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"Karim sera condamné sans avoir été réellement jugé. Ou après avoir été jugé d’avance"-Par Momar Seyni Ndiaye

Ainsi, le procès de Karim Wade connaîtra à partir de lundi, le début de son épilogue. On saura à l’issue de ces plaidoiries sans contradiction quel sort sera réservé à l’ancien ministre et non moins, fils d’Abdoulaye Wade. Un secret de Polichinelle, car le juge Henri Grégoire Diop président du tribunal avait déjà donné son verdict en lançant tout au début des joutes au prévenu « à l’issue de ce procès vous ne rentrerez pas chez vous ».


Rédigé par leral.net le Vendredi 13 Février 2015 à 11:09 | | 27 commentaire(s)|

"Karim sera condamné sans avoir été réellement jugé. Ou après avoir été jugé d’avance"-Par Momar Seyni Ndiaye

Ce sera chose faite ! La messe était déjà dite. Le reste ne sera qu’une mise en scène aux allures parfois grotesques. Et pour cause ! Toutes les exceptions de nullité ont été balayées d’un revers de main, avec une incroyable surdité. Les témoins à charge encouragés, adulés. Les témoins à décharge harcelés, acculés. Karim Wade lui-même insulté, molesté, menotté, jeté dans la cave, comme un vulgaire malfrat. Ses conseils injuriés et chassés du prétoire.

Et les débats de transmuter en un interminable monologue après six mois de dialogue de sourds. Qu’un des assesseurs, scandalisé par l’écrasement des droits de la défense, ait démissionné, n’a en rien ébranlé l’engagement du président du tribunal à aller aux bouts des desseins du président et le déroulement du procès. Rarement on aura vu un tel abus de la police de l’audience dont il se sera servi comme de la chicotte du Père Fouettard. Et par-dessus, le limogeage en pleine audience du premier procureur de la Crei, Alioune Ndao, remercié pour insubordination à l’autorité ! Il fallait le faire, vraiment !

Que la faiblesse des charges soit ostensible ! Que les dénégations de prête-nom de Bibo Bourgi vident tout ce procès de son sens ! Que les charges d’Alboury Ndao sur le prétendu compte de Singapour tombent comme un soufflet ! Tout ce faisceau de contre preuves, ne semble guère avoir ramolli la détermination du Président Diop à mettre ses menaces à exécution. Il est rare de voir un procès aussi insolite où le président du tribunal récusé par la défense, mène son affaire tambour battant, multiplie ses exactions, plante ses œillères et ne voit qu’une finalité : condamner le prévenu.

Comme si au mépris de la conscience, il n’avait qu’une ligne de conduite, appliquer la consigne, le petit doigt sur le pli du pantalon.

Où est alors l’intime conviction du juge ? On a beau arguer que dans ce procès à consonance pénale, les preuves ne sont pas déterminantes- car semble-t-il, elles sont prégnantes par le simple soupçon d’enrichissement illicite-, cela suffirait à démontrer le caractère inique de la Crei.

La conscience du juge qui sous-tend en principe son intime conviction, constitue donc la seule pièce à conviction pour envoyer le prévenu aux geôles. Parce qu’on suppose qu’un juge est immanquablement honnête, infaillible, désintéressé et politiquement à l’abri de pressions politiques et de consignes. Pourquoi alors toutes ces procédures judiciaires, les enquêtes, les informations, les commissions rogatoires, les témoins à décharge ? Il suffirait tout simplement de confectionner un dossier d’accusation, de le soumettre à l’appréciation de M. le juge et le laisser tout bonnement prononcer le verdict. En son âme et conscience !

Incontestablement, la condamnation de Karim Wade laissera des traces indélébiles dans l’histoire de notre pays comme une flagrante injustice, comme un effroyable déni de droit. Parce que tout simplement le tribunal qui l’a déjà condamné, n’est pas qu’une juridiction d’exception et de circonstance réactivée aux fins d’appliquer des consignes préétablies. Son cachet politique est d’évidence et à la place des juges nantis de leur conscience, on ne verrait que des justiciers dénantis de leur objectivité et de leur sens de l’équité.

Aucun suspense alors, Karim Wade sera condamné sans avoir été réellement jugé. Ou après avoir été jugé d’avance. Comme à l’époque de l’inquisition. C’est cette terrible perspective, que de toute façon, l’histoire retiendra. Mais l’histoire est pleine de retournements et d’imprévisibles situations. Seuls ceux qui ont la berlue, parce qu’ils ne voient que leurs fins, ne le comprennent pas.

Notre justice réputée équitable, juste, exemplaire ne mérite pas assurément cet affront.

mndiaye@seneplus.com
Par l'éditoriliste de Seneplus, Momar Seyni Ndiaye