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Kazakhstan : le mystère du « village endormi » résolu

le 23 Juillet 2015 à 09:49

Kazakhstan : le mystère du «village endormi» résolu


Même les animaux succombent à cette mystérieuse épidémie de sommeil. Telle des Belles au bois dormant, voilà des années que les habitants de Kalachi, au nord du Kazakhstan, tentent de s'expliquer pourquoi en pleine journée, ils flanchent sans raison pour roupiller quelques heures, voire quelques jours.

Les scientifiques se sont longtemps arrachés les cheveux sur leur cas avant de trouver, début juillet, la solution à l'énigme. Selon les chercheurs, la source de ces nébuleuses siestes provient des effets de monoxyde de carbone, dégagé par les mines désaffectées voisines d'uranium.

Des réveils parfois... brutaux

Depuis plus de cinq ans, et plus encore depuis deux ans, les villageois de Kalachi se retrouvent régulièrement dans des situations incongrues à cause de leurs soudains assoupissements alors qu'ils marchent, travaillent ou conduisent. A leur réveil, les Kazakhes ont le sentiment d'avoir la gueule de bois avec vertiges, maux de tête, perte de mémoire, voire hallucinations. Parfois chez les hommes, l'éveil s'accompagne d'une vigueur sexuelle excessive qui a déjà déstabilisé médecins et infirmières.

Les scientifiques ont d'abord pensé à un abus de vodka, potentiellement frelatée, mais les enfants et les bêtes sont aussi touchés que les adultes. Les nappes phréatiques ont été testées et semblent saines. Puis les soupçons se sont portés sur la proximité de l’ancienne mine d’uranium, dans la ville fantôme de Krasnogorsk, vestige de l'ère soviétique.

Privés d'oxygène

Les recherches liées à l'impact de ces anciennes carrières s'étaient jusqu'alors avérées compliquées à cause des variations incessantes des taux de prélèvements toxiques. Mais début juillet, le Premier ministre Berdybek Saparbayev a expliqué que des analyses récentes ont confirmé le rôle de la mine de Krasnogorsk. «Elle a été fermée après l’effondrement de l’Union soviétique mais a encore des répercussions négatives sur l’atmosphère. Nous avons effectué un examen médical de tous les habitants et nous avons reçu la confirmation, par les laboratoires, que la cause principale de la maladie de Kalachi est le monoxyde de carbone. Lorsque le monoxyde et les niveaux d’hydrocarbures augmentent, les niveaux d’oxygène chutent dans le village», a indiqué le chef du gouvernement. Cette privation ponctuelle d'oxygène explique les brusques pertes de conscience et leurs effets secondaires.

Une fois cet impact confirmé, les autorités ont commencé l'évacuation du village. Selon le Siberian Times, presque 70 des 220 familles touchées avaient été relogées le 15 juillet. Mais alors que les autres patients risquent de devoir attendre jusqu'à l'année prochaine, nombre des 800 habitants de Kalachi ont déjà fait le choix de s'exiler, au prix de grands sacrifices.