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L’éthique politique chez Macky Sall

Selon le poète anglais William Shakespear « les affaires humaines ont leurs marées qui, saisies au moment du flux, conduisent à la fortune ; l’occasion manquée, tout le voyage de la vie se poursuit au milieu des bas-fonds et des misères ». Cette sagesse du poète peut résumer la vie et l’œuvre de Macky SALL dans son combat politique: il a toujours répondu présent lorsque les exigences politiques de son pays le réclamaient ; il a toujours exploité les circonstances favorables à l’éclosion de son génie politique ; bref il a su être là lorsqu’il le fallait et faire ce qu’il fallait comme il le fallait.


Rédigé par leral.net le Samedi 31 Janvier 2015 à 14:59 | | 9 commentaire(s)|

L’éthique politique chez Macky Sall
Le hasard n’existant ni dans l’histoire des peuples, ni dans le parcours individuel des hommes, l’apparition de l’Alliance pour la République dans le paysage politique de notre pays en 2009 consacre la rencontre entre un homme éclairé et plein de courage et un peuple dont la volonté de changement et de progrès social était manifeste pour être éternellement différée ou ignorée. Il a fait preuve d’une patience, d’une abnégation et d’un courage qui tranchent nettement avec l’empressement et la grande cupidité avec lesquels d’actuels acteurs politiques convoitent le pouvoir en brûlant toutes les étapes et en sacrifiant le culte du travail et de la persévérance sur l’autel de la démagogie.

Si au soir de la vie de chaque homme l’humanité devrait faire le bilan de cette destinée et prononcer la sentence qu’elle mérite, alors dans le patrimoine politique de Macky SALL, on lirait irrémédiablement les mentions « éthique dans sa démarche », « exemple de patience » et « souplesse dans ses choix politiques ». Macky SALL et l’Alliance pour la République ont investi toutes ces voies, mais toujours dans les limites de la morale et de la normalité démocratiques : la conscience de sa responsabilité énorme quant au destin de la démocratie sénégalaise n’a jamais fait défaut. C’est l’expression chez lui d’une double vertu : la tolérance et l’éthique dans sa démarche, lorsqu’il s’agit de l’intérêt de la paix nationale et de la stabilité politique de son pays.

Si durant ses deux ans de présence à la tête de l’Etat du Sénégal, le dialogue et la fermeté ont été investis en fonction des circonstances et suivant les proportions compatibles avec la rationalité politique et l’intérêt du Sénégal, c’est parce que tout simplement entre autres raisons : le statut d’opposant qu’il a connu constitue une école de formation. Il trempe le caractère, façonne le tempérament, enseigne la connaissance des hommes, confère une évaluation, du terrain, prépare à la résistance, à la lutte et au combat permanent. Il est une expérience. Il est une expérience par laquelle chaque détenteur d’une parcelle de pouvoir devrait nécessairement passer avant d’exercer ses fonctions.

L’éthique politique chez Macky Sall :

« Je demeure convaincu que l’engagement politique peut s’accommoder de l’éthique, de la morale et de la loyauté » Macky SALL


Nous ne pourrons jamais vaincre les périls qui se dressent sur le chemin de l’émergence et du rayonnement international sans l’éthique. Pourquoi le peuple Coréen qui a vécu toutes sortes de calamités s’en est sorti en un temps record sans jamais avoir perdu ses repères ? Pourquoi les Japonais si meurtris et dévastés après la deuxième guerre mondiale se sont reconstruit très vite et sont restés un des peuples les plus attachés à l’éthique ? Si l’éthique était facultative, si on pouvait construire une société sans éthique, exercer une profession sans elle, l’humanité retournerait tout simplement à une situation quasi animale car l’expérience montre que certains animaux savent vivre en société.

Si nous voulons avoir des citoyens suffisamment imbus des valeurs cardinales qui font la dignité humaine, il nous faut forger des citoyens capables de faire leurs les principes d’éthique, de tolérance ainsi que les valeurs qui en découlent. Et pour ce faire, des modèles comme Macky SALL doivent être suffisamment portés à la connaissance des jeunes pour ne pas que les anti-modèles et les imposteurs usurpent le rôle de locomotive ou de guide de la société sénégalaise.

Nous sommes condamnés par notre nature rationnelle, par notre humanité et enfin par les nécessités de développement économique et humain de retourner aux fondamentaux d’une vie sociale fortement ancrée sur les principes fondamentaux de l’éthique. Savoir que l’homme est une fin en soi, qu’il est le créateur de tous les prix, qu’il n’a donc pas de prix : voilà la pierre philosophale de toute action et de toute vie éthiques. C’est dès lors se méconnaitre et méconnaitre son prochain que de ne pas s’adosser à l’éthique dans les rapports intersubjectifs. Aucun univers humain, aucune instance politique ou judiciaire, aucune science, aucune pratique sportive, ne peuvent se concevoir dans la durée en dehors de l’éthique.

Quand l’idéal est trop grand pour être sacrifié sur l’autel de la facilité et du conservatisme soucieux de ne pas secouer le cocotier, les intérêts individuels et même la vie personnelle n’ont plus de consistance. L’acte historique consistant à réduire son mandat présidentiel de 7 à 5 ans est une formidable leçon d’éthique politique et de déontologie adressée aussi bien à la classe politique très souvent ingénieuse à ne pas respecter ses engagements. Seuls ceux qui ne connaissaient pas Macky SALL ou qui méconnaissaient son attachement à l’intégrité morale étaient surpris par cet acte historique. L’exigence de vie sociale ne s’accommode pas avec l’absence de principes : ce n’est que par égoïsme et par cupidité que l’on se permet de fouler aux pieds ces principes sans lesquels on ne serait pourtant jamais ce qu’on est.

Si le dopage tue le sport, c’est parce qu’il viole les principes de l’éthique ; si l’argent tue le sport et pervertit considérablement la politique, c’est parce qu’il opère en contradiction avec les principes éthiques ; si le juge et le scientifique sont si souvent au banc des accusés, c’est sûrement parce que leur rapport à l’éthique est souillé par l’argent, le pouvoir et les honneurs. Il faut donc s’affranchir de tous ces pesanteurs par une force que seule l’éthique permet d’acquérir et de garantir pour sauver son âme dans un monde aussi tourmenté par la consommation, par la course aux honneurs et par la recherche du profit.

Macky SALL est pourtant, comme l’a si admirablement démontré sa carrière, un homme que tout tenter pour la facilité et la compromission pour réussir vite et sans effort. Mais il a, par une force intérieure mystérieuse, échappé à toutes les tentations de la facilité pour faire face constamment à la dureté de la vie et façonna la sienne comme un rocher à sculpter pour lui donner la forme de l’éthique. Rien ne le prédestinait à réussir, tout ou partie, travaillait dès sa jeunesse à le maintenir dans l’étroitesse des couloirs de l’exclusion, voire de l’avilissement. Mais fortement agrippé à une éducation source d’une discipline constante et inébranlable, Macky SALL a, de l’enseignement à la magistrature, gardé jalousement le meilleurs des valeurs que la société traditionnelle a inventées. Les gens qui ont connu Macky SALL ont unanimement remarqué que sa vie est parsemée d’embûches, mais il n’a jamais trouvé dans ces embûches rien d’autre que des sources de motivation : quel bel exemple à méditer et à proposer à la jeunesse vite désemparée dès la première difficulté.

Contrairement à la grave décadence qui frappe la société sénégalaise et qui consiste à sacrifier l’éthique et la dignité à la moindre contrariété, la carrière professionnelle et la vie de Macky SALL sont un livre d’éthique que les générations actuelles ont l’obligation de lire et d’enrichir en en faisant un livre de chevet. Macky SALL nous a en effet clairement prouvé par l’action que rien n’est impossible pour une personne qui a la foi (foi en Dieu, foi en ses capacités, foi au travail bien fait, foi aux valeurs morales). Il nous a donné sa vie en guise d’une propédeutique à l’élévation et à la réussite sans tricherie : une véritable éthique de la persévérance et de l’excellence. Il nous faut avoir l’amour de l’excellence, la passion d’être performant sans fléchir sur le plan moral. Macky SALL nous a donné la preuve qu’être Africain n’est pas un handicap, qu’être pauvre n’est pas une calamité inexorable : c’est l’éthique de la fierté. Un homme qui n’a pas de fierté n’a ni dignité, ni moralité ni excellence véritable : un tel homme est à la merci des mutations sociales (bonnes ou mauvaises) comme l’est un faible poisson pris dans le flot inconstant des marrées. C’est pourquoi il doit être un archétype pour la société sénégalaise de demain que tout le monde appelle de tous ses vœux.

Si nous voulons avoir des citoyens suffisamment imbus des valeurs cardinales qui font la dignité humaine, il nous faut forger des citoyens capables de faire leurs les principes d’éthique, de tolérance ainsi que les valeurs qui en découlent. Et pour ce faire, des modèles comme Macky SALL doivent être suffisamment portés à la connaissance des jeunes pour ne pas que les anti-modèles et les imposteurs usurpent le rôle de locomotive ou de guide de la société sénégalaise.

Si dans son dernier message à la nation, le Président SALL n’a pas manqué de suggérer à ses compatriotes d’adopter de nouveaux rapports au travail à l’ordre et à la discipline, c’est qu’il a très tôt compris qu’au delà des appréciations faites par la classe politique, les syndicats et la société civile, de l’adresse du Chef de l’Etat, notre culture recèle beaucoup de valeurs favorables au développement économique, car elle renferme une vertu du travail et l’esprit de sacrifice qui ont fait le succès des pays développés. Mais l’usage que nous faisons de la démocratie et particulièrement de ses principes fondamentaux (liberté et égalité), au lieu de s’inscrire dans cette perspective, a pratiquement démoli les piliers que notre culture avait édifiés pour façonner un homme imbu des valeurs du mérite, de l’abnégation et de la dignité. S’il faut, sans aucune forme d’ambiguïté, saluer la culture démocratique des Sénégalais, il reste que l’exigence de lucidité nous commande de jeter un regard critique sur la manière dont la démocratie fonctionne dans notre pays.

On peut donc envisager de changer d’éthique, mais on ne peut nullement se passer d’éthique ; à moins de vouloir renoncer à sa qualité d’homme et à se défaire de sa sociabilité même. L’anticonformisme n’est jamais total, car comme le disait Bergson : « tout désordre est pour un ordre » : Macky SALL aurai suivi une certaine éthique ambiante à l’époque, sa vie ne serait jamais devenue ce qu’elle est. L’abîme n’est donc pas dans le fait de changer d’éthique, c’est plutôt dans le fait de ne pas en avoir du tout. Dans une société sénégalaise rebelle aux progrès qui exigent l’abandon de certaines références rétrogrades, il fallait s’armer de suffisamment de courage et de conviction, parce que sans doute porteur d’un idéal, pour se forger le caractère qui est celui de Macky SALL.

L’acte historique qu’a été la démission de Macky SALL comme Président de l’Assemblée Nationale en 2009 que le PDS a tenté de lui infliger en est une illustration. « Pour rien au monde, je ne me baisserai pour conserver mon poste, vos combines et vos pressions ne me feront déroger à mes principes éthiques » a semblé leur dire celui qui est devenu trois ans après Président de la République. Ce refus systématique de voir son nom être mêlé à de la roublardise institutionnelle et politique est un acte de grandeur que la postérité n’oubliera jamais. Mieux, c’est une formidable leçon d’éthique et déontologie adressée aussi bien à ses collègues Présidents qu’à la classe politique. Les politiciens sénégalais ne s’empressent de mettre leurs principes à contribution que lorsque leur courbure morale et leur forfaiture politique les plongent dans une situation où ils n’auraient dû tomber s’ils étaient nantis d’un peu d’éthique.

Dès que le pouvoir est en jeu, l’éthique devient secondaire chez le politicien si elle n’est pas tout bonnement classée dans le registre des accessoires pour la bonne prestance politique. C’est un monde tellement complexe et parfois rempli d’immondices qu’une personne suffisamment éprise de justice et d’éthique ne peut pas y séjourner longtemps. Seuls ceux qui ne connaissaient pas Macky SALL ou qui méconnaissaient son attachement à l’intégrité morale étaient surpris par cette démission en pleine tourmente politique. Il a bien compris le jeu malsain dans lequel on a voulu le mêler et il eu l’adresse et, surtout le courage presque exceptionnel au regard de sa situation d’alors, de se démettre et de reprendre sa liberté pour mieux circonscrire les limites de sa responsabilité. Si jamais il y a eu dans l’histoire politique sénégalaise un conflit entre ce que le sociologue allemand Max Weber appelle l’éthique de conviction et l’éthique de responsabilité, cela pourrait être cette situation dans laquelle l’amour de son pays et l’incivisme des acteurs politiques avaient installé Macky SALL.

Laquelle des deux a pesé plus que l’autre sur la balance pour lui faire prendre la décision de démissionner ? Difficile de répondre à cette question d’autant que sa conviction morale ou de Président de l’Assemblée nationale suffisait pour légitimer cette démission tout comme l’éthique de responsabilité. Car par éthique de responsabilité on entend le principe de responsabilité qui incombe à l’homme politique dans certaines situations où il doit mesurer les implications et conséquences de ses actes. On sait qu’il arrive à tout décideur de violer ou de sacrifier l’éthique de conviction (conviction morale, valeur ou conviction personnelles) parce que les conséquences qu’implique son choix ou sa décision lui semblent excessives. En tout état de cause il n’y a pas de doute que celui qui fut naguère la troisième personnalité de l’Etat a pris toutes ses responsabilités et les a assumées avec fermeté et circonspection. C’est cela la vraie responsabilité : être apte, au nom de certaines valeurs supérieures, à renoncer à des choses auxquelles sa liberté donne pourtant droit. L’exigence de vie sociale ne s’accommode pas avec l’absence de principes : ce n’est que par égoïsme et par cupidité que l’on se permet de fouler aux pieds ces principes sans lesquels on ne serait pourtant jamais ce qu’on est.

Axée sur le concept de responsabilité, l’éthique s’inscrit dans l’histoire des idées. L’éthique est certes au cœur des spéculations philosophiques depuis l’antiquité, mais elle est avant tout au cœur de la vie sociale et même de la conscience humaine tout court. De la vient la nuance entre l’éthique proprement dite qui est la pratique et la morale qui est la théorie élaborée indépendamment de l’éthique des peuples et des époques qui est toujours relative. Le relativisme moral prôné par certains philosophes tranche nettement avec l’universalité de la morale théorisée par un philosophe comme Kant. Si les deux mots sont synonymes dans le langage ordinaire c’est qu’il y a, pour reprendre la formule de Dante « une éloquence du vulgaire », car toute morale théorique fondamentale est destinée à être pratiquée. La forme de l’impératif catégorique chez Kant « agis de telle sorte que tu puisses vouloir que la maxime de ton action soit érigée en loi universelle » est en réalité le couronnement de toute morale philosophique et de toute éthique sociale ou professionnelle.

Un homme politique qui ne sait pas que la sentence que lui inflige sa propre raison est normalement plus sévère et plus durable (en tant que remords) peut céder facilement à la tentation de la corruption. Mais la particularité d’un homme vertueux comme Macky SALL est justement de redouter davantage la sanction de sa propre rationalité que celle qui pourrait émaner d’une clameur populaire ou même de la justice divine. Être quitte avec sa conscience n’est pas une simple expression : c’est le jugement dernier. Car un homme qui est torturé par le remords dans sa vie ou sur son lit de mort a un conflit avec lui-même : c’est sa propre conscience qu’il a offensée qui se dédouble ou se métamorphose en chagrin ineffable qui le châtie. Mourir tranquille, la tête haute et sans se haïr soi-même est le plus grand pas que l’homme accomplit vers la béatitude céleste.

Abdoulaye KHOUMA
Conseiller Technique
Présidence de la République