leral.net | S'informer en temps réel

L’avocat de Tamsir Jupiter Ndiaye dénonce une ‘’décision fondée par la clameur publique’’


Rédigé par leral.net le Mercredi 24 Octobre 2012 à 13:34 | | 0 commentaire(s)|

L’avocat de Tamsir Jupiter Ndiaye a qualifié de décision ‘’fondée par la clameur publique’’ la condamnation de son client à 4 ans de prison et au paiement de la somme de 200.000 francs à titre de dommages et intérêts pour actes contre-nature, détention illégale d’arme et coups et blessures volontaires.

Cette décision ‘’n’a pas sa place dans notre système judiciaire. Elle est poursuivie et fondée par la clameur publique’’, a dit Me Khassimou Touré à la RFM.

M. Ndiaye, enseignant de formation, était prévenu d’actes contre-nature, de détention illégale d’arme, de coups et blessures volontaires sur Mactar Diop Diagne, son partenaire, qui a écopé de deux ans ferme.

‘’C’est une décision injuste et nous allons interjeter appel. Je vous dis et je vous confirme qu’en appel, cette décision inique et injuste, cette décision injustifiée en droit, sera totalement rasée. C’est une décision qui n’a pas pour fondement la légalité’’, a dit l’avocat.

‘’Le parquet, le maître des poursuites, avait requis deux ans ferme. Le tribunal, tenant en considération la clameur publique, au lieu de prendre en compte la règle de droit et son application efficace, a pensé corser l’addition au grand dam de tous ceux qui sont habités et nourris par la règle de droit’’, a-t-il expliqué.

Me Khassimou Touré s’est dit ‘’surpris, écœuré, meurtri par une décision aussi dramatique’’, ajoutant : ‘’Je crois qu’il y a urgence aujourd’hui de repenser les phénomènes de société qui se passent dans notre société’’.

Selon lui, ‘’on ne doit pas conduire quelqu’un à l’échafaud sur la base de la simple clameur publique ou bien des qu'en dira-t-on, des pressions qui s’exercent sur nos juges’’.

‘’Nos juges doivent prendre leurs responsabilités pour dire le droit, pour dire la justice au nom de la République du Sénégal’’, a-t-il dit.

Jugée en flagrants délit le 17 octobre, l’affaire remonte au mercredi 10 octobre dernier quand un Gendarme, en service à l’immeuble où se trouve le bureau de Tamsir Jupiter Ndiaye, intervient à l’étage pour mettre fin à une bagarre. Il constate que Matar Diop Diagne est blessé au bas ventre et avertit les Policiers de la Sûreté urbaine.

Sur place, les Policiers constatent que c’est à la suite d’une relation sexuelle entre les deux hommes que l’altercation a eu lieu.

A la barre, les prévenus ont reconnu avoir entretenu une relation sexuelle dans le bureau de Tamsir Jupiter Ndiaye le jour des faits, aux environs de 19 heures.

‘’On a eu une relation sexuelle. C’était une situation spontanée. Je n’ai pas de penchants homosexuels’’, a lancé M. Ndiaye, répondant aux questions du juge. ‘’J’étais dans un état d’ébriété, je ne sais pas ce qui s’est passé’’, a-t-il poursuivi.

‘’C’est Tamsir qui m’a appelé, on s’était auparavant rencontrés au rond-point Sandaga et il est venu me prendre au bas de l’immeuble à mon arrivée’’, a souligné Matar Diop Diagne, qui a confirmé s’adonner à des pratiques homosexuelles depuis son enfance.

‘’C’est un ami de mon grand-frère qui m’a entraîné dans l’homosexualité’’, a-t-il ajouté. ‘’Il m’avait proposé de me remettre 100 mille francs CFA après l’acte sexuel, mais il a voulu finalement me donner 5.000 francs’’, a expliqué Matar Diop Diagne.

En ce qui concerne les coups et blessures volontaires, Tamsir Birane Ndiaye dit Jupiter, né en 1970, a nié les faits. ‘’Le couteau qu’on a trouvé dans mon bureau, je l’utilise pour mon petit-déjeuner quand je viens tôt au bureau. Je voulais l’apeurer, c’est par inadvertance que je l’ai touché’’, a-t-il expliqué.

Dans ses réquisitions, le procureur a souligné que les prévenus n’ont eu aucune difficulté à reconnaître l’acte contre-nature. ‘’Il y a eu le préservatif et le lubrifiant qui ont été trouvés lors de la perquisition’’, a expliqué le représentant du ministère public.

‘’Il ne s’agit pas d’homosexualité, mais d’actes contre-nature punis par la loi et par nos valeurs et qui troublent gravement l’ordre public’’, a affirmé le Procureur.

Il a requis deux ans ferme pour Ndiaye pour actes contre-nature, coups et blessures volontaires et détention illégale d’arme et un an de prison ferme pour Diagne, pour actes contre-nature.

L’avocat de la défense a estimé que le code ne définit pas ce qu’est un acte contre-nature. ‘’L’élément matériel manque à l’infraction, même s’ils ont avoué l’acte sexuel’’, a lancé Me Khassimou Touré.

‘’Sa vie n’a pas de sens. Il est mort, il n’existe même plus. Tendez-lui une perche’’, a-t-il demandé au tribunal en sollicitant une application bienveillante de la loi.
Aps