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Kristalina Georgieva, candidate au forceps de l’Union européenne au FMI

Rédigé par leral.net le Samedi 3 Août 2019 à 16:36 | | 0 commentaire(s)|

Selon un scénario largement poussé par la France, les Vingt-huit défendront la candidature de la Bulgare pour succéder à Christine Lagarde à la tête du Fonds monétaire international.


Kristalina Georgieva, candidate au forceps de l’Union européenne au FMI
L’Union européenne (UE) est décidément bien à la peine pour s’accorder sur ses hautes fonctions. Vendredi 2 août au soir, les ministres des Finances de l’UE se sont entendus pour soutenir ensemble, la candidature Kristalina Georgieva à la tête du Fonds monétaire international (FMI). Malgré leurs efforts, ils sont toutefois loin d’avoir fait, comme ils le souhaitaient, la démonstration de l’unité européenne puisque les tractations se sont déroulées pendant près de douze heures.

Un scénario qui n’est pas sans rappeler l’épisode de fin juin, lorsque les Vingt-huit s’étaient répartis dans la douleur, entre autres postes-clés, la présidence de la Commission européenne et celle du Conseil européen, pour laquelle le nom de Mme Georgieva avait déjà été évoqué.

« L’idée était de se mettre d’accord sur un candidat commun, présentant une grande expérience internationale et les compétences techniques avérées », note une source européenne, avant de concéder que le « processus s’est rapidement politisé ». A ce jeu-là, les nationalités autant que les affiliations politiques ont pesé dans la balance.

Une carrière effectuée essentiellement à la Banque mondiale

Sur les cinq candidats en lice, le duel final s’est joué entre l’ancien président de l’Eurogroupe, le socialiste néerlandais Jeroen Dijsselbloem, et la numéro deux de la Banque mondiale de centre droit, Kristalina Georgieva. La candidate bulgare bénéficiait très clairement du soutien de la France, mais le fait qu’elle aura dépassé d’un an, à la date de sa nomination, la limite d’âge fixée par le FMI (65 ans) et sa plus faible expérience sur les questions financières, ont servi d’arguments à ses détracteurs. Ces derniers lui reprochaient également d’être originaire d’un pays n’appartenant pas à la zone euro.

Au final, Mme Georgieva a reçu l’appui de quinze Etats membres, dont la France, l’Italie et les pays de l’Est. L’Allemagne, les Pays-Bas, l’Espagne et les pays nordiques ont, eux, voté pour M. Dijsselbloem. Le Royaume-Uni s’est abstenu, laissant entendre qu’il pourrait présenter son propre candidat.

Mme Georgieva a « toutes les compétences, l’expérience, et la crédibilité internationale » pour succéder à Christine Lagarde, s’est réjoui le ministre français des Finances, Bruno Le Maire, qui chapeautait les discussions. A la Banque mondiale, où elle a effectué l’essentiel de sa carrière avant d’en devenir directrice générale en 2017, Mme Georgieva s’est forgé une expertise sur les questions d’environnement, en multipliant les fonctions dans les domaines du développement durable et de l’agriculture notamment.

Une campagne mondiale

Cette économiste a, par ailleurs, occupé le poste de commissaire européenne chargée de l’aide humanitaire entre 2010 et 2014, quand elle avait dû remplacer au pied levé la candidate initiale de la Bulgarie. Mme Georgieva a également été pendant un an, entre 2015 et 2016, vice-présidente de la commission Juncker chargée du budget et des ressources humaines.

La décision des Européens ne marque pas la fin de la procédure. Si la pratique veut que le perchoir du FMI revienne à un Européen et celui de la Banque mondiale, à un Américain, il reste encore à MmeGeorgieva à consolider sa candidature auprès d’autres pays. « Même avec les Etats-Unis, l’UE ne dispose pas de la majorité des voix. Il lui manque 10 %. Je m’attends donc à ce que Mme Georgieva parte en campagne au cours des six prochaines semaines », analyse Edwin Truman, du Peterson Institute for International Economics, sachant que les candidatures doivent être déposées d’ici au 6 septembre, avant une décision finale au plus tard le 4 octobre. La Bulgare, qui aura 66 ans le 13 août, devra aussi obtenir une modification des statuts du FMI sur la limite d’âge, que les Etats-Unis ont déjà promis de soutenir.

Agacés par une telle répartition automatique des postes, les pays émergents pourraient être tentés de profiter des divisions européennes, pour proposer leur propre candidat. Mais leur principal défi sera, eux aussi, de se mettre d’accord derrière un candidat commun, analyse Edwin Truman. Pour l’UE, l’exercice fut douloureux, pas parfaitement exécuté, mais il a fini par aboutir.





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