nous ne sommes pas tous dupes. Nous savons en particulier que Me Wade aime profondément le pouvoir. Il devra malheureusement (pour lui) le quitter un jour, pour une raison ou pour une autre. Ce moment-là, ce terrible moment, Me Wade le redoute, le vit déjà comme une malédiction, comme une véritable tragédie. Pour Souleymane Jules Diop , il « ne s’imagine pas hors du pouvoir (et) sa mort politique sera sa mort tout court ». « La peur du suffrage, la peur de la défaite, celle de devoir faire face à son propre passé, poursuit S. J. Diop, ont justifié toutes les formes de combinaison, toutes les formes d’alliance, et sans doute certaines pratiques des plus abjectes ». C’est cette peur panique qui fait qu’il ne tolère pas l’idée d’un autre successeur que son fils qui seul, peut lui garantir l’impunité. Rappelons que sa gouvernance hideuse est jalonnée de scandales de toutes sortes, dont le moins grave est infiniment plus grave que l’affaire du Watergate, qui a valu au président Nixon sa démission forcée en 1974. Je le rappelle constamment dans mes contributions aux journaux sénégalais et dans mes livres, dont l’avant-dernier est banni au Sénégal .
On veut nous convaincre donc coûte que coûte, quitte à aller chercher un coup de pouce de l’autre côté de la Méditerranée, que Karim Wade est le meilleur choix pour la succession de son père. C’est un citoyen sénégalais comme les autres, nous disent ces mille courtisans. Donc, il a le droit de se présenter à quelque élection que ce soit. D’autres nous balancent à la figure l’exemple de Bush Jr, qui a été aussi président des USA comme son père. Tout cela, c’est de l’escroquerie politique.
Au premier argument, je répondais ceci, dans une contribution ("On nous endort") parue dans le quotidien Walfadjri n° 4664 du 3 octobre 2 007 : « Oui, Karim est bien un citoyen sénégalais, puisque son président de père est Sénégalais et sa mère franco-sénégalaise. Il est même plus que Sénégalais : il est Français, Américain, ajoute-t-on, et peut-être même Juif. Oui, Karim est bien citoyen sénégalais, mais il n’est pas un citoyen ordinaire, comme le plus commun des citoyens sénégalais. Il est le fils d’un président africain, qui gère son pays comme son bien exclusif ; un président spécial ne se gargarisant pas de principes et n’étant pas le moins du monde gêné de donner ce conseil particulièrement chargé à un autre fils de président (Faure Eyadema) : "Écoute, il est hors de question que nous te reconnaissions tant que tu ne seras pas soumis aux suffrages des Togolais. Tu as l’appareil d’État avec toi, tu as l’armée, le Parti et l’argent. Va organiser des élections, gagne-les et le problème de ta légitimité ne se posera plus". Voilà qui est clair. Me Wade n’étant sûrement pas homme à conseiller le bain et à ne pas se jeter lui-même au bain, nous saisissons parfaitement la portée et la signification de son conseil machiavélique ».
Le deuxième argument ne tient pas non plus la route. C’est ce que je me suis employé à démontrer dans la même contribution publiée dans le même Walfadjri du 3 octobre 2 007. J’y rétorquais ceci aux courtisans de Wade père et fils : « Le cas Karim Wade n’est surtout pas comparable à celui de Bush fils et Me Wade le sait parfaitement. L’actuel président Bush a succédé à Bill Clinton, huit ans après que son père a quitté le pouvoir. Ce dernier ne pouvait donc rien pour lui, même quand il était au pouvoir d’ailleurs. Les Usa ne sont pas le Sénégal et Georges Bush père n’est pas Me Wade. Une Anoci version sénégalaise est impensable aux Usa et dans quelque autre démocratie que ce soit. Il convient de rappeler, en outre, que Bush fils avait déjà fait ses classes politiques : il était gouverneur de l’important État du Texas. Rien ne lui a été donné donc sur un plateau d’or, comme cela est en train d’être fait dans cette République bananière que notre pauvre pays est en train de devenir. Certes, Jean Claude Duvalier, Joseph Kabila et Faure Eyadema ont immédiatement succédé à leurs pères. Ces derniers ne sont cependant pas des modèles à importer. C’est une énorme reculade démocratique, une véritable honte pour notre pays, qu’on y envisage un seul instant la succession monarchique que Me Wade nous prépare. »
Karim Wade n’a donc pas plus de mérite personnel que le commun des Sénégalais. Notre pays compte des centaines d’ingénieurs de toutes catégories et d’architectes de talent, capables de réaliser des chantiers mille fois plus compliqués que ceux de l’Anoci. Le seul vrai « mérite » de ce garçon, c’est d’avoir comme père un président de la République aux pouvoirs quasi illimités, qui en use et en abuse sans état d’âme. Dans ce contexte, le sort du fils est étroitement lié à celui du père. Avant le 1er avril 2000, Karim Wade était dans l’anonymat le plus total, n’était pratiquement rien et ne pouvait presque rien. Si, pour une raison ou pour une autre, son père de président quittait précipitamment le pouvoir, il retomberait immédiatement dans sa situation d’avant le 1er avril 2000. Il pourrait même tomber bien plus bas encore si, alors, la gouvernance meurtrie et opaque de son père livrait tous ses secrets.
Malgré les apparences bavardes et trompeuses, les mille courtisans de Karim Wade sont convaincus que leur champion est incapable d’accéder à la présidence de la République en ne comptant que sur ses qualités intrinsèques. Ils le savent si bien qu’ils font feu de tout bois pour conjurer cette évidence. Ils font feu de tout bois, y compris du bois sacré de l’Islam. Ils font aussi de l’argent une autre religion et un cheval de bataille. Wade père et Wade fils partagent cette passion effrénée pour l’argent. Ils sont sûrs qu’il est infaillible et ouvre toutes les portes. C’est pourquoi ils en amassent beaucoup. Karim Wade ne nous rassure donc pas, et nous ne souhaiterions pas le voir demain succéder à son père et prolonger ainsi, pendant plusieurs années encore, sa gouvernance informelle opaque, nauséabonde et immonde. Nous ne saurions surtout rien, et ce serait bien dommage, de la partie immergée de l’immense iceberg que constitue cette gouvernance meurtrie.
Dans « l’enquête » de Monsieur Marwane Ben Yahmed, - et c’est par là que je vais conclure – Karim Wade nous rassure (ou nous menace) en ces termes : « Je n’ai pas de complexe. J’ai une mère française, une femme française et je suis Sénégalais. Mon profil "global" est pour moi une richesse et une chance. Ceux que cela gêne, tant pis pour eux. » Le « futur président de la République du Sénégal » devrait aller plus loin encore dans sa présentation. Il n’est pas seulement Sénégalais : il est aussi Français, et Américain, dit-on. Tout cela, qui est pour lui une chance et une richesse, nous gêne effectivement, nous frustre et nous inquiète. Après 47 ans d’indépendance, nous aurions souhaité enfin voir s’installer à la présidence de la République, un couple de Sénégalais authentiques, bon teint, qui resterait au Sénégal après sa retraite et s’y ferait inhumer en cas de décès. Ce souhait n’a rien à voir avec le racisme qui ne m’a jamais habité. L’adage wolof dit bien ceci : « sama boppa mala gënël, taxul ma bañ la. Ce qui, littéralement, peut être traduit ainsi : « J’ai beau t’aimer, mais je ne peux pas t’aimer plus que moi-même. »

MODY NIANG, e-mail : modyniang@arc.sn

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