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L’APR a-t-elle perdu Aminata Touré ?

Souriante, digne, ultra-sénégalaise dans son accoutrement d’hier à la passation de services avec son successeur, Aminata Touré n’a rien laissé paraître des sentiments qui peuvent l’habiter en ce moment. Comme si, depuis son départ acté de la Primature, elle avait passé une partie de son temps à s’entraîner aux techniques de maîtrise des émotions qui font la force des grands endurants devant l’éternel, dit-on.


Rédigé par leral.net le Mercredi 9 Juillet 2014 à 23:24 | | 4 commentaire(s)|

L’APR a-t-elle perdu Aminata Touré ?
De vrai, on ne quitte pas sans dégâts une fonction que l’on assiège soimême autant que celle de Premier ministre, et de laquelle on est si brutalement éjecté par la force des urnes. Les ressentiments qui en émanent sont réels, entrelacés dans des sens contradictoires qui, finalement, deviennent inhibiteurs.

Aminata Touré n’a rien voulu dire de précis sur l’avenir politique qu’elle se destine et qu’elle espère radieux. Ses mots plurivoques quant à la poursuite de son engagement avec l’Alliance pour la République, le parti du Président de la République, ne cadrent point avec la tonalité tranchante qui a souvent accompagné ses prises de position touchant à ses convictions.

A ses yeux, rien n’est figé dans ce qu’elle a comme options d’avenir. Mais dans tous les cas, la déception – à son corps défendant - qui a structuré et exécuté les minutes de son limogeage a dû être bien massive pour qu’elle ne soit pas en mesure de dire hic et nunc que son avenir est dans l’Apr, point barre. Du reste, il faut se rapprocher de certains de ses proches pour appréhender un tout petit peu l’ampleur de la désillusion qui frappe Mimi Touré. Une désillusion cependant moins liée à sa contre-performance électorale de Grand-Yoff qu’à l’inaptitude inquiétante de franges radicales du parti présidentiel à comprendre ce que sont les exigences de la politique en temps de crise pour un parti au pouvoir.

Mimi Touré espérait un soutien de ses camarades, elle a plutôt récolté ce qu’un de ses collaborateurs appelle de la “ détestation “. Peut-on se relever d’un coup aussi dur où un travail de plus de deux ans est annihilé par une défaite électorale dans un quartier difficile de la capitale ? “C’est une trotskiste dans l’âme, elle se relèvera “, pronostique un de ses conseillers. Peu en doute.

Mais se relever où ? Elle esquive : “Je vais payer mes dettes de sommeil”, a-t-elle lâché hier. Formule bien subtile pour stigmatiser les attitudes politiciennes de ceux et celles pour qui la politique se résume à l’exercice d’un devoir d’ingratitude éternellement remis sur l’ouvrage…électoral.

Momar Dieng