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L’Elite africaine, ses rapports au colonialisme, au néocolonialisme et à la politique.

Rédigé par leral.net le Mardi 25 Novembre 2014 à 09:13 | | 0 commentaire(s)|

"Chaque génération doit dans une relative opacité découvrir sa mission, la remplir ou la trahir."

" Frantz Fanon : Les damnés de la terre (1961)


L’Elite africaine, ses rapports au colonialisme, au néocolonialisme et à la politique.
La posture de l’élite africaine a toujours été l’objet de préoccupation pour beaucoup de sénégalais et d’africains. Même à l’étape où se trouvent nos pays, certains membres de cette composante ont pris le parti de tourner le dos à leurs peuples et continuer de les opprimer. Mais pour sûr, l’histoire se chargera, tôt ou tard, de s’occuper de leurs cas. Du reste, David Diop, par son ‘’ COUP DE PILON’’, avait déjà commencé à le faire avec son ‘’RENEGAT’’ et ‘’AUX MYSTIFICATEURS ’’. Les Avertissements de Nougbonowé : ‘’ INTELLECTUEL D’AFRIQUE’’, étaient également du lot.

Nous voudrions, quant à nous mettre, ici, l’accent sur les grandes figures et patriotes africains que le colonialisme et le néocolonialisme la Francophonie et leurs suppôts, cherchent à tuer vainement, une seconde fois.

Ces patriotes, sont ceux de la classe de l’élite intellectuelle, francophone, et arabophone qui avaient fait cause commune, politiquement et intellectuellement avec leurs peuples et bravé l’autoritarisme, l’oppression, l’arbitraire et la dictature des ennemis de l’Afrique. Le colonialisme, hier, comme aujourd’hui, continue son œuvre d’assassinat envers ces grands disparus, par le complot du silence par ce qu’ils constituent un exemple dangereux. La preuve, dans quel manuel d’histoire de l’enseignement (du primaire au supérieur), trouve-t-on mentionner le nom de Sidiya Diop, Ndaté Yalla (rebaptisé par Faidherbe, Sidiya Léon Diop) que nous regardons comme le Thomas Sankara des années 1860. Nous reviendrons, bientôt et spécialement sur l’homme. Par ailleurs, qui a entendu parler (même une fois),de la part de nos quatre présidents de la République (anciens et actuel), prononcer son nom , à fortiori rendre hommage à ce premier, ou un des premiers sous- officiers de la coloniale qui a osé refuser de pactiser avec l’ennemi pour des sucettes ou des honneurs ? Parmi les jeunes de la ‘’génération consciente’’ actuelle, quel est le pourcentage de jeunes et mêmes d’adultes, sénégalais et africains, qui connaissent ces grands africains ? Les présidents : Macky, Senghor, Abdou Diouf, Abdoulaye Wade, ont- ils, une seule fois, évoqué les noms de Lamine Senghor ou David Diop ? Lorsque l’on parle de valeurs et de valeureux sénégalais, est ce que sont cités souvent, les sénégalais qui ont toujours incarné ces valeurs ? Parmi eux: Le Président Mamadou Dia (10 ans de prison, sans discussions ni murmure), que l’on ne présente plus, ses compagnons Ibrahima Sarr, leader de la grève mémorable des cheminots de Thiès, en 1947, Cheikh Anta Diop, à la stature debout TAXAW (debout,) jusqu’à sa mort, symbolisée par l’organe de son parti le RND, sa compagne Mme Marie Diop, linguiste confirmée, Tidiane Ly Baidy ( un homme de refus et de fidélité),selon :Jean Sao, Ndiaga Touré et A.M. Sarr, Doudou Guèye, l’idéologue du RDA, sa compagne, la grande Marie Louise Guèye Potin. Cela dit, d’innombrables sénégalais anonymes, courageux, sans avoir tué le lion, peuvent figurer dans ce panel. Nous pensons, par exemple, à ces hauts dirigeants, d’organisations politiques et socio-économiques fonctionnaires tels que : MM. Babacar Sané, Ndongo Diagne, Amadou Diarra, Mody Sy, Badara Sy, pour ne citer que ceux-là, à qui nous rendons hommage.

Toujours en parlant de nos valeurs, nous notons que dans les Diwaan (meeting civil) et lors de Gamou (célébration de la naissance du prophète), on ne rappelle pas souvent les mises en garde de Cheikh Bamba (déporté par le colonialisme français, durant plus de 07 ans, dans la localité inhospitalière de Mayombé, au Gabon), en direction des gens peux scrupuleux. Au aujourd’hui, on en dénombre beaucoup qui gangrènent la vie politique, économique et social de notre pays, en se drapant du manteau du grand ‘’taalibé’’ (fidèle) et en pactisant ouvertement avec le néocolonialisme : ‘’Amm na noo xamm ni dana leen sëlbu, amm na noo xamm ni dana leen yëllbu’’. Autrement dit : (il y a certains dont je m’en débarrasserai, il y en a d’autres, je les maudirai (voir, article de presse en rattaché au texte). Cela dit, rarement il est fait cas de la dimension anticolonialiste du Cheikh qui disait que: ‘’Bann Tubaab jarna jaamu yalla’’ (être anticolonialiste ; suffit pour se consacrer à Dieu). Ici, le vocable ‘’TUBAAB’’, désigne plutôt le colon et non la race.

Nous ne faisons pas dans l’exégèse des œuvres du Mystique, étant un néophyte dans ce domaine, mais il est dommageable, que de nos jours, de constater que des politiciens et autres affairistes véreux, cherchent à occulter cet aspect du combat patriotique du Cheikh, pour exploiter son image à des fins mercantilistes et de marketing politicien. Nous avons appelé pas plus d’une fois, à leurs responsabilités, les jeunes intellectuels de la communauté du Cheikh, à débusquer ses marchands d’illusion des rangs des hommes de bien. A cet égard et par rapport à cet objectifs, nous saluons la perspicacité, la posture républicaine et le courage de nos compatriotes, tels que le député Serigne Moustapha Diakhaté et le président du Cercle des intellectuels Soufi, Serigne Fallou Dieng, qui avec hauteur, en tant que membres de la Communauté mouride), vont dans le sens de la vision de Serigne Saliou, plus républicain que nos politiciens. Il disait que : ’’ Mbirum politig, du ma ci wax luy defar, du ma ci wax luy yaxq’’ (pour la chose politique, ni un mot doux, ni un mot méchant). Se mettant à équidistance des partis politiques, en tant que chef d’une communauté religieuse, où se côtoient des militants de différents partis, il avait une haute conscience du rôle de stabilisateur que devrait jouer celle-ci, dans notre société.

Maba Diakhou Ba, tombeur de Pinet Laprade, à la bataille de Paaté Badiane ou Paas Koto, Cheikh Amala, qui repose toujours au cimetière Montluçon, en Rance (voir. Site, www.uneautre histoire.com), Thierno Souleymaan Baal, ne sont pas dans les tablettes de l’histoire coloniale officielle et des manuels d’histoire, africains actuels, par ce que tout simplement, leurs exemples de résistants remettent en cause, dérangent et bousculent beaucoup d’idées reçues. Mais qui menacent surtout, les intérêts des membres de l’Etablissement néocolonial. Nous reviendrons aussi sur ces grands hommes.

Thierno Soulaymane Baal, si l’on s’en tient à nos valeureux chercheurs et historiens sérieux, est quelqu’un qui occupe une place remarquable dans de cercle de l’élite sénégalaise. Nous disons que c’est l’un des premiers ‘’Marabout-Homme d’Etat’’. Nous vous, ici, livrons un extrait ou résumé, tiré des œuvres de nos chercheurs, sur l’homme et publiés dans le site Wikipédia :

Thierno Souleymane Baal (ou Ceerno Sileymaan Baal) est un chef de guerre et un lettré musulman du xviiie siècle – une grande figure du Fouta Toro (Fuuta Tooro), d’une région située au nord de l'actuel Sénégal, à cheval sur les deux rives du fleuve Sénégal.

À l'origine de la révolution tooroodo, il lança un grand mouvement de réforme islamique en créant un État théocratiquefondé sur un idéal de justice1, s'opposant notamment aux Maures pratiquant l’esclavage.

En 1776, au Fouta Toro (Fuuta Tooro), dans la vallée du fleuve Sénégal, il renverse la dynastie peul Deeniyanke aux côtés de Abdoul Kader Kane (Abdul Kaadiri Kan) qui lui succède à sa mort, survenue peu après.

Thierno Souleymane fit ses études coraniques, au Cayor, en Maurétanie, au Fouta Djallon (Fuuta Jaloŋ), et au Boundou(Ɓunndu). En chassant le dernier Saltigué2 Deeniyanke, Suley Njaay Tokooso, il met fin au régime Ceddo sous lequel les rois avaient instauré un régime de monarchie absolue et voulaient instaurer la politique de la charia islamique. Il met fin au régime des castes très ancré au Fouta-Toro et abolit l'esclavage et toute forme de servitude. Sous son règne bref, beaucoup de personnes appartenant aux castes les plus basses de la hiérarchie sociale deviendront, en apprenant l'islam des Torodo, car cette caste cherchait à s'étendre au plus grand nombre possible, sans distinction d'appartenance ethnique ou de caste.

Souleymane Baal était un homme de grande taille, bien bâti, le teint très noir. Il portait initialement le patronyme Ba. Il changea son nom de famille Ba pour prendre celui de Baal, car les membres de la dynastie Ceddo deniyanke portaient le nom Ba, il voulait ainsi se démarquer d'eux.

Sentant sa fin prochaine, il laisse aux populations du Fouta les recommandations suivantes3 :

· Détrônez tout imâm dont vous voyez la fortune s’accroître et confisquez l’ensemble de ses biens ;
· combattez-le et expulsez-le s’il s’entête ;
· veillez bien à ce que l’imâmat ne soit pas transformé en une royauté héréditaire où seuls les fils succèdent à leurs pères ;
· l’imâm peut être choisi dans n’importe quelle tribu ;
· choisissez toujours un homme savant et travailleur ;
· il ne faudra jamais limiter le choix à une seule et même tribu ;
· fondez-vous toujours sur le critère de l’aptitude.
Souleymane Baal meurt en partant combattre les Maures. Abdoul Kader Kane lui succède.

Au regard de ce qui précède, l’esprit le plus borné comprendra pourquoi l’histoire officielle d’hier et d’aujourd’hui veut ‘’tuer et enterrer’’, cet homme extraordinaire qui était en avance sur son époque. C’est pourquoi, nous avons beaucoup plus de considération envers cet homme, qu’envers certains sophistes ‘’constitutionnalistes’’.

Au plan africain, combien de jeunes, connaissent Mongo Beti (contempteur de Camara Laye), Patrice Lumumba, Sékou Toure, Kuame Nkrumah, Amilcar Cabral, Frantz Fanon, les camerounais Felix Moumié, Osando Ofana, Samori Touré, Sékou Touré ,l’homme du 28 septembre 1958 qui a défié le général de Londres, pour ne citer que ceux-là ? Quelques soient, par ailleurs, les réserves que les uns et les autres, ont ou auront sur ces différents personnages, il n’en demeure pas moins qu’ils soient de grands et ardents patriotes qui ne transigeaient jamais pour ce qui est des intérêts supérieurs de leurs peuples et de notre Continent.

Nous avons dit quelque part, que l’on retrouve le nom de Toussaint Louverture (ce héros haïtien, précurseur de l’Independence de la première république noire), dans le dictionnaire français, Larousse (partie histoire),que par ce qu’il est mort à Fort Joux, en France. Et comment ?

Alors se pose la question du Pourquoi ? Pourquoi ce black-Out que nous appelons, ‘’L’histoire cachée’’, envers ces hommes valeureux ? Parce que tout simplement ils avaient quelque chose de commun : Le courage d’être des anticolonialistes et de dire non, à l’instar de l’Almamy Samori Touré, comme le rappelait Sanou Mbaye, dans son ouvrage ‘’l’AFRIQUE AU SECOURS DE L’AFRIQUE’’.

L’Elite : C’est ‘’ce qu’il y a de meilleur, le plus distingué’’, dit Le Larousse, français. Nous y ajoutons que : Etre parmi l’Elite, c’est la sublimation du courage, c’est abhorrer le‘’wax waxeet’’ (se dédire), la flagornerie et le mensonge. Aussi, ne jamais faire dans la prédation du bien commun, des ressources de l’Etat et du patrimoine national.



Il se dit que, pendant la première guerre mondiale 1914/1918, lorsque les agents recruteurs sont venus voir le Cheikh El Hadji Malick Sy, dans le cadre de la levée des troupes, il leur a dit : ‘’Je ne peux pas désigner l’enfant de quelqu’un d’autre, mais je peux le faire pour mon propre enfant’’. Cet enfant est resté à Salonique, en Grèce.

Comme les bonnes idées se rencontrent, quarante six ans environ, après, à des milliers de kilomètres de Tivaouane, dans les Caraïbes, un homme du tiers-monde épris de justice et de progrès, Che Guevara, est allé dans le même sens que lui en disant :’’ (…) Nos enfants doivent posséder les mêmes choses, mais qu’ils doivent aussi être privés de ce dont sont privés les autres. Notre famille doit le comprendre et lutter pour cela’’. C’était au moment où après s’être débarrassé du dictateur Batista, en 1959, Cuba s’attelait à ‘’créer l’homme nouveau’’. Etre parmi l’élite c’est ça !

Mais être parmi, l’élite, c’est refuser de pactiser, comme le disait Nougbonowé) ,‘’avec les colons d’hier et les néo-colons d’aujourd’hui, les acheteurs de ‘’matières premières’’--- à vil prix les vendeurs de ‘’produits finis’’ ---- à prix d’or. Qui nous enferment dans des conventions---Rome---Yaoudé------Bruxelles’’.

Les ‘’Capitaines’’ du secteur économique devraient-ils se contenter de demeurer des ‘’compradores’’, sans banques nationales privées, sans industries ? Abdoulaye Niasse, du quotidien Le Témoin, souligne que : ’’ la CNCAS (La Caisse Nationale du Crédit Agricole du Sénégal’’, attend avec impatience 20 milliards, promis par l’Etat. Pas de trace du patronat qui se lamente sans cesse d’être écarté des projets du gouvernement ‘’. Que dire de cette situation caractéristique de l’exploitation économique néocolonialiste : Là où la production de la compagnie sucrière est commercialisée allègrement, nos producteurs de riz ont leurs récoltes entre les bras ! Voila pourquoi la Corée du Sud a laissé en rade le Sénégal qui avait un PIB plus élevé que ce pays. Voila le Sénégal n’émerge pas. La Confeges (Confédération des Groupements Economiques du Sénégal), l’Union Nationale des Industriels et le Groupement Economiques du Sénégal, (Uniges), élevaient une voix patriotique, au moins de temps. Mais est-ce le cas de nos jours ?

Cela dit, nous pensons que les œuvres des patriotes et panafricanistes cités plus haut, pourront servir de parade à tout complexe d’infériorité que voudront flanquer certains colonisés, à la jeunesse africaine. Donc, nous convions les journalistes, les communicateurs traditionnels, les artistes et comédiens de toute obédience ou sensibilité, à faire de sorte que, comme pour paraphraser la cantatrice Kiné Laam : ‘’Ni daan def lu baax, na koy wax, di leen way ak di leen kann (célébrons les bonnes œuvres de nos héros à travers chants et productions artistiques). Nous croyons que cela est plus valorisant que de s’attarder sur un commis expéditionnaire de Francophonie, sans envergure, qui a déjà avoué que c’est un barbouze qui l’a enseigné ce qu’est le patriotisme. Donc, dans le cadre du réarment moral sénégalais, nous l’avons déjà dit, il importe que Paate Baajaan, connu aussi sous le nom de Paoss Koto, se substitue à Gorée.

‘’ Oserait-on demander à la France, de perpétrer le souvenir de la Panzer division défilant sous l’Arc de Triomphe ?’’( doc ; Sauvegarde citoyenne, 2001). Non ! Donc, pour la gloire de nos héros, il faut qu’une stèle soit érigée sur le site où Pinet Laprade fut défait par l’Armée de l’Almamy Maba Jaxu Ba. A la mémoire de Sidya et de celles des femmes martyrs, faut qu’une autre stèle soit érigée à Nder son village natal et où le mardi 07 mars 1820, le suicide collectif des femmes du village pour échapper au déshonneur, s’est produit. Il faut également, qu’un Institut ou une Université des langues nationales, soit édifié à Ceytu, village natale de Cheikh Anta Diop.

Est-ce trop demander, tout çà ?


Ababacar Fall-Barros

Ancien conseiller municipal,

Membre du Front Contre Sommet de la Francophonie