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Kolda : La direction du centre de santé demande le soutien de l’Etat

Manque de personnel qualifié et de logistique, panne de la chambre froide de la morgue depuis belle lurette. Voilà, autre autres, les maux dont souffre le district sanitaire de Kolda. Des difficultés qui ne militent pas en faveur du bon fonctionnement du centre de santé.


Rédigé par leral.net le Jeudi 28 Août 2014 à 11:28 | | 0 commentaire(s)|

Kolda :  La direction du centre de santé demande le soutien de l’Etat
Le hall d’entrée du centre de santé de Kolda est plutôt dégagé, en cette fin de matinée du 26 août. Quelques malades, en majorité accompagnés de parents, s’identifient au poste de triage. D’autres attendent devant les cabines de consultation. L’ambiance, en apparence tranquille du centre, est toutefois trompeuse. Car, le district sanitaire même est malade. Il souffre d’une “maladie” liée au manque de personnel qualifié et de logistique.

Bâti entre la gouvernance et la brigade de gendarmerie, le long du mur du centre de santé est occupé par des commerçantes et des conducteurs de vélos-motos qui lancent des cris assourdissants par-ci et par-là pour attirer le client. A l’entrée, un vigile canalise le flot continu de patients et de visiteurs. A l’intérieur, loin du chaos qui règne dehors, c’est le calme. Le sol est bien nettoyé et les fleurs bien taillées. Des poubelles à chaque coin du district sanitaire et la présence d’un incinérateur moderne contribuent à la propreté des lieux.

Après avoir un peu patienté, le Dr Mangane, médecin chef du district sanitaire, nous reçoit. “Toutes mes excuses”, lance-t-il, avant d’être dans le vif du sujet.

“Depuis janvier 2013, la morgue du district sanitaire de Kolda ne fonctionne pas. Nous avons sollicité l’aide d’un maintenancier qui a fait des réparations sur la morgue. Mais, elle n’est pas encore fonctionnelle. Pourquoi ? Parce qu’il faut s’assurer que la chaîne de froid est bien fonctionnelle, avant de mettre là-bas des corps. On est à cette étape, on est en train de vérifier ça avec le maintenancier pour s’assurer que cette chaîne de froid-là pourra jouer son rôle de conservation des corps”, explique-t-il. Le président du comité du district sanitaire, Mamphous Soumaré, d’enfoncer le clou : “C’est vraiment alarmant et triste. Parce que ce n’est pas normal”, se désole-t-il.

“Si Ébola arrive, on aura des problèmes”

Depuis la panne de la chambre froide, les corps sans vie sont exposés dans les salles, avant d’être acheminés vers d’autres lieux. “En cas de décès, le corps sans vie est acheminé au niveau de l’hôpital régional”, nous confie Dr Mangane. Et Mamphous Soumaré ajoute que “Parfois, ils sont acheminés au niveau de certains quartiers, comme Doumassou Plateau qui a une morgue climatisée”. Il prévient : “On ne le souhaite pas, mais si le virus de la maladie Ébola arrive ici, on aura des problèmes pour évacuer les morts”.

Une visité effectuée dans la morgue a permis d’en avoir le cœur net. L’endroit offre une image de désolation. Des brancards sont superposés. Les portes sont closes. Des herbes folles ceinturent la morgue. Construite au début des années 1977, cette morgue, malgré les réfections et le rafistolage des fissures, a du mal à supporter le poids des années. La dernière panne qui remonte à plus d’un an a été celle de trop. Depuis lors, la morgue qui polarise la commune ne reçoit plus de dépouilles qui attendent un enterrement.

Manque de personnel qualifié

Outre la morgue, Dr Mangane déplore le manque de logistiques qui est un problème commun à tous les districts sanitaires de la région de Kolda. “A notre niveau, nous avons des difficultés pour pouvoir bien faire nos supervisions. Finalement, nous sommes obligés de faire appel à la région médicale qui nous appuie avec un véhicule. Et si nous sommes dans le besoin, l’autorité administrative nous appuie également, lorsque le besoin se fait sentir surtout par exemple lors des campagnes de masses”. Le Dr Mangane n’a pas de véhicule. Il vaque à ses occupations en taxi. Pour aller en séminaire, il est obligé de prendre un car au niveau de la gare routière, ajoute-t-il. Le district lui-même paie certains employés. Il s’agit de trois médecins, trois techniciens supérieurs, cinq sages-femmes et quatre infirmiers qui sont tous sous contrat. Mamphous Soumaré de déplorer le fait que “l’Etat affecte des gens qui ne viennent jamais. Ou bien, ils viennent prendre service et repartent”. “Nous pensons qu’il est mieux de prendre des gens qui sont là avec nous et qui ont des diplômes comme ces derniers.”

Dans le district, le personnel qualifié n’est pas suffisant, à l’image de la région du Fouladou où le manque de personnel qualifiée est une réalité douloureuse. “Le district sanitaire ne compte que 11 infirmiers d’Etat, 10 sages-femmes ; à cela s’ajoutent d’autres catégories socioprofessionnelles qui sont là dans le district. Ceux qui sont là sont obligés de faire un double travail”, constate Dr Mangane.


Source:EnQuete